Nouveaux anticancéreux: beaucoup plus chers et pas toujours plus efficaces…

Le coût des anticancéreux constitue un défi pour les systèmes de santé dans les pays développés.

Plus de 300. 000 euros par an et par patient: telle était la somme effarante réclamée, début 2019, par les fabricants de deux nouveaux médicaments anticancéreux en attente de la fixation de leur prix avec les autorités sanitaires.

Nouveaux anticancéreux: beaucoup plus chers et pas toujours plus efficaces

«Le coût des anticancéreux est un défi pour les systèmes de santé des pays de l’OCDE», expliquait quelques mois plus tôt, à l’Académie de médecine, l’économiste Valérie Paris (division santé, OCDE). Or, une étude publiée en 2017 dans le BMJ indiquait que parmi les 68 indications approuvées entre 2009 et 2013 par l’Agence européenne du médicament, seulement 35 % avaient démontré un allongement de la survie et 10 % une amélioration de la qualité de vie! Cela vaut-il le coup de supporter de tels coûts?

«Tous les nouveaux produits en cancérologie ne sont pas des médicaments de rupture, loin de là !»

Patricia Marino

L’économiste de la santé Patricia Marino (Institut Paoli-Calmettes, Aix-Marseille-Université, Inserm) s’est penchée sur l’efficacité des traitements autorisés en Europe entre 2004 et 2017 pour le traitement des tumeurs solides. Elle présente ce lundi ses travaux au congrès de cancérologie de l’Esmo, à Madrid.

Parmi 36 médicaments approuvés dans 68 indications, 48 à 70 % avaient une faible valeur ajoutée en termes d’efficacité par rapport au traitement de référence, selon deux échelles de mesures (respectivement, l’échelle ESMO-MCBS et l’ASMR utilisée par les autorités sanitaires françaises). «Tous les nouveaux produits en cancérologie ne sont pas des médicaments de rupture, loin de là!», s’exclame Patricia Marino.

Cela ne veut pas dire qu’ils ne servent à rien: ils peuvent, explique la chercheuse au Figaro, être très utiles à certains patients, qui par exemple ne supportent pas le traitement de référence. «Mais il est peut-être temps, pour les patients comme pour les médecins, d’arrêter de penser que les nouveaux traitements sont forcément beaucoup mieux que les anciens.»

D’autant que leur coût mensuel est souvent plus important: 4 616 euros en moyenne contre 2 314 euros pour le traitement de référence, selon les travaux présentés ce lundi. «La corrélation entre les scores de valeur des nouveaux médicaments et leur prix est faible», indique la chercheuse, qui précise toutefois que l’analyse fine du prix de chaque médicament selon sa valeur ajoutée n’avait pas encore été réalisée.

Source LE FIGARO.

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