Le Covid-19 est-il en train de disparaître en France ?…

Dans plusieurs départements, il n’y a pas eu un seul cas positif de Covid-19.

Le Covid-19 circule toujours dans le pays, mais dans certaines régions, il semble disparaître peu à peu.

C’est même le cas dans des départements qui ont été durement touchés par l’épidémie.

En France, plusieurs indicateurs, comme les hospitalisations ou les admissions en réanimation, laissent penser que l'épidémie est en train de disparaître

Trois semaines après le début du déconfinement, où en est l’épidémie en France ? Certains indicateurs comme les hospitalisations ou les admissions en réanimation sont en chute libre. Dans un grand nombre de départements, il n’y a presque plus de nouveaux cas positifs. Le Covid-19 circule toujours dans le pays, mais dans plusieurs départements il semble disparaître peu à peu. C’est le cas même dans des départements où le virus a été très virulent.

Néanmoins, tant qu’il y a encore des cas, l’épidémie peut « reprendre », et en l’état, « personne ne peut dire que l’épidémie est terminée« , prévient le docteur Sophie Marc qui travaille à l’hôpital de Corbeil-Essonnes (Essone).

Le nombre des nouveaux cas reste très bas en France

En France, depuis plusieurs semaines, on assiste à une forte montée en puissance du nombre de tests réalisés. Pour autant, le nombre de nouveaux cas de Covid-19 dépistés reste très bas. Il y a eu 338 nouveaux cas lundi. 257 nouveaux cas dimanche et moins de 200 mardi dernier. Souvenons nous qu’il y a encore quelques semaines, on comptabilisait plusieurs milliers de nouveaux cas chaque jour. (Attention aux indicateurs de la semaine dernière: il y a eu des corrections statistiques des autorités sanitaires mais ces dernières ne témoignent pas d’une reprise de l’épidémie.)

Certaines données mises en ligne par les autorités sanitaires montrent un effritement évident de l’épidémie en France. Les tests PCR réalisés en laboratoire de ville, par exemple. Les dernières données disponibles remontent au 26 mai : ce jour-là, 7433 tests ont été réalisés dans toute la France… pour seulement 43 résultats positifs. Infinitésimal.

Dans plusieurs départements français, il n’y a plus aucun cas

Pour la journée du 29 mai on a comptabilisé zéro nouveau cas dans le Jura, l’Yonne ou la Nièvre. Dans le Doubs, la Haute-Saône, la Saône-et-Loire, on en comptabilisait un. Dans certains départements, comme la Haute-Saône, cela fait plusieurs fois en une semaine qu’il y a zéro nouveau cas sur une journée.

En région PACA, où près de 17 000 personnes ont été été testées positives au Covid-19 depuis le début de la crise, il n’y a eu que 24 cas positifs samedi. À rapporter à ses 5 millions d’habitants…

Même dans certaines régions où le virus a fortement circulé, l’épidémie est en train de disparaître, comme en Corse. Dans les deux départements de l’Île de beauté, les dernières données remontées (le 27 mai) font état de zéro nouveau cas en 24 heures :

Données issues des laboratoires à l’hôpital et en ville (données consolidée du 27 et en attente de consolidation du 28 mai)

Données issues des laboratoires à l’hôpital et en ville (données consolidée du 27 et en attente de consolidation du 28 mai)

Dans la Somme, un département durement touché par l’épidémie (217 décès à l’hôpital depuis le début de la crise), le centre Covid-19 d’Abbeville va fermer ses portes: plus personne ne vient se faire tester, relate le Courrier Picard. Même dans le département voisin de l’Oise où l’épidémie a été très virulente, on n’a enregistré que trois nouvelles admissions dans les hôpitaux pour des Covid-19 les 27 et 28 mai.

« Des équipes mobiles qui cherchent les endroits où il pourrait y avoir des cas positifs –dans des quartiers défavorisés, dans les foyers– reviennent bredouilles « 

Des patients positifs, le docteur Philippe Houdart, médecin généraliste dans un quartier populaire du 18e arrondissement de Paris où le virus a été virulent, n’en voit plus.

« Depuis une quinzaine de jours tous les patients qu’on fait tester, et on en a fait tester une dizaine, sont négatifs. Des équipes mobiles avec qui on travaille, qui cherchent les endroits où il pourrait y en avoir : dans des quartiers défavorisés, dans les foyers, reviennent bredouilles aussi ». 

Même son de cloche dans un laboratoire d’analyse de l’est de la capitale: « il y a trois semaines on avait plein de tests positifs, maintenant on n’en a plus aucun », affirme un laborantin qui en pratique à la chaîne, plusieurs dizaines par jour. Mais attention, prévient le docteur Philippe Houdart. « De là à dire que ça ne va pas repartir, il faut attendre la réouverture de terrasses et la reprise de la vie quotidienne à Paris, fin juin on pourra être rassuré si ça n’a pas repris. » 

Les hospitalisations au plus bas dans tout le pays

Depuis le pic de l’épidémie, les hospitalisations de patients pour Covid-19 sont en chute libre. On comptait plus de 4 000 hospitalisations en 24 heures le 1er avril, on n’en compte que 89 ce lundi et 72 ce dimanche. En moyenne lissée sur huit jours, on est passé sous les 230 hospitalisations quotidiennes en France. C’est un record à la baisse depuis le début de l’épidémie.

Dans toute la France, il y a plus de 14 000 personnes hospitalisées pour Covid-19. Si on en compte un peu plus de 900 à Paris ou en Seine-Saint-Denis, les départements les plus touchés, on en compte une ou deux en Lozère, en Ariège ou dans les Pyrénées-Orientales. Dans une dizaine de départements en France, il y a moins de dix personnes hospitalisées pour Covid-19.

En Auvergne il n’y a eu aucune nouvelle hospitalisation pour Covid-19 le 31 mai. Dans les Hauts-de-France, région très durement touchée depuis le début de l’épidémie, on a dénombré quatre nouvelles hospitalisations dimanche, contre 25 la veille. C’est très peu, quand on sait que dans cette région, 1 414 personnes sont hospitalisées.

Les admissions en réanimation sont devenues rares

Logiquement, les admissions en réa sont aussi au plus bas. En moyenne, depuis huit jours, une trentaine de patients sont admis en réa chaque jour. Il n’y a eu que neuf nouvelles admissions en réa lundi. Bien loin des 700 cas journaliers qu’on comptabilisait fin mars. Il y a encore beaucoup de patients traités en réa à travers le pays pour des cas de Covid-19 –plus de 1 300– mais il y en a très peu qui rentrent. À elles quatre, les régions Île-de-France, Grand-Est, Auvergne-Rhône-Alpes et Hauts-de-France regroupent 73% des patients hospitalisés en réanimation.

Mais en dehors de ces quatre régions, les chiffres sont très encourageants. Dans plus de 90% des départements français il n’y a eu aucune admission en réanimation pour Covid-19 dimanche. En Haute-Saône ou dans les Pyrénées-Orientales il n’y a aucun patient Covid-19 en réanimation depuis une semaine. Dans le Jura, cela fait dix jours qu’il n’y en a plus. En Dordogne, dans les Alpes-de-Hautes-Provence, dans l’Aveyron ou dans l’Allier, il n’y a plus aucun patient en réa.

Dans la Nièvre, il n’y a qu’un patient en réanimation. Pareil en Charente, en Charente-Maritime ou en Haute-Loire. Dans le Cantal il y a deux patients en réa. Dans les Ardennes, on en comptait trois, selon les dernières données.

Dans les cinq départements de la région normande, on comptait 20 personnes en réa pour Covid le 28 mai. Dans plusieurs dizaines de départements en France, on compte moins de cinq patients en réa par département.

À l’autre bout de l’échelle, à titre de comparaison, on dénombre 86 patients en réa en Seine-Saint-Denis, l’un des départements les plus touchés en France.

« Personne peut dire que l’épidémie est terminée »

Côté hôpital, à Corbeil-Essonnes (Essone), il n’y a plus d’entrées en réanimation de patients Covid depuis deux semaines, mais le docteur Sophie Marc reste réservée. On sait maintenant qu’il y avait déjà quelques cas en décembre et la vague avait alors mis plusieurs semaines avant de déferler, rappelle-t-elle.

« Il a fallu attendre plusieurs semaines pour que l’épidémie se développe vraiment. Donc, à partir de là, on peut se dire que si aujourd’hui, on part d’un état de fait où il y a très peu de patients porteurs du Covid, il faut certainement attendre plusieurs semaines pour que l’épidémie ait le temps de reprendre. C’est pour ça que nous, on est très prudents. Je ne pense pas qu’on puisse dire que l’épidémie soit terminée. Personne ne peut dire ça. On attend plutôt le mois de juillet pour être rassuré. »

Source FRANCE INTER.

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