Sclérose en plaques : un marché de plus en plus concurrentiel….

Le traitement de cette maladie neurodégénérative représente un marché d’une vingtaine de milliards de dollars. Aux Etats-Unis, où se trouvent plus de la moitié des patients, la pression sur les prix s’intensifie.

 

Le Congrès européen pour le traitement et la recherche sur la sclérose en plaques (ECTRIMS), qui se tient en ce moment à Paris, a attiré un record de près de 10.000 participants autour de cette maladie neurologique inflammatoire. Elle touche 2,5 millions de personnes dans le monde dont quelque 100.000 en France. Un bon nombre de médicaments existent déjà pour traiter cette maladie, représentant un marché d’une vingtaine de milliards de dollars. Jusqu’à présent, les médicaments se bornaient à freiner son évolution en réduisant le nombre de poussées inflammatoires qui s’accompagne de la destruction de la myéline (gaine d’isolation des cellules nerveuses) dans la moelle épinière et le cerveau.

Net changement

Le lancement de l’Ocrevus de Roche, qui a obtenu le feu vert américain en mars et est en cours d’examen à l’Agence européenne, crée un net changement. Les médecins disposent pour la première fois d’un traitement qui s’adresse aussi aux malades ayant atteint le stade dégénératif quand les handicaps apparaissent, ainsi que ceux souffrant de la forme la plus agressive, dite « progressive ». Les analystes tablent sur des ventes de 4 milliards de dollars en 2023. Bien qu’il doive être administré en perfusion, il devrait à terme, selon ceux-ci, « prendre 30 à 40 % du marché du Tysabri de Biogen et du Gilenya de Novartis », deux traitements quotidiens sous forme de comprimés, très en vogue.

Les payeurs rechignent

Les analystes estiment que Biogen, « qui domine actuellement le marché avec 40 % des patients traités grâce à ses produits », devrait ainsi voir son chiffre d’affaires dans la sclérose en plaques s’effriter de 3 à 4 % par an. Avec comme consolation les royalties (de plus de 20 %) que Roche devra lui verser, l’Ocrevus étant issu de sa recherche. Lancé sur un marché déjà très concurrentiel, le prix du produit de Roche est en outre inférieur de 20 % à celui de ses concurrents (65.000 dollars par an) pour mieux réussir sa percée.

De fait, aux Etats-Unis, qui représentent une bonne moitié du marché, les payeurs commencent à rechigner à rembourser. Seuls l’Ocrevus et  le Lemtrada de Sanofi trouvent grâce aux yeux de l’ICER, une structure indépendante d’évaluation médico-économique. Qui recommande donc de caler « le prix de lancement des nouveaux médicaments sur la valeur ajoutée par rapport aux produits existants ».

Faire reculer la maladie

Un conseil que n’a pas suivi Biogen, en mai, pour le Zinbryta (87.000 euros), dans le collimateur des autorités, avec par ailleurs un avertissement sur de possibles effets secondaires hépatiques sérieux (l’Agence européenne réexamine son dossier). Les analystes ne le créditent que d’un chiffre d’affaires potentiel de 573 millions de dollars en 2020. L’arrivée  d’un deuxième générique du Copaxone développé par Mylan, après le Glatopa de Novartis, devrait faire pression sur les prix. Son large portefeuille de six produits devrait cependant offrir à Biogen une carte maîtresse pour mieux négocier avec les assureurs. En attendant, peut-être, un futur produit capable de faire reculer la maladie.

Source LES ECHOS.

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