Handicap à l’école : des parents d’élèves veulent attaquer l’État pour manque de prise en charge de leurs enfants…

Une dizaine de parents d’enfants handicapés d’une école de Plan-de-Cuques (Bouches-du-Rhône) se mobilise pour créer un collectif et engager une procédure judiciaire contre l’État.

Ils déplorent le manque de personnel exerçant des missions d’accompagnement d’élèves en situation de handicap (AESH).

Illustration. L'accompagnement scolaire des enfants ayant un handicap, un casse-tête pour les parents faute d'auxiliaires de vie scolaire.

 

« J’ai gardé mon fils à la maison jusqu’au mois de novembre ». Anissa est maman de deux enfants handicapés, un garçon en maternelle et une fille à l’école primaire. Tous deux sont scolarisés à Marseille et bénéficient d’un accompagnant d’élève en situation de handicap (AESH).

Après la rentrée scolaire en septembre, ses enfants ont dû être déscolarisés. Leur auxiliaire de vie était en arrêt maladie mais il n’a pas été remplacé. « Si cet AESH a été notifié ce n’est pas pour rien, l’enfant est pénalisé. Ma fille elle a besoin qu’on écrive à sa place. Et au final, c’est moi qui est dû faire l’AESH », raconte Anissa.

Pour son fils, c’est finalement un accompagnant de l’école primaire qui remplace le poste manquant de l’école maternelle.

Mais pour sa fille, aucune solution. Anissa ne peut pas se contenter de cette réponse, elle engage une procédure judiciaire avec un avocat et ouvre un dossier avec un défenseur des droits.  Elle obtient gain de cause. Le 4 mai, un recrutement est fait, sa fille a un nouveau une accompagnante.

De cette histoire, Anissa  en ressort « fatiguée, épuisée et dégoutée ». Puis elle ajoute, « personne ne peut rien faire, l’Éducation nationale est intouchable, on se trouve seule avec les difficultés de nos enfants et c’est horrible. »

Un cas parmi tant d’autres

À la rentrée scolaire, Séverine Gil, présidente de l’association des parents d’élèves MPE13, a reçu des centaines d’e-mails et d’appels de parents d’élèves, comme Anissa, mais aussi des enseignants désespérés de devoir gérer seuls des élèves handicapés.

Laetitia, maman de deux enfants autistes et elle est aussi membre de l’association MPE13. Ses enfants bénéficient de 18h d’accompagnement individuel mais dans les faits, ils réalisent seulement 12h de présence à l’école, faute de personnels.

Laetitia et dix autres parents d’élèves de cette même école à Plan-de-Cuques ont décidé de monter au créneau et d’organiser une action en justice collective contre l’État et l’Éducation nationale. « On est encore en pleine organisation, le but est d’élargir ce groupe et de toucher le plus de personnes possible. »

Aucune réponse des représentants de l’État

« On a exprimé nos inquiétudes dès la rentrée en septembre, au directeur de l’Académie et nous n’avons pas eu de retour, on a écrit un deuxième courrier en novembre, pas de réponse »,  affirme Luce Nocera de l’association DFD13, qui représente les personnes atteintes de dyspraxie, une forme de handicap.

Après des négociations acharnées, 130 postes d’AESH ont été ouverts dans le département des Bouches-du-rhône, un nombre insuffisant selon une AESH marseillaise : « De plus en plus d’enfants ont la notification de la maison départementale du handicap, mais il n’y a toujours pas assez de recrutements. »

Le 3 juin prochain, les AESH organisent une grève intersyndicale pour exiger une revalorisation de leur salaire et plus de moyens et de temps pour s’occuper des jeunes handicapés.

L’école plus que jamais inclusive selon l’Éducation nationale

Réuni en novembre sous la présidence, de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale, et Sophie Cluzel, la secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargée des personnes handicapées, le comité national de suivi de l’école inclusive n’a pas tout-à-fait la même lecture du suivi des enfants scolarisés.

Selon lui, le nombre d’enfants scolarisés en milieu ordinaire a augmenté à la rentrée 2020, à près de 385.000, contre 361.200 à la rentrée 2019, soit une progression de 7%.

Parmi eux, 220.000 enfants bénéficient d’une aide humaine à la rentrée 2020, soit une hausse de 18% sur un an. Ces enfants accompagnés étaient à peine 25.000 en 2006.

Du côté des enseignants, les objectifs sont de former au moins 4.000 enseignants par an en stages d' »adaptation scolaire et scolarisation des élèves handicapés » à compter de la rentrée 2021, précise le comité.

Source FR3.

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