Une pilule diurétique comme traitement contre la maladie d’Alzheimer ?…

Une recherche financée par un organisme sanitaire américain révèle que le bumétanide, un diurétique bien connu, s’avère être un candidat médicament potentiel pour essai clinique chez les personnes présentant un risque génétique de maladie d’Alzheimer. 

Une pilule diurétique comme traitement contre la maladie d'Alzheimer ?

 

Utilisé pour traiter l’insuffisance cardiaque et l’hypertension artérielle, le diurétique(classe de médicaments qui aide l’organisme à éliminer davantage d’eau et de sel qu’en temps normal) bumétanide intéresse la communauté scientifique pour d’autres utilités, notamment le traitement de l’autisme. Cette fois, des chercheurs se sont intéressés à son possible effet bénéfique pour le traitement de la maladie d’Alzheimer chez les personnes présentant un risque génétique. Selon les résultats d’une étude publiée dans Nature Aging, les personnes qui prenaient du bumétanide avaient une prévalence significativement plus faible de maladie d’Alzheimer par rapport à celles qui ne prenaient pas le médicament.

Les chercheurs, membres du National Institute on Aging (NIA), s’intéressaient à une approche de médecine de précision pour les personnes les plus à risque de présenter la maladie en raison de leur génétique. A savoir celles dont le gène APOE se présente sous la forme (ou allèle) E4 : les personnes porteuses de l’allèle E4 de ce gène présentent un risque accru de développer la maladie d’Alzheimer. Ces derniers ont procédé en analysant les informations contenues dans des bases de données d’échantillons de tissus cérébraux et de médicaments approuvés par la Food and Drug Administration (FDA, Agence américaine du médicament) des États-Unis, afin de déterminer la molécule déjà existante au potentiel le plus prometteur.

Un risque de maladie d’Alzheimer réduit jusqu’à 75%

« Bien que des tests et des essais cliniques supplémentaires soient nécessaires, cette recherche souligne la valeur des tactiques basées sur les mégadonnées, combinées à des approches scientifiques plus traditionnelles, pour identifier les médicaments existants en tant que candidats pour une réutilisation afin de traiter la maladie d’Alzheimer », explique le directeur du NIA, Richard J. Hodes. Après avoir déterminé que le candidat médicament le plus engageant était le bumétanide, les chercheurs ont validé leurs découvertes en le testant sur des souris exprimant ce fameux gène APOE4 humain et ont découvert que le traitement a permis de réduire les déficits d’apprentissage et de mémoire.

Les effets bénéfiques ont également été confirmés sur des cellules humaines, ce qui a conduit à émettre l’hypothèse que les personnes prenant déjà du bumétanide devraient avoir un risque plus faible de maladie d’Alzheimer. Pour la confirmer, l’équipe scientifique a analysé les dossiers de santé électroniques de 5 millions de personnes âgées de plus de 65 ans réparties en deux groupes : celles ayant pris du bumétanide et un groupe correspondant n’en ayant pas pris. Les résultats ont montré que celles qui présentaient un risque génétique et prenaient du bumétanide avaient une prévalence de maladie d’Alzheimer inférieure d’environ 35 à 75 % par rapport à celle des personnes qui ne prenaient pas le médicament.

« Nous savons que la maladie d’Alzheimer nécessitera probablement des types de traitements spécifiques, peut-être plusieurs thérapies, y compris certaines qui peuvent cibler les caractéristiques génétiques et pathologiques uniques d’un individu, un peu comme les traitements contre le cancer disponibles aujourd’hui. », ajoute l’équipe scientifique. « Les données de cette étude plaident en faveur d’un essai de validation du concept du bumétanide chez les personnes présentant un risque génétique. », conclut-elle. A noter que selon la Fondation Recherche Alzheimer, 9,7 millions de personnes souffrent actuellement de démence en Europe, la maladie d’Alzheimer représentant environ 70% de ces cas.

Source SANTE MAGAZINE.

 

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