Sur la route, des postes d’appel d’urgence mettent en danger les personnes handicapées…

Pour les personnes à mobilité réduite, la majorité des zones d’arrêt d’urgence ne permettent pas de se mettre en sécurité. Des solutions existent pourtant.

Et ce, depuis 1996.

Henri Tendron, Paul Bahuaud et Pierre Grenon, de l’association Orthopédie sans frontières, dénoncent les postes d’appel d’urgence dangereux pour les personnes handicapées.

C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, ou du moins celle qui l’a poussé à nous avertir. Cet après-midi d’octobre, Henri Tendron est fâché lorsqu’il nous montre ce qu’il qualifie d’« aberration ». Depuis près de trente ans, ce militant infatigable de la sécurité routière traque les aménagements dangereux.

Dans son viseur aujourd’hui : la zone d’arrêt d’urgence nouvellement construite sur le périphérique nord de Nantes. L’été dernier, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) des Pays de la Loire a finalisé les travaux d’élargissement du périphérique entre la porte d’Orvault et la porte de Rennes. (La Dreal des Pays de la Loire n’a pas eu le temps de nous répondre dans les délais de publication de l’article.)

Impossible de franchir la barrière

Avec deux amis d’Orthopédie sans frontières (OSF), une association humanitaire qui envoie du matériel orthopédique médical dans une trentaine de pays, il nous a invités à venir constater le problème par nous-même. « La zone d’arrêt d’urgence n’est pas accessible aux personnes à mobilité réduite » , dénonce le retraité.

En effet, tout du long de l’aménagement, un mur à hauteur de taille a été bâti. Parfait pour se placer derrière à l’abri en attendant la dépanneuse lorsqu’on est valide… Mais impossible à franchir en fauteuil roulant. « Sauf qu’il y a des personnes en fauteuil qui conduisent seules. Comment doivent-elles faire pour se mettre en sécurité ? » interroge Paul Bahuaud, membre d’OSF.

« Les aires d’autoroutes sont bien équipées mais ce n’est pas le cas des postes d’appel d’urgence (PAU) » , explique Pierre Grenon, président d’OSF. Car le problème n’est pas spécifique à cet aménagement nantais. Au contraire. Une grande partie des PAU de France ne sont pas accessibles.

« La plupart des postes construits avant 1996 »

Pourtant, depuis 1996, le Service d’études techniques des routes et autoroutes explique dans son guide technique d’implantation des postes d’appel d’urgence comment les rendre accessibles aux personnes handicapées.

L’un des principaux exploitants autoroutiers, Vinci Autoroutes, justifie cela par le fait que la plupart des postes ont été construits avant 1996. « Au fur et à mesure qu’on retravaille sur la chaussée et l’autoroute, on remet aux normes les bornes sur ces sections-là. Toutes les bornes installées depuis 1996 le sont selon les normes que vous avez mentionnées [celles du guide technique du Setra, NDLR] », assure Vinci Autoroutes.

Pourtant, il suffit d’utiliser l’outil Street View de Google Maps pour se rendre compte que ce n’est pas le cas. L’autoroute A87 qui relie Angers à La Roche-sur-Yon en passant par Cholet a été inaugurée en 2002. Elle compte de nombreux PAU non accessibles. Plus récente encore, dans le Loiret, la liaison entre l’autoroute A6 à Courtenay et l’autoroute A10 à Artenay a été réalisée en 2009. De nouveau, on peut constater que de nombreux postes ne sont pas aux normes.

« Ça fait des années que j’écris à plusieurs instances mais rien ne bouge, déplore Henri Tendron. Va-t-on attendre un drame pour faire évoluer les choses ? »

Source OUEST FRANCE.

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