Handicap : une nouvelle aide à la parentalité suscite espoir et réserves..

Depuis le 1er janvier, la « prestation de compensation du handicap » (PCH) qui finance des aides, humaines ou matérielles, s’applique aussi aux gestes à effectuer en tant que parent pour les personnes handicapées.

Handicap : une nouvelle aide à la parentalité suscite espoir et réserves

Chercher son enfant à l’école, donner le bain à bébé : certains parents en situation de handicap peuvent désormais obtenir une allocation pour se faire assister dans ces tâches du quotidien. Une innovation saluée par les associations, qui l’attendaient depuis longtemps mais qui en déplorent aussi les limites.

Avec cette « PCH parentalité », il s’agit d’éviter que « des personnes renoncent à devenir parents en raison de leur handicap », avait souligné l’an dernier Emmanuel Macron, en annonçant cette réforme.

« Insuffisante » et « inadaptée »

Ce nouveau dispositif « a le mérite d’exister, on le demandait depuis tellement longtemps ! », souligne Malika Boubekeur, de l’association APF France Handicap. En outre, il est « symboliquement important » car les personnes handicapées se voient ainsi reconnues dans leur rôle de parent, selon elle.

Pour autant, la nouvelle prestation est « nettement insuffisante » et inadaptée, dans ses modalités et ses limites, pointe Mme Boubekeur : d’une part car elle exclut un trop grand nombre de familles qui en auraient pourtant besoin, d’autre part car elle repose sur une logique de forfait, qui ne tient pas compte de la réalité du handicap des parents, et donc de leurs besoins réels.

Les bénéficiaires peuvent ainsi financer au maximum une heure d’aide humaine par jour lorsque l’enfant a moins de trois ans, puis une demi-heure par jour entre trois et sept ans, puis plus rien après le 7e anniversaire de l’enfant.

Selon une enquête récemment menée par APF, plus de la moitié des 94 personnes handicapées ayant répondu à un questionnaire disent avoir besoin d’être aidés en tant que parents. Pour autant, les deux tiers ne connaissaient pas la nouvelle prestation, très peu l’ont demandée, et 62 % n’y auraient de toute façon pas droit.

Personnes autonomes exclues

Pour toucher la PCH parentalité, il faut déjà être éligible à la PCH en général, et donc avoir besoin d’aide pour soi-même. Ce qui exclut les personnes plutôt autonomes mais qui auraient besoin d’assistance dans leur rôle de parents.

Atteinte d’une paralysie cérébrale de naissance, Audrey, 28 ans, a bon espoir de toucher la nouvelle prestation, avec effet rétroactif au 1er janvier. Actuellement, faute de solution satisfaisante, son petit garçon de cinq ans est placé dans un foyer, et elle ne le voit que le soir après l’école, en présence d’un éducateur. « Pour sa sécurité, je ne peux pas être seule avec lui, même la nuit », explique la jeune femme, déjà inquiète à l’idée que l’aide s’arrêtera lorsque son fils aura 7 ans.

Avec ce dispositif, le gouvernement « a pris le problème à l’envers », en proposant une aide « en fonction de l’âge de l’enfant, et non pas du handicap du parent », analyse Florence Méjécase-Neugebauer, maman en fauteuil roulant de deux enfants de 4 et 13 ans, et présidente de l’association Handiparentalité. Malgré toutes ces réserves, cette réforme constitue une « reconnaissance sociétale » importante, estime cependant cette militante.

Source SUD OUEST.

 

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