Profiter des fêtes de fin d’année pour transmettre aux consommateurs des réflexes plus responsables et solidaires. C’est le pari des « Halles Inclusives », ce nouveau marché de Noël, organisé à Lyon le samedi 18 décembre.
Il ne propose que des produits fabriqués par des travailleurs en situation de handicap.
Alors que les marchés de Noël illuminent toutes les villes de France, à Lyon, les « Halles Inclusives » proposent une version plus solidaire ce samedi 18 décembre, au Centre des Congrès. Du vin, des bijoux, des bougies, des vêtements, les produits sont ceux que l’on trouve classiquement dans les évènements de ce genre, mais derrière les stands : des travailleurs en situation de handicap.
Imaginé par l’association « Prête-moi tes ailes » qui accompagne les familles avec des personnes en situation de handicap, le projet a émergé pendant le confinement. L’objectif, c’est de sensibiliser le grand public et de mettre en lumière le savoir-faire de ces professionnels porteur d’un handicap cognitif, moteur ou sensoriel.
« C’est nécessaire, pour plusieurs raisons : d’abord ce ne sont pas les travailleurs que l’on voit le plus et ensuite on a encore tendance à penser que le travail réalisé par les personnes en situation de handicap, c’est un « petit » travail ou de la manutention, alors qu’ils font en fait du travail haut de gamme et de très belle qualité, on le voit aujourd’hui », explique Clotilde Jenoudet-Henrion, présidente de Prête-moi tes ailes.
Une vitrine pour des entreprises vertueuses
En France, plus de 150 000 personnes en situation de handicap travaillent aujourd’hui dans des secteurs adaptés, soit au sein d’ESAT (Établissements et services d’aide par le travail) soit dans des entreprises adaptées (qui comptent un pourcentage de travailleurs porteurs d’un handicap) et ce, dans plus de 200 filières différentes.
« Historiquement, beaucoup de travailleurs handicapés travaillent dans des ESAT, c’est à dire des ateliers et les produits sont ensuite revendus par des entreprises qui y accolent leurs noms, on ne sait donc pas que cela a été produit par des personnes en situation de handicap »,
raconte Clotilde Jenoudet-Henrion.
Une journée de terrain mais aussi de rencontres avec le consommateur. « Les choses ont déjà beaucoup progressé, mais certains ont encore des regards surpris, interpellés ou déstabilisés. Ce genre de salon contribue à faire évoluer et changer les regards, à normaliser ces travailleurs en situation de handicap ». Pour l’entrepreneur, qui emploi 6 personnes en situation de handicap, c’est aussi un véritable vitrine.
D’où la volonté de faire sortir ces travailleurs de l’ombre et de leur proposer une rencontre avec le public. C’est le cas de Nicolas, jeune travailleur en situation de handicap chez Capucine et Gaston, traiteur lyonnais. D’ordinaire, il est derrière les fourneaux. Aujourd’hui, c’est derrière un stand qu’il propose, avec son employeur, toute une gamme de plats bio en bocaux stérilisés. « Ce marché, c’est un moyen de se faire connaître et pour nos jeunes, d’être en contact avec le public, d’apprendre à expliquer, renseigner, compter. On est sur de la pratique avec de l’apprentissage sur le terrain », témoigne Jean-Christophe Guidollet, fondateur de Capucine et Gaston.
« Cela permet de faire connaître nos actions, de sensibiliser les gens. C’est une manière de dire, il y a des gens, des structures, des hommes et des femmes, comme les autres, qui œuvrent au quotidien pour que les choses changent, et on va vous les présenter sur une journée »
Jean-Christophe Guidollet
Un tremplin pour le travail handicapé
Une vitrine pour la trentaine d’exposants et un tremplin pour les travailleurs. Car les personnes en situation de handicap peinent souvent aujourd’hui à trouver du travail et le recours à la sous-traitance dans les secteurs protégés et adaptés gagne encore à être connue. « Il y a de plus en plus d’entreprises qui font du beau travail, qui intègrent vraiment les travailleurs en situation de handicap dans leurs équipes et pour qui se n’est pas juste un chiffre dans les statistiques. On voulait aussi mettre en lumière ces entreprises là » explique Clotilde Jenoudet-Henrion.
Car dans certaines filières, le recours au travail handicapé pourrait être une solution. C’est le cas par exemple des métiers de bouche, comme le pointe le fondateur du traiteur Capucine et Gaston. «On est sur des métiers à fort besoin humain, qui ne sont pas mécanisables et qui nécessitent de l’Homme, et on est aussi sur des secteurs en tension ».
La promotion d’un commerce responsable et solidaire
Et pour le client, c’est de 100% gagnant, parce qu’en plus d’être équitable et solidaire, ce marché de Noël est aussi éco-responsable. Tous les exposants viennent de la région et proposent des produits faits en Auvergne-Rhône-Alpes. « On est dans une période où l’on a besoin de donner du sens aux choses, et ce qu’on propose aujourd’hui, c’est une nouvelle façon de consommer. La plupart de ces entreprises ou entrepreneurs n’ont pas encore de boutiques en ligne, et là, ça permet de faire marcher un circuit à la court, c’est à dire local et artisanal, mais aussi vertueux et solidaire» conclue Clotilde Jenoudet-Henrion.
Source FR3.