La Saison des tourteaux : le film-documentaire réalisé à Étretat bouleverse des spectateurs dans le monde entier. Vidéo…

Le film diffusé en 2020 sur France 3 Normandie brosse un portrait émouvant de Christophe, le « pêcheur à la tâte » malvoyant qui traque les crabes au toucher.

Le documentaire a été récompensé en Inde et aux Etats-Unis.

Il est projeté ce vendredi 3 septembre au Havre en ouverture de la fête de la mer. 

La Saison des tourteaux : le film-documentaire réalisé à Étretat bouleverse des spectateurs dans le monde entier

 

La mer est nourricière. Encore faut-il se donner un peu de peine. Depuis toujours, les habitants d’Étretat allaient « au rocher » pêcher les étrilles et les tourteaux à mains nues. Cette pêche « à la tâte » est tombée en désuétude. La modernité est passée par là, laissant ses outils qui permettent aujourd’hui de ne pas se mouiller.

Christophe pêche à la tâte depuis sa plus tendre enfance. Chaque année, dès le mois de mars, il entre dans l’eau, presque insensible au froid. Ses doigts caressent le rocher, glissent sur les algues, à la recherche de la proie. « C’est comme lire du braille », dit-il en ouverture de La saison des tourteaux. Christophe est malvoyant profond. Sur les cailloux, il voit avec les mains.

« Nous avons suivi une saison de pêche, explique Martin Benoist, le résalisateur. Elle commence en mars, quand l’eau se réchauffe un peu et elle se termine en décembre, quand la température devient trop basse ». Depuis quarante ans, Christophe lit dans les cailloux. « Il a accumulé une telle connaissance de l’endroit, ça tient aujourd’hui de la magie. C’est presque cosmique », observe Martin Benoist.

« Il se sent à sa place, en communion avec la nature. Dans l’eau, le fait d’être malvoyant n’est plus un handicap, mais une force. »

Martin Benoist, réalisateur de La saison des tourteaux

Le film a été tourné en 2019. Il a été diffusé sur France 3 Normandie l’année suivante. Depuis, La saison des tourteaux voyage. Le documentaire a été sélectionné dans une dizaine de festivals à travers le monde. Il a déjà raflé cinq prix, « en Inde, à Saint-Petersbourg en Russie, en France et deux fois aux Etats-Unis ». Pandémie et confinement obligent, la plupart de ces événements n’ont existé qu’en ligne, « mais j’ai reçu des tas de messages du monde entier ». L’histoire de cet homme qui surmonte son handicap en faisant corps avec la nature bouleverse sur tous les continents.

« La figure du pêcheur, le geste à mains nues, le fait de se glisser dans l’océan et de renaître un peu à chaque fois, c’est presque mythologique. »

Martin Benoist, réalisateur de La saison des tourteaux

La saison des tourteaux doit être projetée lors de la soirée d’ouverture de la Fête de la mer au Havre le vendredi 3 septembre. « On a déjà fait une petite tournée en Bretagne. C’est génial de se sentir ensemble au contact d’un film », jubile Martin Benoist. Christophe sera là pour expliquer comment la mer le nourrit :

« Moi ce que je vois, la beauté que je vois là-dedans, c’est je te dis, le fait que ça soit immensément présent, que ça soit là depuis longtemps avant moi (…). Et ça c’est une beauté écrasante, une beauté qui te dit que t’es rien (…) C’est ça que j’aime. Et je me sens bien. Je me sens bien parce que je me sens épaulé dans un monde… où je me sens petit. »

Christophe, dans La saison des tourteaux7

Source FR3.

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