Masques, passe sanitaire…Quand le Covid empoisonne l’ambiance au travail…

Après des mois de télétravail, cette semaine consacre le retour au bureau pour de nombreux salariés.

Mais entre débats sur la vaccination et respect des gestes barrière, le climat est parfois tendu.

Les locaux d'une entreprise de recrutement à Lyon.

 

Gestes barrière, vaccination, passe sanitaire… Ces pommes de discorde ont envahi tous les compartiments de la vie quotidienne, dans le cercle familial et amical, et le monde du travail ne fait pas exception. Si la révolution du télétravail a été abondamment analysée et commentée, la vie au bureau a elle aussi subi des bouleversements visibles (masques, distanciation…) et d’autres plus insidieux, notamment dans les relations entre collègues.

«Cette rentrée au bureau génère beaucoup d’appréhension chez les salariés, observe la psychologue Valentina Urreiztieta, spécialiste de la qualité de vie au travail dans le cabinet de conseil Empreinte Humaine. La communication entre collègues a été rendue très complexe à cause du télétravail avec des malentendus ou encore des vexations dus à la distance. Certains se demandent comment vont se passer les retrouvailles.»

À cette inquiétude s’ajoutent les innombrables craintes générées par la pandémie. À commencer par la peur de se contaminer dans l’open space. Ces lieux décloisonnés sont conçus pour multiplier les interactions… et donc les frictions en pleine épidémie. «Le port du masque est censé être obligatoire mais personne ne le porte alors que tout le monde n’est pas vacciné», s’agace Nicolas auprès de ses collègues. Ce dernier paraît revenir au travail à reculons. «Je me dis que je prends un risque en travaillant en présentiel et que je suis mieux en télétravail».

Parois vitrées et carcan sanitaire

En isolant chacun dans un carcan sanitaire fait de parois vitrées et de distanciation, les gestes dits «barrière» n’ont jamais aussi bien porté leur nom. «On est confronté à une surdose de normes, d’informations autour du Covid», fulmine Stéphane*, cadre à la Société Générale. Ça pèse sur la convivialité et même la politesse au bureau». Ce salarié à la gestion des risques se dit étourdi par le nombre de mails de la direction déplorant le non-respect des gestes barrières, déboussolé par les flèches au sol et lassé par les remarques de ses collègues pointilleux. «J’ai un peu le sentiment d’être épié, sous surveillance en permanence», regrette-t-il en disant «le plaisir» qu’il a désormais à rester en télétravail deux à trois jours par semaine.

De nombreux travailleurs parlent finalement du télétravail comme d’un refuge face à la dégradation de l’ambiance au bureau. «Ces travailleurs ont vécu les avantages du télétravail, et voient moins l’intérêt de retourner au bureau qui n’est plus l’unique lieu symbolique de la vie professionnelle, analyse Valentina Urreiztieta, du cabinet Empreinte Humaine. L’enjeu pour les entreprises, c’est de les convaincre de revenir au moins partiellement en présentiel.»

Débats à la machine à café

Au-delà des risques sanitaires et de la flexibilité offerte par le télétravail, les employés s’agacent aussi des débats autour de la crise sanitaire. «Avec les chaînes d’information en continu dans les espaces communs, les discussions sont réalimentées en permanence par les rebondissements épidémiques et les mesures gouvernementales», pointe Laurent Laporte, cadre dans un hôpital psychiatrique et délégué CGT. Ce sont des sujets qui clivent et qui provoquent des disputes parmi les soignants.»

Ceux qui se trouvent en minorité à cause de leurs opinions éprouvent parfois en sentiment de mise à l’écart. «J’ai clairement la sensation d’être considéré comme un idiot ou un irresponsable par mes collègues», estime Thomas, jeune homme de 24 ans aux arguments posés qui ne souhaite pas se faire vacciner pour l’instant. Ce conducteur de travaux dans une grande entreprise de construction assimile les discussions avec ses collègues «au mieux à un débat entre politiques, au pire à une engueulade sur un plateau TV» Heureusement, toute son équipe change de sujet lors des pauses déjeuner au restaurant et Thomas considère que son quotidien n’est «pas encore trop affecté» par ces tensions.

«Grande vulnérabilité psychologique»

«Il y a un vrai risque de conflits de valeurs entre salariés sur les questions de liberté, de santé autour du passe sanitaire», anticipe la psychologue Valentina Urreiztieta. Pour elle, les prochaines semaines seront «décisives» dans le déminage ou l’aggravation de ces potentiels conflits. Aux managers de se montrer diplomates pour maintenir le bon fonctionnement de leur service. «Je dois faire très attention au climat de travail dans les équipes, raconte le cadre hospitalier Laurent Laporte, très éprouvé par la «mauvaise ambiance dans les équipes».

La santé des salariés pourrait également souffrir de cette ambiance empoisonnée. La psychologue Valentina Urreiztieta alerte sur une potentielle vague de burn-out dans les prochains mois : «De nombreux salariés se trouvent déjà en grande vulnérabilité psychologique».

Source LE FIGARO.

 

Pour marque-pages : Permaliens.