Surmortalité à l’Ehpad de Pontarlier : 33 décès suspects relevés par l’ARS….

Selon le parquet de Besançon et l’ARS, le taux de mortalité élevé constaté en 2018 à l’Ehpad du Larmont pose d’inquiétantes questions. Les protocoles de fins de vie ont-ils oui ou non été respectés ?

L’enquête préliminaire ouverte pour homicide involontaire retient une trentaine de cas suspects.

Ehpad du Larmont

 

L’ouverture d’une enquête préliminaire pour homicide involontaire ciblant l’Ehpad du Larmont a créé, à Pontarlier et dans tout le Haut-Doubs, un émoi important. Prudence, suspicion, incompréhension : la population peine à se situer face à cette information brute et brutale.

Comme le révélait L’Est Républicain, l’Agence Régionale de Santé (ARS) a été alertée par les proches d’une résidente, décédée au printemps dernier dans des circonstances troubles à leurs yeux. L’Ehpad a été inspecté durant deux jours. L’ARS doit rendre son rapport définitif sous peu, mais ses premiers constats – une surmortalité statistique et l’utilisation peu ordinaire d’un médicament – l’ont conduit à saisir l’autorité judiciaire.

« Il n’est plus possible pour le médecin de décider seul »

Pointure nationale en matière de soins palliatifs, le professeur bisontin Régis Aubry revient sur la problématique générale de l’acharnement thérapeutique, et sur le nouveau cadre légal qui l’accompagne. Ce droit au laisser-mourir, complexe, sensible, mais pourtant essentiel, est au cœur de l’enquête pénale visant l’Ehpad du Larmont. Une interview à retrouver en intégralité sur notre site internet.

Le praticien mis à pied soutenu par sa direction

Le journal Le Parisien évoque 33 morts suspectes. Un chiffre confirmé par une source judiciaire, qui correspond au nombre de dossiers médicaux examinés par l’ARS. Avisé, le procureur de la République de Besançon a ouvert à son tour une enquête préliminaire pour homicide involontaire.

Pour l’heure, néanmoins, la prudence est de rigueur. Jusqu’à preuve du contraire, le médecin mis à pied à titre conservatoire par l’ARS est présumé innocent. Il bénéficie d’ailleurs du soutien de sa direction. Dans les couloirs de l’Ehpad, depuis une semaine, l’ambiance reste pesante. « On a notre conscience professionnelle pour nous », glisse au passage une infirmière.

L’utilisation du midazolam au cœur des investigations

Selon nos informations, la question n’est pas de savoir si une main folle ou malveillante a euthanasié sans discernement des résidents, mais, à un degré plus mesuré, de déterminer si le cadre légal du droit au laisser-mourir a été oui ou non respecté. Ce protocole, qui inclut nécessairement les proches des personnes en fin de vie, a été redéfini de manière stricte par la loi Claeys-Leonetti de 2016.

Le témoignage ayant tout déclenché est à ce titre inquiétant, puisque les proches de la nonagénaire concernée, qui aurait fait l’objet d’une sédation définitive, affirment ne pas avoir été consultés.

La molécule utilisée pour « sédater » les résidents en fin de vie est le midazolam. C’est l’usage de ce médicament qui se retrouve au cœur des investigations. L’affaire est sensible d’un point de vue technique – des expertises judiciaires d’ordre médical vont d’ailleurs être menées – comme d’un point de vue de l’image, les réputations d’un médecin et d’un Ehpad étant en jeu.

Source EST REPUBLICAIN.

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