Rencontrer des victimes d’accidents, au lieu de payer une amende…

Victimes d’accidents – C’est une première, à Valence, onze automobilistes ont suivi jeudi une matinée de sensibilisation. Au lieu de prendre une amende pour un excès de vitesse ou un feu grillé, ces conducteurs sont allés rencontrer, écouter et échanger avec deux accidentés.

Mathieu est en fauteuil roulant depuis 16 ans. - Radio France

Assis sur son fauteuil roulant, Mathieu raconte son accident. Il avait 17 ans quand, sur sa moto dans un carrefour, une voiture a grillé un stop : « Le jour de l’accident, par rapport à ma moto, les pompiers m’ont retrouvé 30 mètres plus loin. J’ai fait un petit vol plané. Le casque s’est cassé en deux. »

Dans la salle, il n’y a pas un bruit. Les onze automobilistes fautifs écoutent le récit de Mathieu et Florent. Lui aussi était à moto. Une voiture l’a percuté. Il est resté dans le coma pendant deux mois et demi. Aujourd’hui, Florent a une canne, il a du mal à parler et un bras paralysé.

Excès de vitesse, feu rouge grillé, téléphone au volant ou encore ceinture non-attachée

Face à eux, il y a Nicolas. Il est convoqué pour un excès de vitesse de 10 km/h. Il ne regrette pas d’être venu : « Quand on vient ici, on comprend beaucoup plus les risques. Un excès de vitesse peut engendrer de graves conséquences, et là, on en prend conscience. » Nicolas a échappé à une amende de 68 euros et la perte d’un point sur son permis. En contrepartie, pendant une vingtaine de minutes, il doit écouter les témoignages de Mathieu et Nicolas.

« Bien sûr que ça touche. On se dit que l’un de nos proches pourrait être à leur place. Et on prend conscience. C’est à mon avis beaucoup plus utile qu’une répression financière. » Nicolas.

Même constat pour le préfet de la Drôme Éric Spitz : « Cette opération est pour nous le pari de l’intelligence. Devant le témoignage de ces deux victimes, il n’est pas possible de ne pas se remettre en question. Je pense que cette action pédagogique est plus avantageuse qu’une amende. »

Selon la préfecture, cette expérimentation pourrait être renouvelée, et c’est une bonne chose selon Vincent Renaud. Il est le directeur de LADAPT en Drôme-Ardèche. Cette association d’aide à l’insertion des personnes handicapées a accueilli la toute première rencontre de l’opération. « C’est la répétition des sensibilisations qui est importante. Quand vous circulez et que vous voyez un accident à côté de vous, vous continuez ,mais vous êtes un peu perturbé. C’est l’accumulation de ces sensibilisations qui fait que l’on est plus raisonnable. »

Sensibiliser, être pédagogue, pour tenter de faire baisser la mortalité routière et les accidents. Depuis le début de l’année, 27 personnes sont mortes sur les routes drômoises.

Source France Bleu.

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