Limoges: les Accompagnants d’Elèves en Situation de Handicap ne veulent plus être une « variable d’ajustement »…

Horaires imposées, contrats précaires pour un travail indispensable au sein des classes: les AESH (Accompagnants d’Elèves en Situation de Handicap) ont manifesté devant le rectorat à Limoges.

Ils réclament plus de considération et un véritable statut pour leur métier. 

Les Accompagnants d'Eleves en Situation de Handicap ont manifesté devant le rectorat à Limoges ce mercredi. Ils réclament plus de considération et un véritable statut.

Ce sont les petites mains de l’éducation nationale qui accompagnent chaque jour les élèves en situation de handicap dans les écoles. Un métier passionnant, prenant mais surtout précaire. C’est pour cela qu’une vingtaine d’Accompagnants d’Élève en Situation de Handicap ont manifesté ce mercredi devant les grilles du rectorat à Limoges.

Des contrats divers, variés et précaires

C’est le cas d’Yvette qui s’occupe de 4 élèves en situation de handicap. Ce métier la passionne, mais elle l’avoue, psychologiquement c’est dur car la formation est plus de « l’information » selon elle. Cela l’oblige à apprendre son métier sur le tas « En n’ayant pas de formation on est obligé d’avoir des stratégies pour pouvoir avancer, faire progresser l’élève. Notre but c’est que ces enfants deviennent autonomes ». Oui, mais à quel prix ? Des contrats précaires, pas toujours le même d’un accompagnant à un autre, tout comme les horaires « J’ai ma collègue qui est à 20 heures 30 de travail, elle gagne 608 euros par mois. Moi je suis à 22 heures 15 et je gagne 650 euros ».

Un métier à deux visages

Stéphane Lajaumont, enseignant, membre du syndicat SNES-FSU dresse le portrait d’un métier à deux facettes : _ »être AESH c’est exercer un métier qui peut être passionnant,_ _pour accompagner des élèves en situation de handicap, leur permettre une inclusion scolaire, leur donner une chance de réussir à l’école«  explique-t-il avant d’évoquer l’envers de la médaille : « C’est un salaire misérable, qui est indigne la plupart temps parce que ce sont des personnels qui se retrouvent en temps partiel, imposé, entre 22 et 24 heures par semaine mais la répartition ne permet pas de cumuler avec un autre travail, et avec 22 à 24 heures de travail chaque semaine on est sur des salaires de l’ordre de 600 à 700 euros ! »_

Une aide précieuse pour les enfants et les enseignants

Le paradoxe ? C’est qu’il y a de plus en plus de besoin. Nathalie est parente d’élève et siège au sein de la MDPH, la Maison Départemental des Personnes Handicapées. Elle l’assure, le nombre de dossiers augmente, et pour cause « il y a de plus en plus d’enfants diagnostiqué ».

Bilan, tous les enfants ne peuvent pas bénéficier d’une aide. Celle-ci paraît pourtant indispensable, car si l’AESH aide l’élève, il représente une aide précieuse également pour l’enseignant explique Fabrice, qui enseigne dans le département de la Creuse. « C’est la possibilité d’apporter l’aide nécessaire pour passer le cap des apprentissages ce que l’on est pas capable de faire en temps réel en tant qu’enseignant », détaille-t-il tout en évoquant une amie AESH qui a, depuis, quitté un métier qui ne lui permettait pas de vivre. Lui, dresse aussi le portrait d’une profession devenue une variable d’ajustement lorsqu’il s’agit de faire des économies.

Un métier instable, et un besoin de reconnaissance

Avant Yvette avait la charge d’un seul et même petit élève, aujourd’hui elle a deux élèves de CM1 et deux de CM2, et les enseignants se partagent ses « services » pour que cela soit équitable pour chaque enfant. Mais cet emploi du temps peut changer à tout moment ou presque si on estime qu’un enfant n’a plus besoin d’elle. Cet emploi du temps changera dans tous les cas à la rentrée, jusqu’à la fin du mois d’août, comme chaque année, elle ne saura pas si elle garde ce travail, ni combien d’élèves elle aidera, ni où elle exercera. Une incertitude qui pèse sur le quotidien.

 Elle craint aussi un élargissement et une mutualisation, l’obligeant à jongler sur plusieurs établissements, obligeant aussi les élèves à changer régulièrement d’accompagnants, et donc de repères, précieux chez des enfants atteints de certains handicaps.  Comme l’explique Yvette, les AESH veulent une reconnaissance de leur travail. Cela passe par le statut, les revenus, la stabilité aussi.

Stéphane Lajaumont les défend à travers son syndicat, et estime qu’au regard de leur mission, l’Education Nationale doit reconnaître en l’Accompagnant d’Elève en Situation de Handicap, un métier de service public. Cela signifie, « un statut de fonctionnaire, avec le salaire qui va avec, avec le temps de travail qui va avec, avec une reconnaissance, avec un droit à formation, avec des droits syndicaux et sociaux qui vont avec. »

Source FRANCE BLEU.

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