Handicap : une famille de Dissay veut créer un collectif…

Les parents d’un jeune homme en situation de handicap reviennent sur les difficultés qu’ils rencontrent au quotidien.

Ils jugent l’aide insuffisante et se mobilisent.

Les parents ne comptent pas leurs heures pour aider leur fils dans sa scolarité.

 

Nolan a bientôt 17 ans. Sa famille vit à Dissay. Il a été diagnostiqué déficient mental léger il y a dix ans. En classe d’intégration scolaire (Clis) jusqu’en 2016, il bénéficie du soutien du Service d’éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad) durant les temps de classe. De 2016 à juin 2021, son intégration dans un Institut médico-éducatif lui permet, là encore, de bénéficier de temps scolaires adaptés, de soins, de temps éducatifs et en atelier, notamment celui des espaces verts. C’est la voie que Nolan a choisie. « Il s’y épanouit et se passionne pour ce métier », assure sa maman.

Nous ne comprenons pas ce qui justifie cette baisse de taux en l’espace d’un an puisque ses difficultés restent inchangées.

La maman de Nolan, qui a perdu soins et accompagnements scolaires

En 2020, la Maison départementale des personnes handicapées de la Vienne (MDPH86) souhaite que Nolan quitte l’IME pour une classe Ulis avec soutien Sessad et attribution de l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH) jusqu’en 2023. « Notre fils n’était pas prêt à sortir de l’IME et nous n’avions pas la possibilité d’effectuer une orientation en plein Covid. » En 2021, la MDPH86 décide de sortir l’adolescent de l’IME avec une Reconnaissance en qualité de travailleur handicapé (RQTH) « mais cette RQTH est bien insuffisante aux besoins de compensation de son handicap », explique la mère de famille, pour qui l’impact d’un tel changement a été brutal. L’instance départementale retire ainsi les soins et accompagnements scolaires, revoit le taux d’incapacité à la baisse (de plus de 50 % à moins de 50 %), ce qui suspend l’allocation.

La demande de recours administratif est rejetée. La famille est désemparée. Mais ne baisse pas les bras. « Nous ne comprenons pas ce qui justifie cette baisse de taux en l’espace d’un an puisque ses difficultés restent inchangées. »
« Une aide insuffisante » Commence la recherche d’un établissement où le jeune homme pourrait se former. Les parents en visitent une quinzaine et n’en trouvent qu’un à Orléans, qui l’accepte au vu de son handicap et du manque d’aides. « Notre fils n’a pas la capacité de s’y rendre en train seul car il y a des changements et il ne peut pas errer à Orléans jusqu’à l’ouverture de l’internat à 20 h 30. Heureusement, l’employeur de mon mari lui permet de télétravailler. Il l’accompagne donc et s’occupe de lui une semaine par mois, mais c’est un coût important. » Les trois autres semaines, Nolan travaille pour les espaces verts d’un employeur public.

Agir ensemble De quoi aurait besoin la famille ? Une aide humaine la semaine au CFA spécialisé car Nolan sait à peine lire, écrit difficilement et a du mal à suivre les cours, en particulier quand il est dans la classe complète de 29 élèves. Les parents réclament l’attribution de l’AEEH et le soutien du Sessad.

Si la famille a déposé un recours devant le tribunal, sa bataille n’est plus tant pour elle que pour d’autres dans des situations similaires. Le couple souhaite créer un collectif pour « que les familles, associations, professionnels, etc. agissent ensemble afin de faire respecter les droits des personnes en situation de handicap. Nous voudrions pouvoir croire encore aux valeurs de la République ».

collectifhandicap@outlook.fr ou groupe Facebook public : Handi Collect

Ce qu’elle en dit

Première vice-présidente du Département de la Vienne en charge des personnes âgées et des personnes handicapées, Valérie Dauge connaît bien les difficultés des familles. Elle relève un grand décalage entre les discours politiques en faveur de l’inclusion des enfants et personnes handicapées d’un côté, et des barèmes d’aides qui n’ont jamais été revus en adéquation. « Quand vous ne rentrez pas dans les bonnes cases, c’est très dur. En tant que parent, c’est très compliqué », convient l’élue qui retient aussi, dans le cas présent, que si Nolan n’avait pas progressé, la commission qui réunit des médecins, des représentants de la Caisse primaire d’assurance-maladie, du Département, des associations… n’aurait pas diminué le taux d’incapacité, ni permis la sortie de l’IME et l’intégration en CFA spécialisé. « De cela on ne peut que se réjouir. »

Source LA NOUVELLE REPUBLIQUE.

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