Cosmétiques: C’est fini les étiquettes «sans parabènes» et «sans sulfates»…!

Les allégations « sans », jugées insuffisamment informatives et souvent utilisées comme arguments marketing, sont interdites à compter du lundi 23 août.

Cosmétiques: C'est fini les étiquettes «sans parabènes» et «sans sulfates»

  • Une réglementation européenne entrée en vigueur ce lundi interdit aux marques d’apposer l’allégation « sans » sur l’emballage de leurs produits cosmétiques.
  • Ces dernières années, les mentions « sans phtalates », « sans parabènes » ou encore « sans sulfates » étaient devenues de véritables arguments de vente.
  • Une publicité basée sur les substances qui ne sont pas contenues dans le produit, et non sur les éléments qui entrent effectivement dans sa composition.

Le temps où l’on choisissait un shampoing seulement parce qu’il sentait bon ou que l’on achetait une crème hydratante dont la pub télé nous donnait l’envie de dégainer le porte-monnaie est révolu. Désormais, les consommateurs sont plus avisés et vigilants sur la composition de leurs cosmétiques, du gel douche aux crèmes hydratantes en passant par le maquillage. Pour les séduire, les marques sont donc nombreuses à vanter les mérites de leur gamme « sans », censées offrir une formulation plus saine. Mais sans l’être pour autant. Alors, à compter de ce lundi, les packagings des cosmétiques doivent se refaire une beauté. Oubliées les promesses des produits vendus comme étant « hypoallergéniques » et « sans » phtalates, sulfates, parabènes, conservateurs et autres substances qui font de plus en plus peur aux consommateurs, conformément aux dispositions d’une nouvelle réglementation européenne sur les allégations cosmétiques qui entre en vigueur ce 1er juillet.

« Pour le consommateur, c’est plus de clarté »

A défaut de pouvoir miser sur l’absence de ces substances dans la formulation de leurs produits, les marques de cosmétiques doivent, à partir de maintenant, miser sur davantage de transparence et adopter un marketing plus positif, qui ne jouera non plus sur les peurs des clients, mais sur les réels bienfaits apportés par les produits qu’ils vendent. Pour la Fédération des Entreprises de la Beauté (Febea), syndicat professionnel qui rassemble plus de 350 entreprises du monde de la beauté, cette évolution de la réglementation européenne va dans le sens d’une meilleure information des consommateurs. Elle leur permet en effet de savoir ce qu’il y a dans le produit cosmétique qu’ils achètent et non pas ce qu’on y a enlevé. « Pour le consommateur, le bénéfice concret, c’est plus de clarté sur les produits, sur les preuves qui sont apportées par les départements R & D des marques cosmétiques et sur les tests consommateurs qui sont menés », explique Anne Dux, directrice des affaires scientifiques et réglementaires de la Febea.

« Ces allégations « sans » ne sont pas forcément un gage de qualité, observe Justine Berteau, ingénieure cosmétique à l’Institut national de la consommation, qui réalise des études comparatives pour le magazine 60 Millions de consommateurs. On retrouve même des ingrédients de substitution bien plus toxiques. Par exemple, des cosmétiques vendues comme étant « sans parabènes » contiennent parfois du méthylisothiazolinone, ou MIT, un conservateur beaucoup plus toxique. »

La fin de ces allégations « sans » « vont dans le sens de ce que l’on dénonce depuis un certain temps, se réjouit pour sa part Gaëlle Landry, de l’UFC-Que choisir. Ces allégations ne sont pas informatives. Pire, elles peuvent même être trompeuses. Par exemple, lorsque vous lisez sur un paquet de lingettes pour bébé qu’elles sont sans alcool, vous vous direz que c’est plus sûr. Or, cette substance n’entre jamais dans leur composition. On ne risque donc pas de trouver de l’alcool dans des lingettes pour bébé. Cette mention est inutile. »

Une composition identique et des allégations plus strictement encadrées

Mais alors, si l’on ne peut plus vanter les mérites d’une crème hydratante visage « sans parabènes » ou d’un gel douche « sans phtalates », cela veut-il dire que, désormais, ces produits pourront en contenir ? Que les consommateurs inquiets se rassurent, ce n’est pas le cas. Les produits « sans » vont simplement devoir changer leur étiquette en retirant les allégations qui n’apportent pas de réel bienfait pour le consommateur. Leur composition, elle, restera strictement la même.

Certaines allégations « sans » resteront toutefois autorisées, à condition d’apporter un bénéfice concret pour le consommateur. « Ce sont par exemple les mentions vraiment utiles à des populations spécifiques, comme « sans alcool » pour les bains de bouche destinés à toute la famille, « sans ingrédients d’origine animale » dans les produits destinés aux personnes véganes ou « sans huiles essentielles » pour des produits destinés aux femmes enceintes », précise la Febea. La mention « hypoallergénique », elle, disparaîtra aussi de bon nombre d’emballages, et sera accordée beaucoup plus strictement. Mais « globalement, elle est peu utilisée de manière trompeuse, observe Gaëlle Landry. Le plus souvent, elle est employée pour des produits cosmétiques sans parfums, et ce sont les parfums qui sont les substances les plus allergènes dans les cosmétiques. »

Mais sans les « sans », comment les consommateurs vont-ils s’y retrouver pour choisir les cosmétiques les plus sains ? « C’est vrai que ces allégations sont un repère pour les consommateurs, même si ce n’est pas forcément un bon réflexe », souligne Gaëlle Landry. Pour aider le public à décrypter les étiquettes parfois obscures avec des listes d’ingrédients aux noms barbares, des applis ont récemment fleuri. Des outils qui permettent à ceux qui le souhaitent d’éviter des cosmétiques comportant certaines substances jugées toxiques ou à effet perturbateur endocrinien. « Avec notre appli QuelCosmetic de l’UFC-Que Choisir, nous épinglons une quinzaine de familles de substances que l’on juge problématiques pour la santé, indique Gaëlle Landry. Ces applis sont là pour donner un repère sur la sécurité de la composition des produits, il ne faut pas s’en priver ! »

Source 20 MINUTES.

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