Homéopathie: l’avis des autorités sanitaires sur le déremboursement repoussé…

Chargée par le ministère de la Santé d’évaluer le bien-fondé du remboursement de l’homéopathie, la Haute autorité de santé a annoncé qu’elle ne se prononcera pas avant le printemps 2019.

Homéopathie: l’avis des autorités sanitaires sur le déremboursement repoussé

La Haute autorité de santé (HAS), chargée par le ministère de la Santé d’évaluer le bien-fondé du remboursement de l’homéopathie, a annoncé mercredi qu’elle ne rendrait son avis qu’au «printemps», et non en février comme prévu, en raison notamment de l’ampleur du travail d’évaluation à accomplir.

Fin août, le ministère de la Santé avait saisi la HAS pour connaître son avis «quant au bien-fondé des conditions de prise en charge et du remboursement des médicaments homéopathiques», précisant attendre des conclusions «d’ici la fin du mois de février 2019». Cette demande faisait suite à une tribune publiée dans Le Figaro en mars 2017, signée à l’origine par 124 professionnels de santé, qui dénonçaient une pratique «irrationnelle et dangereuse».

Quand ils sont prescrits par un médecin ou une sage-femme, certains produits homéopathiques sont remboursés à hauteur de 30% par l’Assurance maladie. Contrairement à n’importe quel médicament, ils n’ont pas à apporter la preuve de leur efficacité pour prétendre au remboursement. Une différence permise par un régime dérogatoire dont jouissent les produits homéopathiques depuis les années 1960.

Une inefficacité maintes fois démontrée

«Nous faisons au mieux pour aboutir au plus près du délai affiché dans la saisine de la ministre. Nous tablons sur le printemps», a-t-on indiqué à la HAS, confirmant une information du magazine L’Express de mercredi. «C’est un travail immense d’évaluer l’homéopathie et son maintien au remboursement», a fait valoir l’autorité publique indépendante, dont l’avis est consultatif.

«Le service d’évaluation des médicaments essaie de le faire avec la plus grande rigueur et une ouverture la plus grande possible, pour ne pas passer à côté d’éléments qu’on pourrait lui reprocher de ne pas prendre en compte», a-t-elle ajouté, soulignant qu’il existait plus d’un millier de souches de ces granules. Un travail fastidieux, déjà réalisé à maintes reprises par plusieurs institutions de santé publique étrangères.

En 2015, le conseil australien de la santé nationale et de la recherche médicale, après avoir analysé 225 études, avait ainsi abouti à la conclusion qu’il n’existe aucune preuve d’une quelconque efficacité de l’homéopathie. Un an plus tard, la répression des fraudes américaines a exigé des fabricants de produits homéopathiques qu’ils indiquent sur leurs produits que ceux-ci n’ont pas scientifiquement prouvé leur efficacité. En 2017, le National Health Service (NHS) britannique a annoncé le déremboursement des granules en Angleterre, indiquant que l’homéopathie est «au mieux un placebo et un gâchis des fonds limités du NHS». Très récemment, l’Espagne a demandé aux fabricants de produits homéopathiques de prouver leur efficacité avant de revendiquer une indication thérapeutique.

Malgré le poids des preuves existantes, la Haute autorité de santé a indiqué avoir effectué une revue de la littérature scientifique internationale (études scientifiques, avis de sociétés savantes, recommandations d’autorités sanitaires d’autres pays, etc.) et elle s’apprête à lancer «dans les jours qui viennent» un appel à contribution pour recueillir les arguments de toutes les parties prenantes.

Source LE FIGARO.

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