Handicap : obligé de dormir dans son fauteuil roulant faute de soins, il pense au suicide assisté…

À Besançon, Bernard Chastagnol alerte à nouveau l’opinion publique sur la détresse de son fils, Christophe, 50 ans, tétraplégique depuis un accident de moto en 1994.

S’il dispose d’aide le soir, il n’en est plus de même le matin.

Sa mère gère sa toilette et ses soins depuis début mars.

Handicap : obligé de dormir dans son fauteuil roulant faute de soins, il pense au suicide assisté

 

Anne-Marie et Bernard Chastagnol ont chacun 70 ans passés. Leur fils Christophe, 50 ans, est totalement paralysé depuis un accident de moto survenu 27 ans en arrière. Il bénéficie d’une aile aménagée au domicile de ses parents, au rez-de-chaussée. Il a besoin de soins matin et soir.

Tout s’était bien déroulé depuis 1996 et son retour du centre hospitalier où il récupérait peu à peu. Jusqu’en 2019 et la défection de l’infirmière qui s’occupait de lui. Après des semaines de bataille, une solution avait enfin été trouvée et tout était rentré dans l’ordre. Du moins l’espéraient-ils. Hélas, le même problème est survenu cette année, début mars.

« A nouveau privé d’assistance »

« Notre fils est à nouveau privé d’assistance », déplore le père. « Depuis le 4 mars, c’est une bénévole, ni diplômée, ni formée, qui le “dépanne”, quand elle peut le faire. Une infirmière passe pour tester son diabète, c’est tout. Une autre vient le soir mais ne peut pas mettre Christophe au lit si personne n’est là le lendemain pour le relever. Aussi est-il obligé de dormir dans son fauteuil roulant une nuit sur deux. »

Le cauchemar recommence. Anne-Marie Chastagnol prend le relais comme elle peut, le lave, change les pansements des escarres, en voie de guérison, qu’il a au sacrum, débouche la sonde urinaire au besoin. Elle fait tout son possible pour alléger les souffrances morales et physiques de son fils. Elle est épuisée et fond régulièrement en larmes. L’amour qu’elle lui porte la maintient pour l’instant.

« Sur liste d’attente »

« Les pouvoirs publics encouragent les gens à se faire soigner à domicile », reprend Bernard Chastagnol. « Il existe tout un éventail de possibilités. Sauf que je dois me débrouiller seul pour trouver un professionnel. J’ai passé 219 appels à tous les cabinets infirmiers de la ville, toujours avec fin de non-recevoir. Ils m’objectent qu’ils n’ont pas le temps, trop de patients. Ils ne peuvent pas déléguer quelqu’un pour les 40 minutes nécessaires à son lever et à sa toilette, disent-ils. »

« J’envisage le suicide assisté »

Loin de se décourager, il a appelé le Centre communal d’action sociale (CCAS), les services de soins infirmiers à domicile (SSIAD), les centres de services à la personne. Il a été mis en lien avec des interlocuteurs dont il attend toujours des nouvelles et des solutions. « Christophe est sur liste d’attente », souffle-t-il. Son épouse a alors tenté le tout pour le tout et écrit au ministre de la Santé et des Solidarités, Olivier Véran.

« Son cabinet nous a rapidement informés que notre situation a été transmise à l’ARS Bourgogne Franche-Comté. Pour s’en assurer, mon époux l’a appelée. Une responsable nous a confirmé l’information et être en lien avec la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM). Notre dossier semble être enfin à l’étude en cette fin de semaine. Nous espérons vraiment une éclaircie maintenant. »

Christophe Chastagnol perd peu à peu espoir : « J’envisage, à terme, le suicide assisté, comme Paulette Guinchard. Dans deux ans, mon infirmière du soir prendra sa retraite. Dans 10 ans, mes parents seront trop âgés pour supporter tout cela. J’ai toute ma tête. Je ne recourrai à cette solution extrême qu’en dernière limite. »

Source EST REPUBLICAIN.

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