Pourquoi le port du masque va être rendu obligatoire dans les lieux publics clos…?

Cette obligation sera effective dès la semaine prochaine, a déclaré jeudi matin, 16 juin, le premier ministre.

Des visiteurs masqués, dans la file d’attente du musée du Louvre, le 6 juillet, à Paris.

Jugés inutiles pour tous il y a quelques mois, les masques seront finalement obligatoires dans «les lieux publics clos» dès «la semaine prochaine», a déclaré jeudi matin le premier ministre Jean Castex. Lieux concernés, sanctions: l’annonce soulève plusieurs questions.

Pourquoi imposer le masque?

«Nous avons des signes que ça repart», a affirmé le président de la République lors de son entretien télévisé mardi. Le virus Sars-CoV-2 circule toujours et les autorités sanitaires mettent en garde contre un relâchement général du respect des gestes barrières. Or ceux-ci restent indispensables, notamment en milieux clos où ont été observés plusieurs épisodes de superpropagation du virus. Une étude menée en Chine a ainsi constaté que sur 318 clusters recensés dans 120 villes, un seul s’était produit en extérieur, suggérant que «le partage d’un espace intérieur est un risque majeur d’infection».

Le partage d’un espace intérieur est un risque majeur d’infection.

D’autre part, on sait désormais que les personnes asymptomatiques peuvent en contaminer d’autres même sans tousser, et que le virus peut probablement se transmettre par aérosols, ces particules que nous émettons en parlant ou en respirant et qui peuvent parcourir des distances plus grandes que le mètre de distanciation sociale recommandé actuellement.

● Quels lieux clos seront concernés?

On ne sait pas précisément ce que le président entend par «lieux publics clos». Ce n’est pas un terme juridique bien défini. «Il va y avoir un travail assez rapide de définition» pour savoir «de quels lieux publics on parle» , a ainsi indiqué Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, sur BFMTV. Jean Castex a précisé, au cours d’un entretien avec des lecteurs du Parisien réalisé mardi, que le port du masque serait obligatoire dans «les commerces et les lieux recevant du public» clos. La loi du 9 juillet organisant la sortie de l’état d’urgence sanitaire permet au premier ministre de réglementer par décret «l’ouverture au public, y compris les conditions d’accès et de présence, d’une ou de plusieurs catégories d’établissements recevant du public ainsi que des lieux de réunion, à l’exception des locaux à usage d’habitation».

Or ces établissements recevant du public (ERP) sont pour le coup listés sur le site service-public.fr, ce qui servira sans doute de base de travail au gouvernement: établissements de santé, préfectures, bibliothèques, commerces et centres commerciaux, salles de sport, lieux de culte, salles de spectacle, hôtels, musées… En revanche, «une entreprise non ouverte au public, mais seulement au personnel, n’est pas un ERP», précise le site de l’administration. Les entreprises «doivent gérer au cas par cas, en fonction des situations», a confirmé le premier ministre. Pour rappel, le non-respect du port de masque est déjà passible d’une contravention de 135 euros dans les transports en commun.

● Quand cette obligation entrera-t-elle en vigueur?

Mardi, le président de la République avait annoncé que cette mesure serait effective à compter du 1er août. Des voix se sont toutefois élevées pour critiquer ce délai. Car si le port du masque permet de ralentir la propagation de l’épidémie, pourquoi attendre? Le préfet de la Mayenne, Jean-Francis Treffel, a pour sa part signé mercredi un arrêté, à effet immédiat, le rendant obligatoire dans les lieux publics clos de six communes du département, dont Laval, alors que le département a dépassé légèrement le seuil d’alerte avec 50,1 nouveaux cas pour 100.000 habitants détectés en sept jours.

«Notre volonté est d’aller le plus rapidement possible», avait assuré Gabriel Attal mercredi. Finalement, le premier ministre a réduit le délai, annonçant ce jeudi devant les sénateurs que la mesure serait effective dès la semaine prochaine. leporte-parole du gouvernement a toutefois rappelé le «travail juridique et technique en cours». Il faut d’une part définir les «lieux publics clos», mais aussi préparer la mise en place de cette décision sur le terrain. Qui pourra sanctionner? À quelle hauteur? L’amende sera-t-elle systématiquement pour le client ou pour le propriétaire des lieux? Pour toutes ces questions, la balle est dans le camp de l’Intérieur, explique-t-on au ministère de la Santé. «Il y a ensuite tout le travail de logistique, a pour sa part expliqué mardi le ministre Olivier Véran. D’où viennent les masques? Comment s’assurer que les Français en disposent? Nous devons pouvoir répondre à ces questions, et cela nécessite donc d’avoir quelques jours.»Quoi qu’il en soit, le gouvernement le répète: ce n’est pas parce que l’obligation n’est pas encore gravée dans le marbre qu’il faut attendre pour adopter le réflexe du masque. Avec les précautions d’usage: se laver les mains avant de le mettre et après l’avoir ôté. Éviter de toucher l’avant du masque et bien s’assurer qu’il couvre le nez, la bouche et le menton.

● Aura-t-on assez de masques?

Olivier Véran a expliqué au début du mois que la consigne était désormais de «décentraliser» les stocks de masques, notamment parce que «la logistique pour les répartir sur le territoire prend trop de temps». Chaque entreprise est appelée à avoir dix semaines de stock pour ses salariés. Le ministère de la Santé assure de son côté toujours recevoir les livraisons de plus de 3 milliards de masques sanitaires commandés fin mars et destinés en priorité aux soignants. Bercy encadre pour sa part la production des masques grand public dans laquelle s’étaient lancées quelque 400 entreprises textiles françaises, avec «22 ou 23 millions» d’invendus actuellement, selon Yves Dubief, président de l’Union des industries textiles.

Source LE FIGARO.

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