Toulouse : 2 mois de prison avec sursis et 1 an d’interdiction de manifester pour une militante gilet jaune en fauteuil… Vidéo…

Odile Maurin, figure du mouvement des gilets jaunes, était jugée ce vendredi à Toulouse.

Elle était accusée d’avoir foncé sur des policiers avec son fauteuil roulant.

Elle a été condamnée à 2 mois de prison avec sursis et à l’interdiction de manifester pendant un an dans le département.

Toulouse : 2 mois de prison avec sursis et 1 an d'interdiction de manifester pour une militante gilet jaune en fauteuil. © ED / FTV

C’est un procès étonnant qui s’est tenu, ce vendredi 6 décembre, au tribunal correctionnel de Toulouse. Odile Maurin, fervente militante handicapée était jugée pour violences volontaires sur un policier avec une arme de destination inhabituelle… son fauteuil roulant.

La défenseuse des droits des handicapés, et mascotte locale du mouvement des gilets jaunes, était accusée d’avoir délibérément foncé sur les policiers avec son fauteuil roulant motorisé lors de la manifestation du 30 mars dernier, pour l’acte XX.

Le tribunal l’a jugé coupable de ces violences et l’a condamné à deux mois de prison avec sursis et à un an d’interdiction de manifester. Son avocat, Me Pascal Nakache, a d’ores et déjà annoncé que sa cliente ferait appel. 

Rassemblement de soutien devant le palais de justice

« Je vais rentrer armée dans le palais de justice ! », avait-elle plaisanté à son arrivée devant le palais de justice, entourée de ses soutiens, une soixantaine de personnes, dont au moins huit personnes en fauteuils roulants. Tous n’ont pas pu rentrer dans la salle d’audience. Le procès, reporté à plusieurs reprises en mai puis en octobre, était très attendu.

Une foule compacte s'est retrouvée devant le palais de justice de Toulouse ce vendredi en soutien à Odile Maurin / © ED / FTV

Elle était également accusée d’outrage aux forces de l’ordre suite à cette altercation, et d’avoir incité à porter atteinte à l’intégrité physique d’une commissaire en affichant sa photo sur ses réseaux sociaux, la désignant comme « la gazeuse en chef ». Pour ces faits, elle a été jugée non coupable.

« Je ne supporte pas qu’on m’empêche de manifester. »
Odile Maurin

Un quatrième chef d’inculpation, pour lequel elle a également été jugée non coupable, l’accusait d’entrave à la circulation d’un véhicule de secours pour s’être positionnée devant le canon à eau utilisé par les CRS pour le maintien de l’ordre. Le parquet estimait qu’elle l’a empêché « de poursuivre son action en vue de stopper un incendie ». Odile, elle, a raconté qu’elle a subi des jets de gaz lacrymogènes alors qu’elle « manifestait pacifiquement », ce pourquoi elle s’est mis devant le véhicule. « Je ne supporte pas qu’on m’empêche de manifester », a-t-elle justifié.

L’avocat d’Odile Maurin plaide la relaxe

Odile Maurin a réfuté les accusations dont elle faisait l’objet. Si la militante a reconnu la chute d’un policier lors de son face-à-face avec les forces de l’ordre, ce jour-là, elle prétexte une mauvaise manipulation d’un CRS. Celui-ci aurait « actionné le joystick du fauteuil, faisant accélérer et dévier brutalement le fauteuil, qui a fini sa course dans un véhicule de police faisant tomber au passage un policier », a affirmé son avocat, Me Pascal Nakache.

« C’est donc la manœuvre d’un policier qui a entraîné la chute de son collègue« , a ajouté Odile, qui a soumis à la cour une vidéo qui soutient sa thèse. Parmi les huit personnes présentes devant la cour ce vendredi pour témoigner en sa faveur, deux ont vu la scène, et plusieurs sont venus parler de sa personnalité « non violente ». Parmi elles, le député de Haute-Garonne, ex-LREM, Sébastien Nadot, ou encore un membre du CESER (conseil économique, social et environnemental régional).

Son avocat, qui juge ces poursuites « scandaleuses et ridicules », a plaidé la relaxe, sans succès.

Les infractions ne sont pas constituées, pour certaines les éléments n’existent même pas… on est dans une espèce d’acrobatie juridique dont la volonté, difficile à cacher, est d’intimider Odile Maurin et de la faire taire.
Pascal Nakache, avocat d’Odile Maurin

Odile Maurin ajoute qu’elle avait, pour sa part, déposé plainte contre la police en avril suit à cette altercation, après avoir souffert de cinq fractures du pied et d’une trentaine de bleus sur tout le corps. « Ma plainte n’a toujours pas été instruite », a-t-elle révélé.

10 euros d’amende pendant 120 jours requis

L’avocate du policier toulousain blessé avait demandé 1000 euros de préjudice moral pour son client. Mais celui-ci était resté flou sur la chronologie des évènements lors de l’audience, arguant que les faits « remontent ». Deux témoignages de femmes, qui ont vu la scène depuis leur balcon, plaidaient en faveur des policiers. Mais celles-ci n’étaient pas présentes à l’audience. Le policier n’a par ailleurs pas fourni de constat médico-légal concernant sa blessure.

Le procureur, Guillaume Renoux, a dénoncé quant à lui la tournure prise par ce procès, « transformé en tribune politique », selon lui, par la défense. Il a estimé que la prévenue n’avait pas obéi aux forces de l’ordre, n’avait pas respecté la loi, et donc devait être punie. Il a requis 120 jours d’amende à 10 euros par jour et une interdiction de manifester pendant 2 ans en Haute-Garonne. 

Connue comme le loup blanc

Odile Maurin est par ailleurs très connue pour sa pugnacité, notamment dans ses combats pour l’accessibilité des handicapés à travers son association Handi-Social. Ses faits d’arme ; le blocage d’un TGV dans la gare Matabiau en octobre 2018 ou encore son irruption sur les pistes de l’aéroport Toulouse-Blagnac en décembre de la même année. Des faits pour lesquels elle sera jugée, aux côtés d’autres militants, le 24 mars 2020.

Source FR3.

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