Maladie d’Alzheimer : la culinothérapie pour soulager les patients et leurs aidants…

A Montpellier, l’association France Alzheimer organise des ateliers de cuisine pour les couples « aidants-aidés ».

Une façon de briser la solitude mais aussi de stimuler le cerveau. 

À Montpellier, l’association France Alzheimer organise des ateliers de culinothérapie

 

Quand les goûts et les saveurs réveillent les souvenirs. A l’occasion de la journée mondiale de la maladie d’Alzheimer, zoom sur la culinothérapie : des ateliers de cuisine pour stimuler le cerveau.

« Aujourd’hui, on va préparer une entrée et un plat, d’abord une quenelle de chèvre aux fleurs comestibles puis des ballotines de volaille », annonce le chef, Pierre Nail, devant ses fourneaux de l’ESAT La bulle bleue à Montpellier. Face à lui, trois couples « aidants-aidés ». Ils ont entre 75 et 85 ans et se battent au quotidien contre cette maladie neurodégénérative qui touche plus d’1,2 millions en France.

Les ateliers sont encadrés par une psychologue et un ergothérapeute

Les ateliers sont encadrés par une psychologue et un ergothérapeute

« Rappeler la fonction d’une fourchette ou d’un couteau »

Penché sur sa planche à découper, Michel émince les champignons avec beaucoup de précision. L’enjeu pour nous « c’est d’arriver à ce qu’il s’implique dans quelque chose », commente Dany en guidant son mari qui est malade.

« Peu importe si c’est bien fait ou non. Le simple fait qu’il s’intéresse à une tâche et qu’il fasse des efforts, c’est déjà énorme! »

Car à la maison, faire la cuisine, c’est plus compliqué, voire impossible : « chez nous, le temps est multiplié par deux, l’incompréhension est multipliée par deux. On pense pour deux, on fait pour deux », confie cette femme élégante dans un sourire.

Lors des ateliers de culinothérapie, les patients Alzheimer sont accompagnés par un ergothérapeute qui les aide à être autonome dans leurs gestes. « Un des syndromes de la maladies reste les troubles dits exécutifs. Les patients éprouvent des difficultés de planification, d’organisation car leur mémoire de travail est altérée », explique Alexandre Delarse qui est venu avec une sacoche pleine d’accessoires. « Pour les aider, il faut mettre en place des petites astuces. Les guider par la parole, utiliser des repères colorés pour rappeler la fonction par exemple d’une fourchette ou d’un couteau », poursuit l’ergothérapeute.

Les outils de l’ergothérapeute pour aider les malades à réaliser certains gestes devenus difficiles. Parmi eux, un dé à couper et un couteau à bascule

Les outils de l’ergothérapeute pour aider les malades à réaliser certains gestes devenus difficiles. Parmi eux, un dé à couper et un couteau à bascule

Mais ces techniques rencontrent parfois leurs limites, en fonction du stade avancé ou non de la maladie. De l’autre côté de la cuisine, Françoise voit bien que son mari Roger a du mal à rester en place. « C’est compliqué pour lui de rester concentré pendant deux heures. Là, il se promène pendant qu’on apprend à faire des ballotines. Il y a un manque de motivation, peut-être aussi une stratégie d’évitement, la peur d’être mis en difficulté », s’interroge cette aidante. « C’est pas facile pour lui, quand on n’a pas de mémoire, on n’a pas de passé et on n’a pas de futur ».

« Des rapprochements se font, grâce aux odeurs, aux sensations »

Et pourtant au cours de l’après-midi, le passé de cet ancien professeur de maths ressurgit, des souvenirs de sa jeunesse. « Je me souviens quand j’étais à la fac de ces repas qu’on prenait entre amis, du vin aussi… », raconte le septuagénaire à la psychologue qui encadre l’atelier.

« Visiblement, il y a des rapprochements qui se font, grâce aux odeurs, aux sensations, aux couleurs », commente la psy Mélanie Arnould-Roques, qui travaille pour l’association France Alzheimer Hérault. « C’est l’un des objectifs de ces ateliers :  stimuler les sens pour aider les personnes à retrouver des souvenirs anciens préservés par la maladie. » Des souvenirs comme des madeleines de Proust et qui remontent à la surface sans crier gare. Pour garder une trace de cet après-midi gastronomique, Françoise prend en photo les plats concoctés : « on essaiera de les refaire à la maison ».

Le chef a choisi de travailler avec des fleurs comestibles, une touche de couleur qui peut faire émerger des souvenirs

Le chef a choisi de travailler avec des fleurs comestibles, une touche de couleur qui peut faire émerger des souvenirs

Source FRANCE INTER.

 

 

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