Les retraites face à un choc démographique d’ici 2040…

Au moment où la campagne présidentielle entre dans sa dernière ligne droite, l’âge de départ focalise l’essentiel des débats sur les retraites.

Tribune de Valérie Batigne, dirigeante-fondatrice de Sapiendo Retraite.

Tribune de Valérie Batigne, dirigeante-fondatrice de Sapiendo Retraite.

A ce sujet, Valérie Batigne, fondatrice et dirigeante du cabinet expert Sapiendo Retraite rappelle l’importante augmentation de la part des seniors d’ici 2040 qui provoquera un déséquilibre structurel inéluctable.

33 % de seniors en plus d’ici 2040 par rapport aux 20-64 ans

Dans moins de 20 ans, notre système de retraite devra absorber une augmentation de 33 % de personnes de plus de 65 ans par rapport aux 20-64 ans, selon les calculs Sapiendo issus des statistiques de l’Insee (projection de la population 2021-2070, janv. 2022 et nov. 2016).

En 2040, la France comptera 50 seniors (65 ans et plus) pour 100 personnes de 20 à 64 ans contre 38 aujourd’hui. Et le ratio passera, en 2070, à 57 seniors pour 100 personnes de 20 à 64 ans.

C’est un choc démographique pour notre système de protection sociale, dont il faut prendre la mesure au plus vite, avec des réformes en conséquence, puisque dans notre système de retraite par répartition, ce sont les actifs qui financent les pensions des retraités.

Un équilibre entre le nombre de cotisants et retraités est indispensable pour préserver notre modèle. Certes, les projections de l’Insee ne traduisent pas directement un rapport cotisants/cotisés mais ces dernières sont étroitement corrélées.

Un défi pour maintenir la confiance des jeunes générations dans notre modèle

Tout l’enjeu est d’adapter le système pour que les jeunes générations gardent confiance dans notre système de retraite de manière à maintenir des niveaux de pensions globaux en adéquation avec leur effort contributif, qui est très important. Il faut rendre le rapport cotisations / droits acquis lisible.

Dans le système actuel, les leviers de réforme tournent autour de trois paramètres : relever l’âge de départ, augmenter le taux de cotisation ou diminuer les pensions. Ces leviers, déjà utilisés, n’affectent pas les mêmes personnes.

Par exemple, diminuer le niveau de pension en augmentant les prélèvements sociaux affectera les retraités. Reculer l’âge de départ en retraite impactera les actifs. Il n’y a pas de solutions faciles.

Un défi pour encourager à travailler plus longtemps

Prolonger la durée de vie active reste le levier le plus efficace, puisque cette mesure permet de générer rapidement des économies. Des leviers, plus incitatifs et offrant plus de liberté aux assurés, pourraient être envisagés.

Un système qui laisserait à l’assuré le choix de l’âge de départ en assortissant d’un système de décotes pour dissuader de partir tôt et de surcotes plus fortes pour inciter à travailler plus longtemps, à l’image du bonus-malus en place à l’Agirc- Arrco. Ces décotes-surcotes devraient se rapprocher du coût réel actuariel d’un âge de départ précoce ou tardif.

Simplifier et encourager le cumul emploi-retraite pourraient aussi être une solution à explorer, car les cotisations payées par les retraités qui reprennent une nouvelle activité permettraient d’alimenter notre système de protection sociale.

Aujourd’hui, les règles du cumul emploi-retraite sont complexes. De plus, les cotisations versées à l’occasion de l’activité de cumul ne rapportent pas de nouveaux droits au retraité qui reprend une activité. Corriger ces défauts faciliterait les reprises d’activité.

Source ARGENT BOURSIER.

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