Hausse préoccupante des pensées suicidaires chez les adolescentes…

Les chercheurs observent un lien très fort entre tentative de suicide et usage de tabac et autres substances psychoactives.

Hausse préoccupante des pensées suicidaires chez les adolescentes

A 17 ans, près de 3% des adolescents ont déjà fait une tentative de suicide ayant nécessité une hospitalisation, et plus d’un sur 10 a eu des pensées suicidaires dans l’année. Ces statistiques, issues du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié mardi 4 février, donnent la mesure de la souffrance psychique des jeunes Français, et plus spécifiquement des jeunes Françaises. Car selon les auteurs de l’étude dévoilée à l’occasion de la journée nationale pour la prévention du suicide, «le syndrome dépressif et les tentatives de suicide sont davantage le fait des filles».

Chez les adolescentes, les indicateurs sont au rouge. Les chercheurs constatent la hausse du nombre de tentatives de suicides entre 2011 et 2017, mais aussi des pensées suicidaires (alors que ce paramètre était en recul dans la précédente enquête). «Il n’est pas rare, durant cette période de vulnérabilité qu’est l’adolescence, que des idées noires s’installent», commente le Pr Pierre Thomas, psychiatre au CHU de Lille. «Qu’est-ce que je fais là? Je suis un fardeau. Quand on est mort, on n’est plus embêté… Ces ruminations surviennent plus facilement quand on est déprimé. Or elles peuvent être désamorcées par le dialogue si elles sont identifiées par l’entourage».

Les jeunes gens ont été interrogés dans le cadre de l’enquête Escapad, menée par l’Observatoire français des drogues et de la toxicomanie (OFDT) lors de la Journée défense et citoyenneté. Si le syndrome dépressif apparaît comme le principal facteur de risque d’idées noires et de passage à l’acte, les chercheurs observent aussi un lien très fort entre tentative de suicide et usage de substances psychoactives – notamment la consommation quotidienne de tabac chez les filles et de produits illicites autres que le cannabis chez les garçons. «Nos résultats suggèrent que ces usages pourraient être utilisés comme indicateur pour repérer le risque de conduite suicidaire chez les jeunes», plaide Enguerrand du Roscoät, un des auteurs de l’étude, qui recommande de faire des adolescents une cible prioritaire dans les plans de prévention du suicide.

Politique de prévention volontariste

Tout l’enjeu des enquêtes épidémiologiques est de mesurer le phénomène et son évolution afin de pouvoir proposer les stratégies de prévention les plus adaptées. «Contrairement à d’autres pays, la France n’a pas encore mis en œuvre de politique volontariste dans le but de réduire drastiquement le nombre de suicides», regrette le Pr Thomas, qui recommande une stratégie combinant une communication très forte sur le sujet, la mise en place d’un numéro d’appel unique ou encore la sécurisation de lieux à risque comme les ponts ou les voies de chemins de fer.

Selon le BEH, 4,7% des adultes déclarent avoir pensé à se suicider au cours de l’année et plus de 7% ont tenté de mettre fin à leurs jours. Malgré une baisse du nombre d’hospitalisations liées à des tentatives de suicide ces dix dernières années, la France présente un des taux de suicide les plus élevés en Europe.

Source LE FIGARO.

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