Handicap : une roue motorisée qui change la vie des personnes en fauteuil…

À la tête d’une start-up nommée « AMI » implantée près de Besançon, François Fournier est titulaire d’un brevet novateur, qui permet de fixer un châssis motorisé à l’avant de n’importe quel fauteuil roulant.

Depuis avril, 200 machines ont déjà trouvé preneur. Une belle aventure entrepreneuriale et humaine.

Handicap : une roue motorisée qui change la vie des personnes en fauteuil

« AMI », c’est l’histoire d’un homme qui croit en son projet. Qui ne cesse d’avancer, malgré les obstacles, les imprévus ou les coups durs. Qui se bat au quotidien pour grandir, évoluer, avec l’enthousiasme d’un éternel gamin.

Son énergie est contagieuse. Quand François Fournier parle de sa nouvelle entreprise, ses mains s’agitent dans l’air, cherchant parfois à vous toucher le poignet ou l’avant-bras pour s’assurer que vous êtes avec lui, connecté, prêt à recevoir son flot continu d’explications, d’anecdotes et d’idées.

Un brevet déposé à l’INPI

Passionné ? Le mot est faible. « J’adore ce que je fais. J’ai eu 50 boulots dans ma vie, mais je ne changerais de profession pour rien au monde », lâche-t-il en désignant, pour la millième fois, l’étrange machine posée contre son bureau.

Cette élégante fourche ponctuée d’une roue motorisée se fixe « sans aide extérieure » sur n’importe quel fauteuil roulant, présente François. « J’ai commencé seul dans mon garage pour élaborer un cahier des charges tout simple et dessiner quelques pièces. Je me suis ensuite rapproché de la société Difra, aux Auxons, pour formaliser un premier prototype. Ce travail a duré trois à quatre mois. On a fini par breveter notre système de fixation mécanique. C’est ça qui est novateur et qui rend notre produit unique », appuie-t-il. AMI (pour Autonomie Mobilité Indépendance) était née.

La vidéo promotionnelle du Sirocco, tournée aux Passages Pasteur à Besançon.

https://youtu.be/t11ryFnd-x8

60 kilomètres d’autonomie

Sa start-up a vite pris son envol. Depuis avril, 200 châssis – baptisé « Siroccos » – ont été vendues, tant à des particuliers qu’à des professionnels de la vente médicale. En France, mais également en Belgique, en Suisse, en Allemagne, en Australie, et bientôt au Canada et en Espagne.

« Notre machine prend l’avion et ne pèse que 14 kilos, sans la batterie, avec une autonomie de 60 kilomètres. C’est beaucoup moins lourd et encombrant qu’un fauteuil électrique. Et moins cher (entre 3600 à 4200 €, Ndlr) », souligne François, déterminé à œuvrer pour que son Sirocco soit, à terme, pris en charge par la Sécurité sociale. « C’est aujourd’hui considéré comme un produit de confort ! Ce n’est pas normal. Il y a 1,8 million de personnes qui utilisent un fauteuil en France : demandez-leur l’état de leurs épaules. »

François Fournier a créé  AMI (pour Autonomie Mobilité Indépendance) au printemps dernier. Photo ER /Ludovic LAUDE

« On reçoit une dizaine d’appels par jour »

Convaincant et convaincu, François Fournier sillonne les routes à la rencontre de ses clients : « On reçoit une dizaine d’appels par jour, ça prend vraiment fort. Mais le contact humain, c’est ce qui me fait avancer. »

Et ce qui l’a fait démarrer ? « Une rencontre », répond l’entrepreneur, soudainement ému aux larmes, « j’ai vendu le kart de mon fils à une personne en fauteuil, Stéphane, qui est devenu un ami. Je l’ai vu galérer pour accéder au circuit et en discutant avec lui, je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose. » Deux ans plus tard, François a tenu sa promesse.

Une start-up 100 % locale en pleine expansion

Si son site internet est traduit en quatre langues, AMI reste une entreprise 100 % franc-comtoise. François Fournier s’est appuyé sur la société Difra, aux Auxons, pour élaborer le prototype du Sirocco, et sur le cabinet bisontin Bleger-Rhein-Poupon pour obtenir son brevet INPI. Le patron de start-up s’est également tourné vers la métallerie Rémy, à Dannemarie-sur-Crète pour construire son châssis et vers la maison d’arrêt de Besançon, où des détenus assurent l’assemblage.

Les bureaux d’AMI, eux, sont installés à Châtillon-le-Duc, où Ewa – l’épouse de François – s’occupe de toutes les tâches administratives. Deux nouvelles machines sont en cours de conception : un modèle hybride et un Sirocco adapté aux enfants. Le développement d’AMI est tel, qu’une troisième personne sera embauchée à compter du 1er janvier.

Retrouver plus d’informations sur le site de l’entreprise

Source EST REPUBLICAIN.

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