Qui est Alex Portal, ce nageur handisport qui fait tomber des records du monde ?…

À 18 ans, Alex Portal a fait sensation aux championnats de France handisport qui ont eu lieu à Angers, le week-end dernier.

Le Francilien, qui souffre de déficience visuelle, a battu sept records, dont quatre du monde.

Il a désormais les Jeux paralympiques de Tokyo comme objectif.

 

 

Les records sont faits pour être battus. Voici quelque chose que semble avoir bien assimilé Alex Portal. Ce week-end, le nageur francilien a montré l’étendue de son talent lors des championnats de France handisport, à Angers, dans le Maine-et-Loire.

Âgé de 18 ans, il a rayonné dans le bassin angevin, avec de nombreuses performances tout au long du week-end. Au total, sept records : un de France deux d’Europe et quatre du monde. Rien que ça.

Étudiant en physique-chimie à la fac de Cergy, dans le Val-d’Oise, le nageur souffre d’une déficience visuelle l’empêchant de voir net au-delà d’un mètre. Une maladie génétique appelée albinisme oculaire.

La natation, il a commencé il y a treize ans. Il avait alors 5 ans, et avait tenté l’équitation et le tennis. C’est après ces essais infructueux qu’il se dirige vers les bassins.

« Ma grand-mère était présidente du club au Pecq et c’est là-bas que j’ai appris à nager. Cela m’a plu, j’avais de bonnes sensations et pour une fois, je n’avais besoin de personne pour m’accompagner », retrace-t-il dans Le Parisien .

« Compliqué d’appréhender les virages »

Talentueux, il s’entraîne au CNO Saint-Germain et participe à quelques compétitions, d’abord aux côtés des valides, puis en handisport à partir de 2016, avec les athlètes souffrants de déficience visuelle.

« C’est mon entraîneur, Guillaume Besnoit, qui m’a informé en 2016 que mon handicap me permettait de nager en handisport. Du coup j’ai participé aux championnats de France qui m’ont qualifié en équipe de France », développe-t-il sur le site de l’Open Swim Stars d’Harmonie Mutuelle.

Le nageur doit alors s’habituer, et surmonter quelques difficultés. « Comme je ne vois pas en 3D cela me demande un temps d’adaptation, poursuit-il sur OpenSwimStars.com. J’ai mes repères dans mon bassin d’entraînement et cela se passe bien. Ce n’est bien sûr pas le cas quand j’arrive dans un nouveau bassin, où il est pour moi compliqué d’appréhender les virages. Il m’est arrivé à plusieurs occasions de manquer de me prendre le mur au virage ou à l’arrivée, notamment en papillon, pensant être à trois mètres du mur alors que j’étais à moins d’un mètre… »

« À part cela comme je nage droit naturellement, ce n’est pas trop invalidant pour m’entraîner et nager en compétition dans de bonnes conditions », ajoute-t-il. Malgré cela, les résultats viennent : trois médailles lors des premiers Championnats d’Europe auxquels il participe, à Dublin, en 2018.

Objectif médailles à Tokyo

L’année suivante, il monte à deux reprises sur le podium lors des Championnats du monde à Londres, et composte son billet pour les Jeux paralympiques qui doivent se dérouler à Tokyo, en 2020. Mais le Covid passe par là, et l’événement est repoussé d’un an.

« L’objectif a minima est de repartir de Tokyo avec les mêmes médailles qu’à Londres l’année dernière, avec l’ambition de monter d’un cran au 400 m nage libre et pourquoi pas « d’en gratter » une de plus sur 100 m papillon, soit faire trois médailles. Pour l’or c’est plus compliqué », souffle-t-il au site de l’Open.

Alex Portal a subi, comme tous les sportifs et l’ensemble des Français, le premier confinement et ses effets. Finis les entraînements dans les piscines, celles-ci étant fermées. De quoi plonger les nageurs dans le désarroi, la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, partageant les peines qu’ils pouvaient alors ressentir.

Le Francilien a dû composer sans cet accès. Il a quand même pu compenser quelque peu les 20 heures de longueurs hebdomadaires, comme il l’a expliqué au journal Le Parisien. « On a installé une piscine autoportante dans le jardin et je nageais en statique. »

Paris 2024, en famille

Le deuxième confinement était différent, dans la mesure où les sportifs de haut niveau ont pu continuer à s’entraîner, les compétitions ne s’étant pas arrêtées non plus. Tout cela l’a mené à Angers, ce week-end, où il a aligné les records, le plaçant parmi les nageurs à surveiller au Japon, l’été prochain, pour les Jeux paralympiques. Mais lui voit plus loin : Paris, en 2024. À la maison.

Un événement où il espère bien briller, comme il l’explique sur le site Open Swim Stars : « En 2024 j’aurai 22 ans, je serai à la maison et en pleine maturité physique pour obtenir des titres. J’espère vraiment y faire des choses incroyables. »

Ces Jeux sont un objectif personnel, mais aussi familial. Alex a un petit frère, Kylian, qui souffre de la même déficience visuelle que lui, et son souhait serait de participer à l’événement avec lui. Âgé de 14 ans, il a pris une 4e place aux France, à Angers.

« J’ai envie de l’entraîner derrière moi. Tous les deux aux Jeux de Paris, ce serait mon plus grand rêve », conclut-il auprès du Parisien. Nager côte à côte, et se retrouver ensemble sur le podium. Et pourquoi pas ?

Source OUEST FRANCE.

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