Les acteurs handicapés sont encore trop absents du petit écran…

Les personnes handicapées sont très rarement représentées dans les fictions.

Mais quelques acteurs concernés prennent enfin le devant de la scène.

 

Les acteurs de la série « Vestiaires » Adda Abdelli, Anaïs Fabre, Alexandre Philip, Kristoff Fluder et Philippe Sivy.

De Caïn sur France 2 aux Bracelets rouges sur TF1 , la télévision commence à aborder le thème du handicap. Problème : la majorité des personnages sont incarnés par des acteurs valides. Un vrai sujet, souligné en septembre dernier par le rapport du CSA sur la diversité. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel estimait la présence des personnes handicapées à l’écran à 0,7 %, alors qu’elles sont 12 millions en France.

« Il faut que le handicap soit mieux connu et compris. »

Pourtant, les fictions mettant en scène des acteurs concernés fonctionnent. La preuve : les joyeux trublions aquatiques de Vestiaires sont de retour pour une dixième saison (France 2). Cette série courte connaît un joli succès d’audience avec un casting quasiment à 100 % handicapé. Pour l’un de ses co-créateurs, Adda Abdelli, l’équation est simple : « Les 0,7 % sont tous chez nous ! »

En septembre, M6 a fait jouer la jeune Naomi dans le rôle principal du téléfilm Apprendre à t’aimer, fiction traitant de la trisomie 21.

Pour sa mère, Marjolaine Roux, cette participation était importante : « Nous voulons que notre fille grandisse dans une société où elle sera pleinement accueillie comme elle est. Pour cela, il faut que le handicap soit mieux connu et compris. »

Être jugé sur son talent

Elle estime tout de même qu’il y a une « sous-représentation » à la télévision et souhaiterait « voir plus de personnes handicapées dans des fictions dont ce n’est pas le sujet principal. Les interprètes pourraient incarner des sœurs, des amis, des amoureux, des collègues… On oublie souvent de les regarder comme des personnes. Naomie est porteuse de trisomie 21, cela fait partie d’elle. Mais ça ne résume pas tout ce qu’elle est. »

Un constat partagé par Adda Abdelli. Si l’acteur est plutôt confiant sur l’engagement des chaînes de télé, il estime que les rôles sont trop souvent réservés à des comédiens valides. « Ça ne me gêne pas qu’ils jouent des personnages handicapés, mais je voudrais que l’inverse soit aussi vrai. J’aimerais pouvoir jouer un avocat véreux ou un amant éconduit. Juste parce que c’est le personnage. »

Il estime que les réalisateurs commencent à prendre conscience « que nous sommes des êtres humains avant d’être des handicaps. La représentation à l’écran est fondamentale dans la construction de soi. J’ai vécu pendant presque quarante ans en ne voyant aucun handicapé à la télé. Ne pas montrer, c’est nier l’autre. C’est problématique, surtout lorsqu’on est jeune. »

Pour lui, si dans un monde « ultra-scénarisé » , entre réseaux sociaux, blogs, webséries, « on ne se retrouve nulle part, c’est dramatique. Que l’on nous donne des opportunités, que l’on nous vire parce qu’on est mauvais acteurs, pas parce que l’on est handicapé. Donnez-nous notre chance ! »

Source OUEST FRANCE.

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