Pédopsychiatrie : en Bourgogne Franche-Comté, « l’urgence dure depuis 30 ans » …

Représentant seulement 0,73 % des professeurs de médecine, la spécialité est de moins en moins prisée, alors que les besoins vont croissant.

Une situation d’urgence qu’a soulignée en ce début d’année au Sénat le sénateur haut-saônois Michel Raison.

État des lieux.

Pédopsychiatrie : en Bourgogne Franche-Comté, "l’urgence dure depuis 30 ans"

« Pédopsychiatrie : en Bourgogne Franche-Comté, l’urgence dure depuis 30 ans », a tonné récemment le sénateur haut-saônois LR Michel Raison à l’occasion d’un débat sur la question au palais du Luxembourg. « Comme j’avais 4 minutes de parole et que je suis administrateur à Saint-Rémy, très gros hôpital psychiatrique en Haute-Saône qui couvre également une partie du Doubs, j’ai sollicité le directeur et les médecins qui ont fait émerger cette problématique. »

Une situation critique qui semble avant tout due au manque de praticiens. « C’est général à la France et nous sommes dans la moyenne », atteste le Dr  Jean-Paul Olivier, psychiatre et chef de service du pôle adolescent de l’inter-secteur de pédopsychiatrie de l’Aire urbaine Belfort-Montbéliard. « Comme la plupart des spécialités, nous pâtissons de la conséquence à long terme du numerus clausus des années 1990. Trente ans après, la relève n’est pas au rendez-vous et les départs en retraite ne sont pas comblés. »

Douze ans pour former un professionnel

S’agissant plus spécifiquement de la pédopsychiatrie ? Non seulement, il faut douze ans environ pour former un professionnel mais, relève le praticien, « cette spécialité paraît moins concrète que la psychiatrie adulte et, l’offre s’étant diversifiée, beaucoup préfèrent se spécialiser dans d’autres domaines comme l’addictologie, la psychiatrie médico-légale voire des spécialités encore plus fines autour du sommeil notamment. »

5 M€ débloqués en 2019

Côté moyens, « la pédopsychiatrie a été notre priorité pour l’année 2019 puisque nous avons financé près de 5M€ de projets nouveaux en la matière en Bourgogne Franche-Comté », assure Édith Puglierini, directrice du projet santé mentale à l’ARS (Agence régionale de santé).

Et de citer, sur les huit départements de la grande région, « le développement des consultations périnatales et la constitution d’équipes spécialisée mobiles, notamment en Haute-Saône (chaque équipe étant financée à hauteur de 175 000 €). De même, dans le Doubs, nous avons pérennisé la Maison verte de Besançon , qui assure 6 000 consultations par an d’enfants et adolescents. Sans oublier l’hôpital de Novillars où nous avons ajouté 7 places d’hôpital de jour et allons en ajouter 7 de plus en 2020, pour un total d’un peu plus de 800 000 €. Et 5 lits de crise vont être installés dans l’Aire urbaine Belfort-Montbéliard, un lit de crise représentant 148 000 €. Plus 6 lits de crise et 3 places d’hébergement sur le territoire de la Haute-Saône. Vous voyez, on met les moyens ! »

« Moins nombreux pour des tâches plus importantes »

Reste que, comme le note le Dr  Olivier, « l’ARS peut créer des postes, s’il n’y a personne pour les occuper… » Résultat : « Nous sommes moins nombreux pour des tâches plus importantes. » Avec, pour corollaire, l’allongement des listes d’attente pour les jeunes patients : « S’agissant des adolescents, nous essayons de travailler en réseau pour cibler les cas les plus préoccupants et les prendre vite, mais les autres attendent davantage. Et cela est encore plus net chez les plus petits où les situations sont plus nombreuses, avec une inquiétude croissante de la population d’où une sollicitation très forte. »

Source EST REPUBLICAIN.

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