Scolarisation des enfants handicapés : « Elle me demande pourquoi elle ne va pas à l’école »…

La scolarisation des enfants en situation de handicap fait partie des priorités affichées par le gouvernement.

Mais il reste un long chemin à parcourir : des centaines d’enfants seraient sans solution, faute de place dans des écoles ou des structures spécialisées.

Témoignage.

Comment garantir à chaque enfant en situation de handicap une place à l’école ? La question de la scolarisation des enfants, l’une des priorités affichées par le gouvernement, fera partie de celles abordées lors de la Conférence nationale du handicap, présidée par Emmanuel Macron ce mardi 11 février. Si l’État ne communique pas de chiffres sur le sujet, les associations estiment que des centaines d’enfants seraient sans solution, gardés à la maison, faute de place dans des écoles ou des structures spécialisées.

« Elle me demande pourquoi elle ne va pas à l’école »

C’est le cas de Maeva, 11 ans, à la maison depuis plus de deux ans. Luciana, sa mère, stocke dans une grande boîte le matériel qu’elle utilise pour stimuler sa fille, atteinte d’un retard intellectuel. « Je fais un peu de coloriage, d’écriture, les nombres », détaille-t-elle. À 11 ans, Maeva ne sait ni lire ni écrire. « Mais elle est très motivée », précise sa mère. « Parfois, elle me demande pourquoi elle ne va pas à l’école… Elle nous pose beaucoup de questions ».

Il y a deux ans, Julien et Luciana ont retiré leur fille de l’institut médico-éducatif parisien où elle se trouvait depuis six ans. Très calme, Maeva se retrouvait scolarisée avec des enfants violents. « Alors que j’étais avec la petite, l’un est venu vers nous et a essayé de rentrer ses deux doigts dans mes yeux », raconte Luciana. « Je me suis dit que ça n’était plus possible, que _Maeva ne pouvait pas rester dans cet endroit, qu’elle allait devenir elle-même violente_« .

Pas le niveau pour être scolarisée avec des enfants de son âge

Le couple a tenté de faire scolariser sa fille au collège, en vain. Il leur a été expliqué que Maeva n’avait pas le niveau pour être en classe avec d’autres enfants de sixième, et que vu son âge, elle ne pouvait pas non plus aller en primaire. Julien, le père de Maeva, plaide donc pour des structures intermédiaires. « On parle de l’école pour tous, certes. Mais il faudrait des classes adaptées, avec des gens formés! Si c’est juste pour qu’ils tiennent la main de l’enfant pour produire un gribouillage et dire qu’il a travaillé, bon », lâche-t-il, un brin agacé.

Les parents de Maeva ont fini par déménager dans l’Aisne, près de Saint-Quentin. On leur avait dit qu’ils obtiendraient plus facilement une place dans un établissement spécialisé, « mais la réalité est toute autre », soupire Julien. Maeva est sur liste d’attente depuis six mois.

Dans le Journal du dimanche, la secrétaire d’État aux personnes handicapées a affirmé que le gouvernement avait engagé avec l’Éducation nationale une « révolution culturelle pour que la scolarité des enfants handicapés ne soit plus incantatoire, mais bien réelle ». « Le nombre d’élèves en attente d’un accompagnant a été divisé par deux à la rentrée 2019 par rapport à 2018 », a souligné Sophie Cluzel. D’après le rapport des députés, publié en juillet, le nombre d’élèves scolarisés en milieu ordinaire est passé de 100 000 en 2006 à près de 340 000 en 2018.

Source FRANCE INTER.

Pour marque-pages : Permaliens.