Quand l’orchestre national de Montpellier joue dans les Ehpad, « les yeux des résidents s’allument »…

Régulièrement, des duos ou des trios s’invitent dans des maisons de retraite de la ville.

Quand l’orchestre national de Montpellier joue dans les Ehpad, « les yeux des résidents s’allument »...

 

  • A l’heure de la sieste, le silence a fait place à des airs d’opéra dans l’Ehpad Françoise-Gauffier. Deux musiciennes de l’Orchestre national de Montpellier ont offert un concert aux résidents et résidentes.
  • « La musique est un média très particulier, qui stimule la mémoire chez les résidents, confie le directeur de l’Ehpad Françoise-Gauffier. Et pas seulement la mémoire cognitive, mais la mémoire émotionnelle aussi. Ça leur fait un bien fou. »
  • « La musique adoucit les mœurs, se réjouit Paulette, une pensionnaire de la maison de retraite, âgée de 97 ans. Ça soulage, on pense à autre chose. »

A l’heure de la sieste, l’air de Carmen rompt le silence, à l’Ehpad Françoise-Gauffier, à Montpellier (Hérault). Dans le hall de la maison de la retraite, des pensionnaires ont reconnu L’amour est un oiseau rebelle dès les premières notes, et battent la mesure sur leurs fauteuils. Certains fredonnent même quelques mots du célèbre opéra.

« Alors, vous avez reconnu ? », lance Héloïse Dautry, à la harpe. « Carmen ! », lâche en chœur le public. Cette musicienne de l’Orchestre national de Montpellier a joué, avec Isabelle Mennessier, à la flûte traversière, devant les mamies et les papis de l’Ehpad du quartier Ovalie. Toutes les deux se réjouissent d’« apporter de la vie » dans cette résidence, à ces personnes âgées endimanchées pour l’occasion. « Au fur et mesure, on voit leurs yeux qui s’allument, des petits mouvements… Ça fait chaud au cœur ! », sourit la flûtiste. Régulièrement, des duos ou des trios de la prestigieuse formation font une petite infidélité à l’Opéra, pour jouer quelques airs aux pensionnaires.

« Ça soulage, on pense à autre chose »

« C’était magnifique ! », confie Christian, 76 ans, qui était aux premières loges, dans son fauteuil roulant. « J’ai vu Johnny et Michel Polnareff à Paris, mais de la musique classique, c’est la première fois. Ça fait chaud au cœur. » Paulette est aux anges, elle aussi. Ce concert a ravivé en elle des souvenirs, lorsqu’elle allait voir, avec son mari, des opérettes. « La musique adoucit les mœurs, se réjouit cette dame de 97 ans. Ça soulage, on pense à autre chose. » A ses côtés, sa fille, Christine, venue lui rendre visite, voit ces moments suspendus comme un « vrai plus ». « Ça permet d’apaiser les personnes âgées, confie-t-elle. La plupart n’ont pas l’habitude, d’écouter du classique. »

Pour le directeur de cette maison de retraite gérée par la commune, l’apport de ces quelques notes est immense, pour les pensionnaires. « Ça réveille beaucoup de choses, chez les résidents, explique Jean-Marie Sillou. La musique est un média très particulier, qui stimule la mémoire chez eux. Et pas seulement la mémoire cognitive, mais la mémoire émotionnelle aussi. Ça leur fait un bien fou. Après avoir traversé une aussi période aussi difficile [la crise du Covid-19], ils le méritent, ce bonheur. »

La flûtiste Isabelle Mennessier, dans un Ehpad de Montpellier

« Une personne âgée s’est levée, et a commencé à danser »

Et parfois, même, la musique a donné lieu à des scènes étonnantes, presque cinématographiques, dans les Ehpad. Michel Calvo (PS), adjoint au maire et vice-président du Centre communal d’action sociale (CCAS), se souvient d’une valse, durant laquelle « une personne âgée s’est levée, et a commencé à danser, et la violoniste s’est mise à danser elle aussi. C’est génial, il n’y a pas d’autre mot. »

Ou cette pensionnaire, émue aux larmes, devant un air d’opéra. « C’était la première fois qu’elle entendait une chanteuse d’opéra, elle pleurait, tellement c’était beau, se souvient Françoise Bretton, directrice générale adjointe des politiques publiques du CCAS. Elle s’est dit que jamais, elle n’aurait pensé que l’opéra, c’était pour elle. Toute personne, quel que soit son âge, doit avoir accès à la culture. » Et bientôt, quand le Covid-19 aura disparu, le CCAS n’exclut pas d’inviter à nouveau des habitants des quartiers, à partager ces moments étonnants avec les pensionnaires des maisons de retraite.

Source 20 MINUTES.

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