Téléthon: «Les applications ne s’arrêtent pas aux maladies rares»…

Maladies cardio-vasculaires et neurodégénératives, épilepsie ou cancers pourraient, dans un futur proche, bénéficier des traitements mis au point par les équipes financées par le Téléthon.

Téléthon: «Les applications ne s’arrêtent pas aux maladies rares»

«En 1986, nous ne connaissions qu’un seul gène impliqué dans une seule maladie neuromusculaire, la myopathie de Duchenne, se rappelle Serge Braun, directeur scientifique de l’association AFM-Téléthon. Désormais, nous connaissons plus de la moitié des gènes responsables des 8000 maladies rares et les trois-quarts des gènes à l’origine des 300 maladies neuromusculaires, la cible initiale du Téléthon.»

Alors qu’il souffle ce week-end ses trente bougies, le Téléthon peut s’enorgueillir d’avoir porté un bon nombre d’avancées scientifiques majeures. Après avoir récolté, dès son lancement sur Antenne 2 en 1987, la somme de 181 millions de francs (27,6 millions d’euros), l’association s‘est lancée en 1990 dans un défi encore jamais relevé à l’époque: le décryptage du génome humain. «C’est ce qui a amené à la création du Généthon, une sorte d’usine à traquer les gènes», explique Serge Braun. Deux ans plus tard, les équipes du Téléthon rendent libres d’accès les premières cartes (incomplètes) du génome humain. Ces travaux, salués par les scientifiques du monde entier, ont initié le séquençage total, qui s’est achevé en 2003.

Les «bébés-bulles»

Mais la connaissance des gènes n’était qu’une étape préliminaire à l’objectif principal: guérir, traiter, ou, du moins, ralentir les maladies génétiques. Les chercheurs ont ensuite mis au point une technique lourde, complexe, qui, «au départ, n’intéressait pas les laboratoires», détaille M. Braun. L’efficacité de cette technique, la thérapie génique, a été démontrée pour la première fois en 1999. Les équipes d’Alain Fischer et de Marina Cavazzana, en collaboration avec des équipes britanniques, avaient alors mené un essai sur 19 «bébés bulle», des enfants atteints d’un Déficit immunitaire combiné sévère (DICS).

Pour des raisons génétiques, ces enfants ne produisent pas certaines cellules qui entrent en jeu dans la défense immunitaire de l’organisme (les lymphocytes T). Or, sans elles, impossible de combattre bactéries, virus et champignons, si bien que l’espérance de vie est très limitée. La thérapie génique consiste à injecter de l’ADN reprogrammé pour permettre la production de ces cellules. Malgré la survenue de plusieurs cas de leucémies chez les 19 patients inclus, les effets thérapeutiques du traitement persistent: sur les 9 enfants traités en France il y a plus de dix ans, 8 sont vivants, à domicile, et suivent une scolarité normale.

Depuis 1999, la thérapie génique a permis de traiter plusieurs centaines d’enfants dans le monde pour diverses maladies immunitaires d’origine génétique, «avec une efficacité de l’ordre de 90%», selon Serge Braun. Elle fait aujourd’hui l’objet de plus de 600 essais dans le monde pour des maladies rares du système immunitaire, de la vision, du sang, du cerveau. La thérapie génique pourrait aussi aider à lutter contre certaines cécités.

Multiples applications

Les chercheurs du Téléthon ont également fait avancer la thérapie cellulaire – destinée à régénérer l’organe malade avec des cellules particulières, comme les cellules-souches -, en l’appliquant à des maladies rares mais également à des pathologies plus courantes, comme les travaux du Pr Philippe Menasché de l’hôpital Georges Pompidou pour réparer le cœur après un infarctus.

D’autres maladies pourraient à l’avenir profiter des découvertes réalisées grâce au Téléthon: les chercheurs pensent notamment aux maladies neurodégénératives, à l’épilepsie ou au traitement des grands brûlés. Un essai de transfert de gène dans le cerveau de malades atteints de Parkinson est en cours pour restaurer la production de dopamine qui leur fait défaut.

Les recherches menées sur la progéria, une maladie extrêmement rare (deux personnes touchées en France), marquée par un vieillissement accéléré dès l’enfance, pourraient de leur côté fournir des informations précieuses sur le vieillissement normal. «La progéria est due à l’accumulation d’une protéine toxique dans le cerveau, explique Serge Braun. Or on retrouve cette protéine chez les plus de 50 ans, ce qui signifie qu’elle pourrait être impliquée dans l’un des mécanismes du vieillissement. Ce phénomène se retrouve également chez les patients traités par chimiothérapie. Toutes les recherches réalisées au cours de ces trente années peuvent être mises à profit pour d’autres maladies.»

Source LE FIGARO.

Pour marque-pages : Permaliens.