Handicap : dans l’Eure, un premier concours de cuisine inclusif !…

Chefs, apprentis et travailleurs handicapés se sont unis pour remporter les prix de « l’H’apprenti cuistot » organisé par le CFAIE (Centre de formation des apprentis interconsulaire de l’Eure) à Val-de-Reuil.

Chefs, apprentis et personnes en situation de handicap ont conçu en commun un menu pour le jury de l’H’apprenti cuistot » organisé par le CFAIE (Centre de formation des apprentis interconsulaire de l’Eure) à Val-de-Reuil. FRED.D / #PRESSE30

 

La journée du lundi 22 novembre au CFAIE (Centre de formation des apprentis interconsulaire de l’Eure) à Val-de-Reuil ne pourra se résumer que par deux mots : « sourire et lien ». Alors que le métier de la restauration est sous tension face à leurs besoins de main-d’œuvre et que les personnes en situation de handicap ne trouvent pas facilement des emplois ou n’osent pas pousser les portes alors qu’elles ont la capacité, l’organisme de formation s’est associé à l’AKTO, opérateur de compétences et l’association CAP EMPLOI 27 qui accompagne des personnes et des employeurs sur la question du handicap pour organiser les 1ère Gourman’hand’ise, un concours de cuisine inclusif.

Dans les deux cuisines du centre de formation, huit brigades se sont retrouvées tôt le matin. Composée par un chef d’un restaurant local, d’un apprenti en brevet professionnel et d’une personne en situation de handicap sélectionnée par les missions locales, l’équipe a dû, en deux heures, réaliser un menu composé d’une goujonnette de poulet sauce curry et sa mousseline de carotte et d’une tarte normande. Un concours pour apprendre à travailler ensemble, communiquer et partager une passion.

Après quelques de minutes pour repérer les lieux, toutes et tous se sont attelés à la tâche toujours avec bienveillance. Vers 13 heures, huit juges choisis parmi les partenaires ont goûté tous les plats avec des présentations différentes et quelques ajouts gustatifs comme de la truffe, fruits ou fleurs comestibles pour décerner le prix de la créativité, le prix gastronomique et le prix esthétique. Des choix difficiles tant la qualité fut au rendez-vous.

Poser un cadre rassurant

Mais au-delà de ces prix « symboliques », pour les organisateurs, c’est le retour d’expérience le plus important : « connaître vos besoins pour recruter des travailleurs handicapés ». C’est aussi la prise de conscience des deux parties. Pour Benjamin Revel, chef et gérant de La Musardière à Giverny, « cela me parle complètement ce côté inclusif et formation. L’idée de ce concours est très sympa. Il permet de voir comment faire dans la cuisine, alors que nous venons d’embaucher un premier apprenti, Mathis porteur de trisomie pour la salle.

Ici, il a fallu mettre la personne en confiance, car ça chauffe, ça brûle, il y a du bruit. Cela peut être déstabilisant. Il faut poser d’abord un cadre rassurant, poser des questions, vraiment faire sentir que la personne est intégrée. Et puis, ça fonctionne, car je suis persuadé qu’importe sa situation, on peut faire presque tous les métiers. C’est une histoire de motivation et le manager doit s’adapter ». À 21 ans, Kevin Duval est apprenti à La Chaîne d’Or aux Andelys.

En 2e année de brevet professionnel, « c’est mon premier concours et c’était magnifique. Il restera gravé dans ma mémoire et inscrit sur mon CV. Dans ce trio, avec ma patronne et Zoé, on a tous eu notre rôle à jouer. Plus tard, je veux ouvrir ma propre entreprise et devenir chef. Il est clair que je trouverais toujours une place pour les personnes en situation de handicap ». Avec son handicap dit psychique, Chloé Cauchois est détentrice d’un CAP Cuisine obtenu au lycée Jean-Baptiste d’Écretot à Louviers. Elle a accepté de venir, « car je suis à la recherche d’un emploi. C’est dur pour moi alors que j’ai la formation. On m’a proposé ce concours et franchement, je suis tombée sur une équipe très gentille.

Mon handicap n’est pas géant, mais pour certaines personnes excluant. Cette journée restaure une confiance en moi. J’espère qu’elle va permettre aux professionnels de comprendre la situation des travailleurs handicapés. J’y ai pris du plaisir et de la motivation pour poursuivre ce métier ». La journée s’est terminée bien entendu par une remise de diplômes et de lots, mais surtout « pour montrer que cette action est une démonstration que tous les liens sont possibles », a conclu le chef Benjamin Revel.

Source LE PARISIEN.

Pour marque-pages : Permaliens.