Ca y est, l’équipe de l’Extra a trouvé son port d’attache. Le restaurant inclusif, qui emploiera à terme huit personnes en situation de handicap, commence son installation au cœur du quartier du Boulingrin de Reims, face aux halles, en lieu et place de l’ancien Palais d’Asie.
« Dans ma poche gauche, vous vous rendez compte, j’ai les clés ! » La phrase est banale, mais au léger tremblement dans la voix de Gonzague Peugnet, co-fondateur de l’Extra, on se rend compte de toute l’émotion de celui qui porte ce projet de restaurant inclusif depuis plus d’un an et qui voit enfin une grande étape se réaliser. Car c’est désormais officiel : le restaurant inclusif l’Extra qui emploiera et sera en partie géré par des personnes en situation de handicap a trouvé et acheté son fonds de commerce. Il loue désormais un local au cœur du quartier Boulingrin, face aux Halles, en plein centre-ville de Reims, dans ce qui était Le Palais d’Asie.
« On va être dans un quartier prisé, branché, recherché de Reims, et on va porter haut la fragilité, s’enthousiasme Gonzague Peugnet. C’est symbolique ! » Et le porteur de projet de renchérir : « C’est un quartier inaccessible, il y a peu d’offres, et quand il y en a, ce n’est pas donné ». Alors l’homme n’en revient toujours pas de pouvoir s’installer là et parle de chance, de hasard, et de beaucoup de travail.
Autour de lui, dans cette salle de restaurant qui ne demande qu’à être rafraîchie, les visages de quatre des huit futurs salariés, tous en situation de handicap, rayonnent. Ils s’imaginent bien travailler dans cet endroit, au service, pour donner du plaisir aux clients, être au cœur de la société.
« Ça va me permettre de voir du monde, ça me manque beaucoup en ce moment. Et puis c’est important d’avoir un travail ! »
Pour Clémentine, qui tient dans ses bras sa fille, un bout de chou d’à peine six mois, les raisons pour lesquelles elle attend ce travail avec impatience sont à la fois pragmatiques et essentielles : « Cela va me permettre d’acheter de nombreuses choses à ma fille, explique-t-elle. J’ai hâte de travailler dans le restaurant ». Pour elle, ce sera un premier emploi.
C’est d’ailleurs tout le sens du mot « inclusion » pour le co-fondateur de l’Extra : « Vous ne pouvez pas imaginer ce que cela représente pour ces personnes : elles vont travailler, avoir un vrai contrat, une vraie fiche de paie, comme vous ! »
« Comme nos enfants ou nos petits-enfants rêvent d’aller sur Mars, eux ne rêvent que de travailler. »
Un projet inclusif jusque dans sa gestion
Mais il va falloir patienter encore un peu avant de pouvoir déjeuner à l’Extra : l’ancienne brasserie et restaurant chinois nécessitent de nombreux travaux de rénovation et de remise aux normes. Mais l’espace est clair, grand, agréable. « J’aimerais vite travailler au restaurant, avec tout le monde, s’exclame Céline, une autre future serveuse. Je trouve que ce restaurant est très, très bien ! »
A terme, un cuisinier professionnel et motivé pour participer à cette aventure se tiendra aux côtés de Marie-Liesse, Clémentine, Céline, Yannick, Naomy, Christopher, Vanessa et Léandre. Mais l’association des Amis du RB22, à l’origine du projet, compte aller encore plus loin : le restaurant sera géré par une SCIC, une société coopérative d’intérêt collectif qui réunira des membres de l’association, des bénévoles, des mécènes, des partenaires mais aussi quatre des salariés en situation de handicap. Ils seront donc associés, entrepreneurs. « On crée l’entrepreneuriat inclusif, poursuit Gonzague Peugnet. On leur a bien expliqué, avec une démarche adaptée, qu’avant d’avoir des salariés, il faut des entrepreneurs et que c’est le rôle qu’ils vont jouer, eux aussi ».
Travailler et prendre sa place au sein de la société pour faire de ce nouveau lieu un lieu où l’on mange bien sûr, mais aussi un lieu de partage où les ondes positives seront au centre de tout. « Venir à l’Extra demain, ce sera bien sûr pour se régaler mais il y aura aussi cette expérience humaine supplémentaire, imagine le co-fondateur de l’Extra, et on verra que oui, Céline, comme d’autres, est porteuse de trisomie 21, qu’il y a un handicap, mais qu’elle peut nous apporter beaucoup aussi ! »
« Rendre de l’enthousiasme »
Cet enthousiasme contagieux, celui qui est aussi le directeur de l’association a su le transmettre autour de lui. De nombreux partenaires accompagnent et s’investissent dans le projet, que ce soit financièrement ou sous forme de coups de main. Un point capital pour Gonzague Peugnet qui défend une aventure liée au territoire, une entreprise sociale et environnementale. « C’est ça, la forme du projet : on embarque un maximum de monde et on va restituer tout cet enthousiasme auprès des clients demain ! »
Le restaurant, désormais, leur appartient… Encore une goutte de champagne pour célébrer cette étape cruciale et dès demain, il faudra se remettre au travail : les anciens meubles quitteront alors le local au profit d’une association. Un projet entreprenarial, social et solidaire, on vous dit.