Rabastens. Handicap : la mobilité, clé de l’insertion sociale…

Créée en 2018 pour aider à la mobilité les jeunes autistes, l’association Otéma a lancé Sami, une plateforme de service pour une mobilité inclusive.

Laurent Peytavy (à gauche), explore toutes les solutions de mobilité pour rapprocher les autistes de l’emploi.

 

Pour que les troubles du spectre autistique et les handicaps ne soient pas un obstacle à l’insertion.

Dès la fin juillet, l’association Otéma TSA, qui aide à la mobilité des personnes présentant des troubles du spectre autistique, a lancé sa nouvelle plateforme baptisée SAMI, (Services à la mobilité inclusive). Cet outil, qui vise à aider les personnes porteuses de handicap à se déplacer, comme tout le monde, pour leurs besoins domestiques ou professionnels, est désormais disponible en ligne1.

« 95 % des personnes porteuses de troubles autistiques sont sans emploi alors qu’elles ont des compétences utiles », résume Laurent Peytavy, créateur et président de l’association Otema TSA, née en 2018 à Giroussens. Objectif : rapprocher ces personnes des bassins d’emploi en aidant à leur mobilité. Un projet évident qui, en janvier dernier, a bénéficié d’un soutien financier de 15 000 € de la Fondation Orange, après l’aide de plusieurs partenaires, privés et publics, dont la MACIF, l’AG2R, la région Occitanie ou encore la mairie de Giroussens.

Avec la Fondation Transdev

Dernière en date, la Fondation Transdev, du groupe éponyme français multinational de transport. Une aide de 10 000 € pour financer la mise en place de groupes d’entraînement aux habiletés sociales spécifiques, dans ce projet d’autonomie.

« Nous les entraînons à communiquer, à se déplacer et à être les plus autonomes possible », explique Laurent Peytavy. Depuis la création de sa plateforme, l’association Otéma a obtenu le marché public de la mobilité inclusive dans plusieurs départements. « C’est l’objectif par rapport à notre public cible, les personnes en insertion, handicapées ou non. On travaille sur les prescriptions de Pôle emploi », détaille le président. Première étape : le diagnostic. SAMI utilise un logiciel professionnel dédié. Une série de questions sur support numérique ou papier permet de déterminer un « profil mobilité de la personne ».

à partir de là, l’association anime des ateliers individuels ou collectifs sur les solutions de déplacements adaptées à chaque profil.

Covoiturage solidaire

« SAMI propose différents modules d’apprentissage à la mobilité et informe sur toutes les solutions de déplacements mises en place sur le territoire concerné », précise Laurent Peytavy. L’association via sa plateforme, dirige également le bénéficiaire vers différentes structures financières pour des microcrédits, nécessaires par exemple pour la réparation ou l’acquisition d’un véhicule. Enfin l’association a ouvert en mars dernier le site de covoiturage solidaire Tarn.Comobi.fr qui permet de covoiturer sur de petits trajets de 20 à 40 km. « ça n’a rien à voir avec blablacar. C’est du covoiturage solidaire. L’objectif c’est d’avoir le plus possible de trajets domicile-travail et au-delà de l’insertion, de rompre avec l’isolement social », explique Benjamin Douglade, chargé de mobilité à Otema TSA.

L’association propose une offre de service mobilité pour laquelle des particuliers, conducteurs, peuvent se déclarer auprès d’Otéma. « à l’inscription, on leur demande s’ils souhaitent covoiturer des personnes handicapées ou s’ils souhaitent être sensibilisés à cette démarche », précise Laurent Peytavy.

Apprentissage adapté

Hébergée jusqu’à fin août au Pré Vert, un tiers lieu de Rabastens labellisé par la région Occitanie, Otema TSA cherche un emplacement à Rabastens, Lavaur, Saint-Sulpice ou encore Mazamet pour ses stagiaires et jeunes en service civique.

« Il y a une accélération de nos activités parce qu’il existe peu d’entités connues sur le territoire et le déplacement est la clé de l’accès au travail, surtout en zone rurale , » explique Laurent Peytavy.

Une convention avec l’Education nationale est en cours de finalisation. Dès l’automne, Laurent Peytavy et Benjamin Douglade iront à la rencontre des jeunes collégiens et lycéens en classe Ulis (unités localisées pour l’inclusion scolaire), avec des outils virtuels interactifs pour présenter à ces jeunes différents métiers, de l’artisanat et de l’industrie (lire ci-dessous).

« Il faut trouver des solutions pour des jeunes de plus de 17 ans sans solution » martèle Laurent Peytavy, lui-même papa de Mathéo, un jeune autiste de 17 ans. Jusque-là sans solution.

« Il y a un tel besoin et un tel engouement »

Lauréate en 2021 de l’appel à projet Handinnov de l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées), l’association Otema mènera dès cet automne une campagne d’orientation professionnelle auprès des jeunes élèves en classe ULIS des collèges et lycées tarnais.

« On va leur présenter différents métiers de l’industrie et de l’artisanat avec un simulateur virtuel » explique le président d’Otema.

L’association a travaillé en partenariat avec l’entreprise toulousaine Mimbus, créée en 2011 et spécialisée dans l’édition et la distribution de logiciels de formation professionnels immersifs.

Artisanat et industrie

Il s’agit de déterminer les appétences et les compétences de personnes handicapées pour des métiers de l’industrie et du bâtiment, dont certains en tension. L’objectif est de préparer ces jeunes à rejoindre des formations ou des entreprises à la sortie des classes Ulis.

La qualité de ce projet repose sur l’innovation technologique portée par l’entreprise Mimbus. Une mallette itinérante capable de proposer plusieurs métiers par l’usage de la réalité virtuelle, opérationnelle partout en 10 minutes.

Tout comme la mobilité solidaire inclusive portée par la nouvelle plateforme d’Otema, « C’est un chantier absolument formidable », décrit Laurent Peytavi.

« Il y a un tel besoin et un tel engouement… ça nous encourage » enchérit Benjamin Douglade, 34 ans, titulaire d’un master 2 d’urbanisme et aménagement, spécialisé dans la mobilité, pour l’heure seul salarié d’Otema. L’association cherche des bénévoles pour l’accompagnement des personnes handicapées qui utilisent sa plateforme mobilité.

Source LA DEPÊCHE.

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