Vrai ou faux : 7 idées reçues sur les masques passées au crible…

Il est l’accessoire indispensable de l’année 2020 : le masque.

Recommandé par la communauté scientifique et obligatoire depuis le lundi 20 juillet dans les lieux publics clos (sous peine d’une amende de 135 euros), le masque fait l’objet de critiques voire de fantasmes, en particulier sur les réseaux sociaux.

Devenu obligatoire, le masque est aussi source de fantasmes, d’inquiétudes et de fake news

« Superflu », « inefficace » voire « dangereux ». Les critiques autour du port du masque font florès, en particulier sur Facebook et Twitter. Des comptes qui ont parfois plusieurs dizaines de milliers d’abonnés s’insurgent contre l’utilisation de cet outil, dont le port est pourtant vivement encouragé par les professionnels de santé pour lutter contre la propagation du coronavirus. Plus généralement, au quotidien, des interrogations sur un port en bonne et due forme du masque demeurent. Décryptage de sept idées reçues avec Pierre Parneix, médecin hygiéniste au CHU de Bordeaux.

1 – Porter un masque, c’est risquer une intoxication au dioxyde de carbone

Certains détracteurs de l’usage du masque invoquent sa dangerosité. Notamment un risque d’hypoxie en cas d’utilisation prolongée, c’est-à-dire de manque d’apport en oxygène. Cela provoquerait selon eux une intoxication au dioxyde de carbone.

FAUX, répond Pierre Parneix. « Une récente étude a été faite sur les masques les plus étanches, les FFP2. On faisait faire à des gens de l’exercice d’intensité moyenne à soutenue pendant plus d’une heure. Les chercheurs ont mesuré les niveaux d’oxygène et de CO2 dans le sang et il n’y avait eu aucune modification », indique-t-il. « Certes, on peut accumuler un peu plus de dioxyde de carbone à l’intérieur du masque qu’à l’extérieur, pour autant, il n’est pas démontré que cela entraînerait une hypercapnie – une augmentation du volume de CO2 dans le sang – chez les individus masqués. »

Sur Twitter, une publication sur le sujet est devenue virale. Le post du @DrZeroCraic voulant démontrer que le port du masque n’entraînait aucune conséquence sur le taux d’oxygène a comptabilisé plus de 500 000 vues en trois jours. Dans cette vidéo, le médecin originaire de Dublin superpose successivement 6 masques chirurgicaux sur son visage… Sans que la saturation en oxygène n’évolue.

2 – Porter un masque protège assez pour éviter la distanciation physique

VRAI MAIS à plusieurs conditions. « Si deux personnes physiquement proches portent un masque, le risque de contamination est effectivement extrêmement faible« , pose le médecin hygiéniste. Encore faut-il que chacun porte le masque correctement, c‘est-à-dire qu’il couvre à la fois le nez et la bouche.

Mais Pierre Parneix précise : « Il ne faut pas s’habituer à perdre la distanciation. Forcément, dans les lieux clos comme au supermarché, il y a aura un moment où le mètre de distance ne sera pas possible à tenir, d’où la nécessité de porter un masque. Mais si on oublie les distances de sécurité, à l’extérieur, où le masque n’est pas souvent porté, cela va créer de mauvaises habitudes dans la vie quotidienne, ce qui va finir par créer du risque. »

3 – Les masques sont inutiles parce que les virus sont plus petits que les mailles

FAUX – En l’occurrence, ce n’est pas la taille du virus qui compte mais celle des particules ; le virus en lui-même ne peut pas passer. « Certes, le virus est très petit mais il ne se promène pas tout seul !« , tient à préciser le médecin.

Le virus est véhiculé par des particules plus ou moins grosses. Les particules émises par la toux ou la parole sont majoritairement de grande taille : « Ces particules de plus de 5 microns vont totalement être arrêtées par les mailles du masque, testé pour faire barrière à des particules de 3 microns« , indique Pierre Parneix. « On émet aussi parfois des petites particules, d’un micron voire moins, qui seront en parties stoppées par les masques car elles ne foncent pas en ligne droite directement dans celui-ci. Elles peuvent se coller à des fibres de façon aléatoire. »

4 – Porter un masque en toutes circonstances est inutile

VRAI – Par exemple, lorsqu’on fait du sport. « Forcément, on a moins d’aisance respiratoire quand on court avec un masque car ce dernier fait obstacle à l’air qu’on inhale. Or, quand on fait un effort sportif, on a besoin de plus d’air, surtout si on est un sportif occasionnel« , indique le médecin. L’Organisation mondiale de la santé émet la même recommandation, soulignant que la transpiration peut entraîner une humidification plus rapide du masque rendant à la fois la respiration plus difficile et favorisant la croissance des micro-organismes.

« Au-delà du désagrément, il n’y a pas d’intérêt à porter un masque pendant qu’on fait un jogging », ajoute Pierre Parneix. « Il suffit de ne pas tousser sur les autres et de se tenir éloignés. »

5 – Les masques chirurgicaux n’empêchent pas de contaminer les autres

FAUX – C’est le rempart au virus le plus efficace trouvé jusqu’ici quand on est soi-même positif au Covid. « C’est l’idée principale pour justifier le port du masque. Quand je le mets, si je suis contaminé, le masque va arrêter l’émission ou en tous cas la limiter très fortement. Donc c’est une réalité : si je porte un masque, je protège vraiment les autres. »

À l’inverse, si je suis masqué et que j’interagis avec une autre personne porteuse du virus, je suis davantage protégé. C’est ce que démontre une étude publiée en juin dans la revue scientifique The Lancet. Une équipe de chercheurs canadiens diligentée par l’OMS a conclu que le port du masque réduit la probabilité d’être contaminé par le coronavirus de 85% en cas de rencontre avec une personne infectée.

6 – On peut congeler son masque pour le rendre plus efficace

FAUX – Une telle idée est doublement délétère. D’une part, congeler un masque déjà utilisé n’a aucune utilité pour tuer le virus. « Congeler des micro-organismes, c’est les faire hiberner. Dès qu’on les décongèle, ils retrouvent leur capacité à être virulents« , indique l’hygiéniste.

D’autre part, congeler un masque tout court ne fera que le dégrader, puisque « ça va détériorer à la fois les fibres et les élastiques ».

7 – Il faut jeter son masque en tissu après 10 lavages

VRAI ET FAUX – Tout dépend du masque en tissu et de son état car tous ne se valent pas. Il y a d’abord ceux achetés dans le commerce. « S’ils sont labellisés aux normes Afnor, ils ont été testés. Il sera indiqué que ces masques peuvent subir au moins 10, 20, 30 lavages et repassages. »

Mais si le masque est fait maison, Pierre Parneix recommande de se baser sur les critères plus pragmatiques, de bon sens : « Il faut s’assurer que le textile ne soit pas altéré, que les élastiques restent suffisamment performants pour bien couvrir le visage, qu’ils ne soient pas trop lâches ou abîmés. Globalement, 10 lavages c’est le minimum mais c’est l’état du masque qui va déterminer s’il faut le jeter ou non. » Le médecin du CHU de Bordeaux précise que 30 lavages est un maximum.

Les agences régionales de santé préconisent de laver les masques pendant au moins 30 minutes à 60 degrés ou plus.

Source FRANCE INTER.

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