Quand la langue bretonne apaise les anciens…

BRETAGNE Langue maternelle d’un grand nombre de résidents des maisons de retraite, parfois seule langue qu’il reste lorsque la démence a effacé les acquis en français, le breton n’est cependant que très peu maîtrisé par le personnel soignant.

Une situation qui crée de la souffrance du côté des anciens comme des professionnels et que plusieurs initiatives tentent aujourd’hui de soulager…

Quand la langue bretonne apaise les anciens

Simon Kerzerho est bénévole pour une association qui intervient au sein de l’hôpital d’Auray, où il se rend régulièrement. Un jour, en fin d’après-midi, alors qu’il traverse le couloir de la maison de retraite, il croise un résident qui s’accroche à sa chaise. “N’eo ket c’hoazh an noz !” (il ne fait pas nuit), hurle-t-il à l’aide-soignante qui tente en vain de le raccompagner à sa chambre pour le coucher. “Je lui ai répondu en breton, lui disant que, certes, il ne faisait pas encore nuit, mais qu’il était quand même temps d’aller se coucher”, raconte Simon Kerzerho. Apaisé, l’homme a alors lâché sa chaise et a suivi l’aide-soignante, soulagée.

Depuis, le bénévole intervient tous les lundis à la maison de retraite Pratel-Izel, à Auray. Le personnel de la structure, conscient de ce que cela pouvait apporter aux résidents, l’a sollicité pour y animer des ateliers de conversation en breton.

En cette douce après-midi de novembre, ils sont ainsi une quinzaine, rassemblés devant des gâteaux et une tasse de café. Certains regards sont éteints, mais d’autres s’illuminent quand Simon prend la parole. Les souvenirs ressurgissent : le travail à l’usine, à Ploemel, où on mettait le poisson en conserve. L’école où on se rendait en bateau, à Locoal. La messe que le curé donnait en breton, à Pluvigner. Quelques bribes de chants, des rires à l’évocation de bêtises d’enfants, résonnent. “Cet atelier fait beaucoup de bien à nos résidents”, assure Élodie Le Clanche, l’animatrice de la maison de retraite. “C’est un moment très attendu. Ces personnes dont le breton est la langue maternelle parlent entre elles, elles sont contentes. Certaines qui ne s’expriment plus beaucoup le font de nouveau. Une dame très désorientée parvient à se canaliser, à rester assise à écouter pendant une heure. On voit qu’elle comprend, qu’elle se situe mieux. Et puis, cet atelier qui est parfois ouvert au public crée du lien avec l’extérieur.”

Découvrez l’intégralité de ce reportage dans le magazine Bretons n°148 de décembre.

Bretons n°148 - Décembre 2018

 

 

 

 

 

 

 

 

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