Handicap : Une plateforme pour favoriser l’emploi dans les PME et TPE…

La Confédération des petites et moyennes entreprises et Microsoft France créent une plateforme pour former les entreprises à l’inclusion de personnes en situation de handicap.

Handicap : Une plateforme pour favoriser l’emploi dans les PME et TPE

 

  • En Ile-de-France, le taux d’emploi des personnes en situation de handicap est de 2,5 %, tandis que l’Etat impose un taux d’emploi de 6 % minimum aux entreprises.
  • Les très petites entreprises (TPE) ainsi que les petites et moyennes entreprises (PME) sont les plus en retard sur la question. Or elles représentent 98 % des entreprises en France.
  • Avec la plateforme de formation à l’inclusion des personnes en situation de handicap, la CPME Ile-de-France et Microsoft France veulent sensibiliser les entreprises à l’importance de changer les politiques de recrutement.

Où sont les salariés en situation de handicap ? A l’école, « il y a en moyenne 6 % des élèves qui sont en situation de handicap », affirme Philippe Trotin, directeur de l’inclusion chez Microsoft France, or en entreprise, le pourcentage est bien plus bas. Pourtant, « ces 6 % n’ont pas disparu, ils dissimulent simplement leur handicap de peur d’être mal perçu par leur collègue ou leur patron », ajoute-t-il.

De nombreuses entreprises sont loin du taux d’emploi minimum de 6% de personnes en situation de handicap imposé par la loi. Microsoft France, la Confédération des petites et moyennes entreprises ( CPME) Ile-de-France et Make.org collaborent pour créer une plateforme de formation au recrutement des personnes en situation de handicap.

Où en est la situation en Île de France ?

En Ile-de-France, le taux d’emploi pour les personnes en situation de handicap est de seulement 2,5 %. « Deux types de profil sont particulièrement marginalisés chez les personnes en situation de handicap : les seniors, qui sont à 48 % chômeurs de longue durée, et les jeunes », détaille Bernard Cohen-Hadad, président de la CPME Ile-de-France. « Ce sont surtout les grosses PME ou les grandes entreprises qui sont bonnes élèves et respectent ce taux. La plupart frisent les 6 %, certaines même le dépassent », affirme Philippe Trotin.

Dans les très petites entreprises (TPE) ainsi que les petites et les moyennes entreprises (PME) « on est clairement en dessous des minima », rapporte Bernard Cohen-Hadad. Dans la région, 62.000 demandeurs d’emploi sont en situation de handicap.

Pourquoi les TPE et PME embauchent moins de personnes en situation de handicap ?

Le taux d’emploi de personnes handicapées est de 2,1 % pour les entreprises de moins de 50 salariés, de 3 % pour celles de plus de 500 employés et proche des 6 % pour les grandes entreprises. La taille de l’entreprise joue donc un rôle dans la facilité d’inclusion de ces personnes. « C’est difficile dans les petites structures, souvent il n’y a pas de services de ressources humaines », explique Bernard Cohen-Hadad.

« La différence réside surtout entre les entreprises qui ont signé des accords agréés et celles qui sont simplement accompagnées par l’AGEFIPH, souligne Philippe Trotin. Les premières sont autorisées à garder l’argent qu’elles devraient payer comme taxe pour être en dessous des 6 % réglementaires et l’utiliser pour mettre en place une véritable politique handicap. » Un procédé très rare pour les PME et souvent réservé aux entreprises plus importantes.

Quels sont les freins à l’embauche ?

« C’est avant tout le frein de la connaissance, souligne le président de la CPME. Les entrepreneurs sont volontaires mais ils ne sont pas spécialistes du handicap ou de la responsabilité sociétale des entreprises [RSE] ». La plateforme de formation en ligne, encore en préparation, comprendra une dizaine de vidéos destinées en priorité aux managers. « Rien ne changera si les managers ne se forment pas puisque ce sont eux qui recrutent et forment leurs équipes », explique Bernard Cohen-Hadad.

« Bien souvent, ils se mettent des barrières parce qu’ils pensent que telle tâche ou telle situation sera trop compliquée pour une personne handicapée », complète Philippe Trotin. La pudeur, la honte ou le manque d’accompagnement contribuent également à dissimuler les handicaps. « Quand on pense au handicap, on pense souvent aux extrêmes. Mais ce n’est pas la réalité, rappelle Bernard Cohen-Hadad. Souvent ils sont invisibles ou plus légers. »

Pourquoi lancer une plateforme de formation destinée aux TPE/PME ?

Ces entreprises sont les plus en retard sur les politiques d’inclusion des personnes en situation de handicap, et elles représentent 98 % des entreprises en France. « Si chacune de ces entreprises accueillait juste une personne handicapée, cela ferait une grande différence », explique le directeur de l’inclusion chez Microsoft. Entre 18 et 20 % de la population se trouve dans cette situation. En lançant cette plateforme, les deux hommes entendent sensibiliser les entreprises à l’importance de changer leurs politiques de recrutement. « Embaucher ces personnes va permettre aux managers d’apprendre à mieux gérer les différences et va modifier les comportements des collaborateurs, explique Philippe Trotin. C’est une vraie chance. »

Une évolution avec la transformation digitale

À la suite de la crise sanitaire, la situation est plus favorable à l’embauche des personnes en situation de handicap. « Plus que la crise, c’est la transition numérique qu’elle a entraînée qui va changer les choses », estime Philippe Trotin. « L’accès à Zoom ou à Times change quelque chose pour les petites entreprises. Avant la crise, ils étaient trop chers pour qu’on puisse se les fournir », ajoute Bernard Cohen-Hadad.

Certaines personnes qui seraient gênées par le bruit des open spaces ou par la fatigue des trajets pendulaires peuvent désormais travailler plus facilement de chez eux. « Mais je ne suis pas pour que ces personnes se voient ainsi excluent de l’entreprise », avertit le président de la CPEM. « Nos entreprises ont besoin d’être en miroir avec la société. Et la société est faite de ceux qui avancent vite et de ceux qui avancent moins vite. Ce qu’on veut, nous, c’est avancer tous ensemble », conclut Bernard Cohen-Hadad.

Source 20 MINUTES.

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