Un aide-soignant d’un Ehpad jugé pour avoir violenté une nonagénaire…

Soupçonnant des maltraitances, la famille d’une vieille dame de 98 ans pensionnaire d’une maison de retraite à Arcueil a installé au début du mois de février une caméra qui a filmé des images accablantes.

Un aide-soignant d'un Ehpad jugé pour avoir violenté une nonagénaire

Des insultes: «Ferme ta gu****, vieille s*****, fais ch***». Des violences: une vieille dame giflée, agrippée par les cheveux, jetée sur son lit. L’affaire jugée ce vendredi après-midi au tribunal correctionnel de Créteil est particulièrement choquante. Un aide-soignant de 57 ans comparaît devant la justice pour avoir injurié et frappé, pendant les nuits des 5 et 7 février, une femme de 98 ans, pensionnaire de la maison de retraite dans laquelle il travaillait. Ce père de famille jusqu’ici sans histoire risque 5 ans de prison et 75.000 euros d’amende.

En novembre 2016, Louise*, alors âgée de 96 ans, intègre l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) «La Maison du grand Cèdre», situé avenue Paul Vaillant-Couturier, à Arcueil (Val-de-Marne). Dans sa plaquette de présentation, la maison de retraite de 85 places gérée par le groupe Adef Résidences vante son action centrée sur «la qualité d’accompagnement des personnes âgées» et «leur bien-être au quotidien».

Pourtant, le temps passant, les proches de Louise commencent à s’inquiéter. La veuve présente des hématomes au visage et assure être maltraitée. La direction de la maison de retraite balaie ces craintes. «Il n’y a pas eu suffisamment de crédit accordé à la parole de la résidente et de sa famille», concède Me Yves Claisse, l’avocat d’Adef Résidences, qui assure que le médecin traitant de Louise n’avait pas non plus décelé de signaux laissant penser à une maltraitance, et que les ecchymoses sont courantes chez les personnes souffrant d’Alzheimer.

Le prévenu placé en détention provisoire

La famille décide alors de placer clandestinement une caméra de surveillance dans la chambre de Louise. Le 8 février, les équipes du matin de l’Ehpad retrouvent la vieille dame avec une jambe cassée, sans pourtant qu’aucun incident n’ait été signalé pendant la nuit. Louise est hospitalisée. Des questionnements voient le jour en interne, tandis que la famille de la vieille dame découvre, en visionnant les images de la caméra, que la nonagénaire est tombée de son lit, a appelé au secours en vain pendant une heure et a ensuite été violentée.

Dans la foulée, une plainte est déposée par la famille et l’établissement met à pied le salarié soupçonné d’être l’auteur de ces violences. «C’était un homme qui travaillait dans la maison depuis neuf ans, très apprécié de ses collègues, de sa hiérarchie et des familles des résidents. Cette agression est incompréhensible», déclare Me Claisse. Aujourd’hui, le quinquagénaire fait toujours partie des effectifs de l’entreprise: étant délégué syndical et représentant du personnel, son licenciement est soumis à l’autorisation de l’inspecteur du travail.

«Rien ne justifie une agression aussi sauvage dans un lieu qui devrait être un sanctuaire.»

Me Yves Claisse

Parallèlement, l’homme est placé en garde à vue le mercredi 13 février. Il commence par nier, avant de passer aux aveux lorsque la police lui montre les vidéos. Son procès, initialement prévu le vendredi 15 février, est renvoyé à la demande de son avocat. Le quinquagénaire est placé en détention provisoire dans l’attente de l’audience. Poursuivi pour «violences ayant entraîné plus de huit jours d’ITT sur personne dont la particulière vulnérabilité due à son âge est connue de leur auteur», il encourt 5 ans de prison et 75.000 euros d’amende.

Face à lui ce vendredi, côté parties civiles, la famille de la victime – dont le conseil n’a pas répondu aux sollicitations du Figaro – ainsi que le groupe Adef Résidences. «L’idée n’est pas de se présenter comme une victime, même si les agissements de ce monsieur ont clairement porté atteinte à l’image de l’entreprise», précise Me Claisse. «Nous voulons faire passer le message que rien ne justifie une agression aussi sauvage dans un lieu qui devrait être un sanctuaire. Et rappeler que les salariés ne sont pas tous des agresseurs.»

* Le prénom a été modifié

Source LE FIGARO.

Pour marque-pages : Permaliens.