Seniors : le bonheur est dans la colocation…

Dans l’est de la France, 46 résidences Ages & vie proposent aux personnes en perte d’autonomie une structure plus humaine et moins onéreuse qu’un Ehpad.

Dans l’une d’elles, près de Dijon….

Dans cette colocation-là, pas d’étudiants fêtards mais une bande de sept retraités, âgés de 67 à 99 ans. La petite résidence Ages & vie de Perrigny-lès-Dijon, village de 2 100 âmes situé en Côte-d’Or, abrite l’une des 46 colocations de personnes dépendantes ou en perte d’autonomie de la région Bourgogne-Franche-Comté.

Rassemblées dans la grande pièce à vivre autour d’une longue table, Arlette, 82 ans, Daisy, 67 ans et Marie-Claude, 69 ans, épluchent les pommes qui garniront la tarte du déjeuner, tout en bavardant avec deux auxiliaires de vie. Sur les murs, quelques photos de résidents évoquent les moments heureux de la maisonnée, tandis que du linge sèche dans un recoin.

« Tout a été pensé pour que les habitants se sentent comme chez eux, résume Simon Vouillot, cocréateur du groupe associatif Ages & vie, à l’origine de ces structures innovantes. Chacun possède une chambre meublée à sa guise, avec salle de bains, ligne téléphonique et accès extérieur privés, et peut profiter à loisir du jardin et du reste du logement. »

Repas faits maison et pris en commun

Ici, pas de réveil forcé ni de souper servi à l’heure du goûter. Le rythme des résidents est respecté. Les repas, « faits maison », sont pris en commun à des heures normales, et tiennent compte des envies de chacun. Le confort et la sécurité des habitants sont, quant à eux, garantis par trois auxiliaires de vie.

Logées avec leur famille à l’étage dans des appartements indépendants, celles-ci se relaient sept jours sur sept et dorment à portée du « bip », déclenché en cas d’urgence. Leur mission ? S’occuper des courses, des repas et du ménage, assister ceux qui en ont besoin dans les tâches du quotidien, ou partager un moment de convivialité.

La formule séduit de plus en plus

« Avec un reste à charge moyen de 1 500 euros par mois, le séjour coûte moins cher que dans un Ehpad », fait valoir Simon Vouillot. Pourtant, ce n’est pas le prix qui a décidé Marie-Claude, mais la possibilité de garder auprès d’elle Elfi, son caniche de 10 ans. « Ma chienne m’a aidée à surmonter la mort de mon mari. Si j’avais dû m’en séparer, je ne serais pas venue », confesse la retraitée, qui ne supportait plus la solitude.

« Il y a une réelle proximité avec le personnel, souligne de son côté Babeth Rhodde, venue visiter la doyenne des lieux. Si maman n’a pas le moral, je sais qu’on m’appellera, ou qu’elle sera sollicitée à nouveau si elle ne mange pas. C’est rassurant. »

Avant d’emménager, Yvette, sa mère bientôt centenaire, a séjourné trois mois dans un Ehpad de Dijon. Une mauvaise expérience. « Quand elle demandait de l’aide pour aller aux WC après son opération, on lui répondait que ce n’était pas la peine car elle avait une couche », se souvient Babeth, en colère.

Superintendante de la colocation, Colette Masson a connu elle aussi la cadence infernale des Ehpad. Elle ne regrette pas son ancien poste. « Tout était chronométré. La douche ne devait pas durer plus de sept minutes par personne, savonnage, séchage et rhabillage compris ! Ici, la toilette peut prendre une heure avec certains, s’il le faut. On a vraiment le temps de s’occuper des résidents », assure l’auxiliaire de vie, qui confie avoir retrouvé du sens à son métier.

Forte de son succès, la formule s’apprête à gagner toute la France. « Trente-quatre nouveaux permis de construire sont déjà déposés, notamment dans le Lot-et-Garonne, le Finistère et l’Isère. D’ici quatre à cinq ans, nous espérons posséder 300 maisons Ages & vie », confie Simon Vouillot. La colocation grand âge a de beaux jours devant elle.

Source LE PARISIEN.

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