Nantes : une start-up propose une intelligence artificielle pour aider à diagnostiquer le cancer du sein…

La petite start-up Hera-Mi a bien poussé, elle vient d’avoir une certification et peut maintenant commercialiser son algorithme.

Son intelligence artificielle apporte un diagnostic radiologique dans la détection du cancer du sein, un deuxième avis pour aider le radiologue.

Hera-Mi / Une radiologue devant des examens de mammographie avec Breast-SlimView / © Société Hera-Mi

Hera Mi, c’est le nom de cette start-up nantaise, Hera (Déesse de la femme) et MI (pour Medical Imaging), elle est née en avril 2017.

Accompagnée par l’Incubateur Centrale-Audencia-Ensa, la Région Pays de la Loire et Atlanpole depuis l’origine, Hera-MI est également membre du pôle de compétitivité Atlanpole Biotherapies.

Elle a été soutenue par l’écosystème régional : la Région Pays de la Loire, Pays France, les technopoles, la CCI, Airbus et Total. Puis la start-up a fait une levée de fonds d’un million d’euros et a pu obtenir des financements et des aides ministérielles.

« En France, on a vraiment un soutien régional et un soutien au niveau national pour justement aller vers l’innovation », affirme Sylvie Davila, présidente et fondatrice de Hera-Mi. « Ils financent énormément l’innovation par les subventions et sans ces aides, on n’arriverait pas à aller au bout de notre développement. »

Actuellement, douze personnes travaillent majoritairement en recherche et développement autour d’une I.A. (intelligence artificielle) afin de diagnostiquer un cancer du sein.

Cette I.A. porte le nom de Breast-Slim View, elle apprend en Machine Learning (apprentissage supervisé) et en Deep Learning (apprentissage non supervisé), en analysant de très gros volumes d’imagerie médicale, des examens de mammographie. L’I.A. se construit et augmente sa performance de façon autonome.

I.A. et médecin

L’algorythme de Breast-SlimView basé sur l’I.A. détecte et supprime automatiquement toutes les zones physiologiques normales du sein (vaisseaux, tissu glandulaire, muscles, graisse, glande mammaire …) et les remplace par de la graisse artificielle afin d’offrir une image plus simple pour permettre au radiologue de visualiser en un coup d’œil les zones potentiellement suspectes.

Dans le cas de diagnostic d’un cancer du sein, les radiologues sont confrontés actuellement à une augmentation d’images par examen ainsi qu’une augmentation d’informations sur ces images, cela s’explique par une meilleure définition des clichés et la réalisation de mammographies en 3D qui génère environ 60 images par examen. Le radiologue doit maintenant gérer énormément d’informations.

« Il y a trop d’informations à analyser par le radiologue qui se retrouve avec un stress qui est lié à une quantité d’informations qu’il doit gérer avec l’œil humain, c’est pas évident, explique Sylvie Davila, il a peur de se tromper et peur de passer à côté d’un signal. En sachant que le radiologue est un humain. Dans la journée le matin, il va être frais, donc il va bien se concentrer. En fin d’après-midi, quand il aura vu 40 examens (soit 40×60=24000 images) , il sera nettement moins vigilant. Le logiciel lui, que ce soit le matin, l’après-midi ou le soir, il va pouvoir être performant.  Quel que soit le moment de la journée, le radiologue va pouvoir s’appuyer sur ce logiciel, qui lui, n’a pas de baisse de vigilance. »

Le diagnostic est fait par le médecin, c’est obligatoire

« L’objectif de notre intelligence artificielle n’est pas de remplacer le radiologue, ni de  faire un diagnostic à la place du radiologue » poursuit Sylvie Davila. « Notre logiciel va proposer une seule image supplémentaire, qui va être allégée et va afficher uniquement le cancer (…) et cette image-là va être affichée sur l’écran d’interprétation du radiologue à côté des images originelles. Le radiologue va valider ce qu’a proposé le logiciel(…) et à la fin c’est le radiologue qui fait son diagnostic final en s’appuyant sur l’expertise du logiciel. C’est un peu un second avis pour le radiologue, l’I.A. sera une alerte pour lui si ce médecin n’a pas vu une lésion, il va la regarder de façon plus précise, lui permettant ainsi de confirmer ou d’infirmer le diagnostic. »

Quel est l’objectif ?

L’objectif est principalement d’augmenter le taux de survie des patients par un diagnostic plus précoce et l’aide apportée au radiologue afin d’éviter les erreurs. Il faudra attendre au moins deux ans afin d’obtenir des chiffres sur la performance de cette I.A.

Pourquoi s’occuper du cancer du sein ?

« C’est le type de cancer où il y a le plus de verrous technologiques, donc moins de concurrents par rapport à tout ce qui est maladie neurodégénératives ou tumeur du cerveau. Le sein est un organe hautement déformable ce qui fait que c’est très compliqué de faire travailler une I.A. par rapport à un cerveau où il a des repères avec la boite crânienne qui est rigide ».

Pour Sylvie Davila, présidente et fondatrice de Hera-Mi : « L’objectif d’une start-up innovante, c’est d’aller vers l’innovation et de l’innovation avec beaucoup de verrous technologiques. Dans le cancer du sein, on sait que le taux de survie va dépendre de la précocité du dépistage. On sait que si un cancer est détecté suffisamment tôt, le taux de survie est de 99 % . Alors que si on le détecte un peu plus tard, c’est un cancer métastasé et le taux de survie est de 26 %. »

Validation et commercialisation

La start-up Hera-Mi vient d’avoir la certification européenne CE de développement des mammographies en 2D et 3D de son logiciel. Un certificat dispositif médical nécessaire pour la commercialisation de son I.A.

C’est la seule société en France à proposer ce service, les patients vont pouvoir en bénéficier dès 2020. Hera-Mi va créer une filiale aux Etats-Unis pour l’export.

Une autre société propose ce type d’I.A., c’est Google qui vient de l’annoncer il y a quelques jours.

La start-up va concentrer son activité sur le cancer du sein pendant cinq ans afin de rajouter de la performance et des nouvelles fonctionnalités en parallèle, puis va aller vers de nouveaux types de cancer comme le cancer de la prostate, le cancer digestif et peut-être le cancer du poumon.

La petite start-up se développe, elle va lancer une nouvelle levée de fonds de 2 millions d’euros en 2021.

Qu’est-ce qu’un dispositif médical ?

Un dispositif médical correspond à tout instrument, appareil, équipement, matière, produit (à l’exception des produits d’origine humaine) y compris les accessoires et logiciels, utilisé seul ou en association, à des fins médicales chez l’homme, et dont l’action principale voulue n’est pas obtenue par des moyens pharmacologiques, immunologiques ou métaboliques.
Le marché des dispositifs médicaux est très vaste et le secteur très innovant. Le tissu industriel est multiple et diversifié, comprenant à la fois de grandes multinationales et de toutes petites PME.
Il comporte plus de 20 000 types de produits, allant des consommables à usage unique ou réutilisables (pansements, compresses…), aux implants (prothèses mammaires, stimulateurs cardiaques…) en passant par les équipements (lits médicaux…), les réactifs et automates de biologie médicale. (Source ANSM)

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