Finistère : Martial Jaouen, handicapé, refuse de quitter son centre de rééducation…

Martial Jaouen, atteint du syndrome de Guillain-Barré, qui l’a rendu tétraplégique, refuse de quitter le centre de rééducation de Perharidy où il est soigné.

Selon lui, la décision de le faire sortir n’est pas basée sur des critères médicaux.

L’hôpital dément.

Martial Jaouen (à gauche) est soutenu par sa fille Noémie et son ami Charles Crozon.

Il était en vacances en Ethiopie quand c’est arrivé. Martial Jaouen se retrouve du jour au lendemain tétraplégique. Il est atteint du syndrome de Guillain-Barré, qui touche les nerfs périphériques. Rapatrié en France, Martial Jaouen passe neuf mois en réanimation au CHU de Brest puis est admis au centre de rééducation de Perharidy, à Roscoff (Finistère). Deux ans plus tard, le soixantenaire peut lever les bras, tendre les jambes, il peut presque tenir un verre entre ses doigts, malgré un poing qui refuse toujours de se serrer.

Au mois de juillet dernier, le centre de rééducation lui annonce sa sortie prévue le 12 octobre. D’emblée, Martial Jaouen refuse. Il souhaite continuer ses soins, afin de retrouver sa mobilité. Le centre, géré par Ildys, l’assure : la continuité des soins sera assurée après son départ. « Tous les patients qui rentrent en centre de rééducation construisent rapidement un projet de sortie, explique David Cogen, directeur délégué chez Ildys. La vocation d’un centre de rééducation, c’est d’être une séquence dans le parcours de soins. »

« Aujourd’hui, je n’ai pas d’avenir ! »

La maison de Martiel Jaouen, encore en travaux, n’est donc pas aménagée pour son handicap. L’hôpital lui propose donc un hébergement provisoire. « Hébergement provisoire… C’est une maison de retraite !, scande Martial Jaouen. J’ai 60 ans, je ne vais quand même pas aller en maison de retraite ! » Ce qui l’inquiète, c’est surtout de voir disparaître tous les progrès qu’il a fait ces derniers mois. « J’ai besoin de deux séances quotidienne de kiné, argumente-t-il. Il me faut encore quelques mois pour pouvoir réussir à marcher avec un déambulateur, et faire des gestes simples de la vie, comme manger ou aller aux toilettes. Aujourd’hui, je n’ai pas d’avenir ! » En un an, il estime qu’il pourrait atteindre un degré d’autonomie qui lui permettrait de rentrer chez lui, une fois les aménagements de son domicile terminés.

Dialogue rompu

Un comité de soutien s’est organisé autour de Martial Jaouen, avec en première ligne, Charles Crozon, un ami de longue date. Face au blocage entre l’hôpital et le patient, une médiation a été mise en place, mais la date de sortie a été maintenue, ce que Martial Jaouen déplore. Il a donc refusé d’assister aux réunions censées l’organiser.

Le centre de rééducation a procédé comme avec chaque patient. « L’objectif du projet de soin, c’est envisager un projet de vie après la rééducation, explique David Cogen. Jamais une sortie n’a pu être décidée sans décision médicale. »

Le comité de soutien déplore lui que l’équipe médicale n’a pas suffisamment pris part à la médiation mise en place dans l’espoir de régler le conflit. « Tout ce que nous voulons aujourd’hui, c’est que Martial atteigne l’autonomie, et on sait qu’il en est capable, assure Charles Crozon. Pour ce faire, il faut que les médecins viennent autour de la table pour discuter. »

Les deux parties semblent vouloir rétablir le dialogue. D’une part le centre de Perharidy, qui fait face à une situation inédite, d’autre part Martial Jaouen, qui fera tout pour retrouver son autonomie.

Une action est prévue par le comité de soutien samedi 10 octobre devant les portes du centre de rééducation.

Source FRANCE BLEU.

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