Suspicion d’agressions en Ehpad : le recrutement en question…

14 signalements pour des faits d’agressions sexuelles et harcèlement sexuel entre 2013 et 2019, cinq Ehpad concernés dans un rayon de 25 km autour de Belfort.

Un aide-soignant mis en cause. Et une question en ligne de mire : celle du recrutement.

Le fonctionnement des Ehpad et le recrutement des personnels posent aujourd’hui question.  Photo d’illustration ER /Lionel VADAM

Depuis juin, les enquêteurs de la police judiciaire de Besançon ont reçu 14 signalements de huit personnels soignants et six résidents pour des cas présumés de harcèlement sexuel et d’agressions sexuelles. Des faits qui seraient survenus entre 2013 et 2019 dans cinq Ehpad francs-comtois répartis dans un rayon limité de 25 km autour de Belfort, lieu de résidence du suspect, un aide-soignant de 60 ans, mis en examen et écroué.

Comment, sur un si petit secteur, un soignant a-t-il pu continuer à être embauché malgré les signalements en interne ? Les directions étaient-elles au courant de ces signalements au moment du recrutement ?

Qualité du recrutement

En conférence de presse ce jeudi, le procureur de la République de la Haute-Saône, Emmanuel Dupic, a partagé son étonnement sur « le fonctionnement de ces Ehpad qui n’ont jamais signalé aux autorités de police des faits graves, de nature à favoriser la réitération des faits. Dans un contexte de manque de personnel, après son licenciement, il se faisait réembaucher ».

Hormis l’Ehpad de Désandans, aucun établissement n’a donné suite à nos demandes d’interview. Pascale Letombe, membre de la CGT santé action sociale du Doubs, estime, pour sa part, que le manque de personnel ne joue pas sur la qualité du recrutement. « Je ne pense pas que l’on prenne n’importe qui malgré la tension sur les effectifs : il faut un CV, une lettre de motivation, un diplôme. À l’hôpital, par exemple, on manque d’aides-soignants. Et pourtant, des personnes ne sont pas prises car elles ne correspondent pas au profil recherché ».

Transmission d’informations

Sur les transmissions d’informations au moment des changements d’établissements, la syndicaliste, agent hospitalier à Besançon, fait le distinguo entre fonction publique et privé. « Dans le public, c’est très réglementé. Quand on change d’établissement, si la personne est titulaire, le dossier administratif est transmis. Et normalement, entre établissements publics, les directions se téléphonent. »

Sur les cinq établissements concernés, quatre sont des établissements privés à but non lucratif. Celui d’Héricourt est public. C’est depuis ce dernier que les premiers témoignages sont arrivés au parquet. « Les fonctionnaires doivent fournir un casier judiciaire vierge. Et ont obligation de dénoncer les faits qu’ils constatent », précise la syndicaliste.

« Quand quelqu’un fait des bêtises, on n’a pas forcément envie que ça se sache pour ne pas nuire à la réputation de l’établissement ».

Pascale Letombe, membre de la CGT santé action sociale du Doubs

La procédure à suivre en cas d’incident grave

En cas d’incident grave, quelle est la procédure à suivre ? « On doit en référer à son supérieur direct, le cadre de service, qui doit, à son tour, en référer à l’administration de l’établissement. Dans les petits sites, c’est le directeur qui doit traiter l’affaire, faire remonter au siège social. Ils peuvent avoir envie de ne pas ébruiter certaines choses. Quand quelqu’un fait des bêtises, on n’a pas forcément envie que ça se sache pour ne pas nuire à la réputation de l’établissement », indique Pascale Letombe.

Troublée, elle se dit curieuse de voir « comment la justice va interroger les directions des établissements pour qu’ils rendent des comptes ». Ce jeudi, en conférence de presse, Emmanuel Dupic indiquait que le sujet était hors de propos dans l’immédiat.

Source EST REPUBLICAIN.

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