Une association recycle les savons des hôtels pour les plus démunis, sur la Côte d’Azur sept enseignes sont concernées…

Depuis 2018, Pauline Grumel s’est lancée comme objectif de recycler les savons des hôtels pour les distribuer aux plus démunis.

Elle a donc créé l’association Unisoap. Sur la Côte d’Azur, sept hôtels sont pour l’instant partenaires de cette initiative écologique et sociale.

Unisoap recycle les savons usagés des hôtels et les distribue aux associations qui aident les plus démunis. Les salariés sont également des travailleurs handicapés pour favoriser l'inclusion sociale.

 

Que deviennent les savons que nous utilisons à l’hôtel, parfois juste le temps d’une douche ? Avant, ils étaient jetés, mais maintenant ils peuvent être recyclés.

C’est en tout cas le défi de Pauline Grumel et de son équipe, depuis 2017, elle a créé Unisoap pour lutter contre ce gaspillage. « On estime aujourd’hui qu’environ 51 millions de savons sont jetés chaque année par les hôtels en France » explique-t-elle, avant d’ajouter :

il y a 3 millions de personnes qui n’ont pas les moyens de s’acheter des produits d’hygiène de base dans notre pays,

Pauline Grumel, fondatrice d’Unisoap

Unisoap distribue les savons recyclés à des associations comme ici aux restos du cœur.

La solution était donc là : les recycler pour leur donner une seconde vie, puis les distribuer.

C’est la première entreprise française à proposer cette option. « Dans certains pays anglo-saxons et en Suisse cette initiative existait déjà » précise la fondatrice.

Unisoap a également fait appel à des jeunes travailleurs handicapés, au sein d’un Etablissement ou Service d’Aide par le Travail (ESAT) pour recycler les savons.

Cette inclusion sociale donne encore plus de sens à ce projet,

confie Pauline Grumel

Sept hôtels de la Côte d’Azur font recycler leurs savons au sein d’Unisoap

C’est notamment le cas du Byblos à Saint-Tropez, depuis maintenant deux ans. « Il y avait une dynamique environnementale, humaine et sociale, le groupe a tout de suite adhéré au projet d’Unisoap », témoigne un porte-parole de l’hôtel avec enthousiasme. Des dizaines de cartons sont récupérés à la fin de chaque saison (aux environs d’octobre) par l’association. En amont, après le passage des clients, les femmes de chambre collectent les savons dans des cartons et les stockent jusqu’au ramassage.

Les savons qui ont un défaut de fabrication et qu’on ne pouvait pas proposer aux clients sont également donnés à Unisoap,

un porte-parole de l’hôtel le Byblos à Saint-Tropez.

Dans chaque hôtel partenaire, ce sont les femmes de chambre qui sont chargées de récolter les savons avant de les stocker pour Unisoap.

Au Byblos, cette pratique est maintenant intégrée par toutes les équipes, « c’est rentrer dans les moeurs » confirme l’hôtel. Tous les savons sont donc recyclés, sans aucune exception, même ceux utilisés par le personnel. Des cuisines aux chambres, tous connaissent maintenant une seconde jeunesse.

Même constat pour l’hôtel Martinez de Cannes, qui a rejoint l’aventure Unisoap en mai 2019. Les savons sont stockés dans des cartons pouvant accueillir 10 à 15 kilogrammes de produits.

« Pour les chambres, nous donnions déjà les flacons de produits d’hygiène entamés au Samu Social mais pas les savons entamés. C’est primordial d’opter pour le recyclage lorsque cela est possible », affirme l’établissement.

Engagé dans une gestion hôtelière durable, l’hôtel Martinez a reçu en 2020 le statut « Platinium » par Green Globe, un organisme international qui récompense les initiatives en faveur du développement durable et solidaire dans le tourisme.

Nous avons calculé qu’un client ouvre en moyenne une savonnette par nuit et par chambre. Sur les mois de forte activité, nous pouvions jeter jusqu’à 4 kg de savonnettes entamées par jour.

Carole Dubusse, responsable hygiène et bien-être de l’hôtel Martinez de Cannes.

Les hôtels qui participent à ce projet en région Provence-Alpes-Côte d’Azur sont pour l’heure au nombre de 7.

Mais comment peut-on recycler des savons ?

« Il y a le secret de fabrication », rétorque Pauline Grumel avec malice. Néanmoins, elle nous assure : « tous les savons sont soumis aux règles d’hygiène de n’importe quel savon commercialisé, il n’y a aucun risque. »

Les savons récoltés sont ensuite désinfectés, "broyés" et "recompactés" par les machines élaborées par Unisoap.

Les savonnettes sont passées au peigne fin:  classées par marques pour éviter les mélanges d’odeur, aplaties, désinfectées et compactées à nouveau.

Avec l’aide d’un ingénieur et d’un biologiste, les machines de Pauline décontaminent et transforment ces savons avant leur distribution : ils ressortent donc tout beau et tout propre !

J’avais besoin de donner plus de sens à mon travail au bout d’un moment. Et voilà, je suis très heureuse aujourd’hui de pouvoir mettre mes compétences au service d’une association qui a des valeurs que je partage

Pauline Grumel

L’association travaille aujourd’hui avec plus de 130 hôtels dans toute la France. « Avant on devait démarcher pour se faire connaître maintenant certains établissements nous contactent directement », ajoute la fondatrice ravie.

6 tonnes de savons usagés

En 2 ans, à travers la France, Unisoap a récolté plus de 6 tonnes de savons usagés. Mais il reste encore beaucoup à faire, notamment dans la région PACA.

Son parc hôtelier est un des plus fournis en France. On compte à ce jour, 72.675 chambres réparties dans 2.094 hôtels de tourisme, selon la Chambre de Commerce et de l’Industrie Provence-Alpes-Côte-d’Azur.

En 2018, la région recensait 11 millions de touristes et 70 millions de nuitées dans les hôtels.

Ce qui fait encore beaucoup de savons gaspillés…

Source FR3.

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