« Faire valoir ses droits », le message du livre de l’avocat des victimes du Mediator et de la Dépakine…

Jean-Christophe Coubris est un avocat spécialisé dans la défense des victimes d’erreurs médicales et son cabinet défend plus de 2.500 victimes du Mediator.

Il sort chez Flammarion son livre « Au nom de toutes les victimes ».

« Faire valoir ses droits », le message du livre de l’avocat des victimes du Mediator et de la Dépakine

 

  • L’avocat bordelais Jean-Christophe Coubris sort un livre, « Au nom de toutes victimes », chez Flammarion.
  • Il y raconte les cas emblématiques de sa carrière marquée par les affaires du Mediator, de la Dépakine, des prothèses PIP, des pilules troisième génération, par exemple.
  • Il espère inciter les victimes d’erreurs médicales à ne pas penser que le combat est perdu d’avance contre les laboratoires et à faire valoir leurs droits.

Présenté par son éditeur comme « l’avocat qui fait trembler les hôpitaux, les lobbies et les labos », Jean Christophe Coubris, a sorti ce mercredi un livre intitulé Au nom de toutes les victimes chez Flammarion. Depuis 25 ans, ce conseil bordelais s’est spécialisé dans la défense des victimes d’erreurs médicales, intervenant dans les affaires retentissantes du Mediator, de la Dépakine, des prothèses PIP, des pilules contraceptives troisième génération par exemple. Aujourd’hui à la tête d’un cabinet regroupant une quinzaine d’avocats spécialisés, il veut inciter les victimes à faire valoir leurs droits.

Quel est le message que vous avez voulu transmettre en écrivant ce livre ?

J’ai voulu briser le pessimisme et le sentiment d’injustice que certaines victimes peuvent ressentir, en partant de l’idée qu’elles ne pourront pas avoir de moyens efficaces de défense sans dépenser des sommes astronomiques. J’ai voulu faire comprendre à travers le combat de mes clients qu’il y a la possibilité de faire valoir ses droits et d’obtenir des résultats efficaces, même si on s’attaque à des structures aussi puissantes que les laboratoires.

Ce sont néanmoins des combats semés d’embûches. A l’aune de votre expérience, quels sont les obstacles les plus difficiles à franchir ?

Ce que je crains le plus, ce sont les experts qui pourraient être mal influencés mais heureusement c’est une situation qui disparaît. Nous avons de plus en plus d’experts de qualité en France. C’est en partie grâce au scandale du Mediator car on a accepté l’idée que les laboratoires pouvaient sciemment commettre des infractions graves, lourdes. Je crois le corps médical de bonne foi quand il pensait que les laboratoires agissaient toujours de façon à respecter la santé des gens. Le laboratoire Servier a prouvé le contraire.

Quels sont les cas les plus marquants de votre carrière ?

Je fais état dans mon livre d’un de mes tout premiers combats (en 1998), une petite fille qui suite à une opération des amygdales est décédée le lendemain de son intervention, avec une chute de potassium non diagnostiquée. Elle s’est étouffée dans ses propres glaires dans les bras de sa mère, qui avait appelé je ne sais combien de fois sans qu’on vienne à son secours. Ce drame a permis de faire reconnaître la responsabilité d’un des praticiens et aussi de faire fermer la clinique, située près de Bordeaux. Pour moi, cela avait été un choc de savoir qu’il pouvait se passer d’aussi graves dysfonctionnements au sein d’une clinique privée et qui avaient pour conséquences le décès d’une petite fille.

Marion Larat fait aussi partie des exemples les plus criants. Lorsqu’elle prend conscience du fait qu’elle a été probablement victime d’un AVC suite à la prise de sa pilule, j’étais à des milliers de lieux de penser que la pilule pouvait provoquer des thromboses et des AVC. Et c’est vrai que c’était une situation totalement nouvelle, je n’avais pas intégré, comme beaucoup d’autres, le fait que ce moyen de contraception, la pilule, est un médicament avec des effets indésirables. J’ai des difficultés à avancer sur le plan pénal mais sur le plan civil on a obtenu gain de cause. 

A quel moment avez-vous décidé de vous spécialiser ?

Mon premier enfant était un grand prématuré, pour lequel le suivi de grossesse pourrait être remis en question. La situation de ma fille a été pour ainsi dire ignorée pendant les 15 premiers mois, on a plutôt culpabilisé les parents de l’éducation qu’ils donnaient, en la surprotégeant, ce qui expliquait pourquoi elle ne marchait pas et pourquoi elle avait des difficultés de motricité. En fait, elle avait une hémiplégie du côté droit. Je suis rentrée assez brutalement en tant que jeune papa dans le monde du handicap. Parallèlement, à la même époque, le docteur Courtois, président de l’Association d’Aide aux Victimes d’Accidents Corporels (A.A.V.A.C) recherchait des avocats et j’ai décidé d’embrasser cette cause.

Comment entretenez-vous vos connaissances sur le plan scientifique pour gérer ces dossiers complexes ?

J’ai la chance, au bout de plus de 25 ans, d’avoir rencontré des médecins et professeurs exceptionnels qui ont spontanément apprécié notre façon de travailler et les causes que nous défendions. Ils m’ont traduit dans bien des cas des situations que j’avais du mal à comprendre. On n’est pas dans ce clivage entre avocat et médecin mais sur un échange, avec la volonté de permettre aux victimes d’accéder à leurs droits.

Je ne suis pas anti médecins, antilabos, antivaccin, ni antipilule, loin de là, je trouve que c’est plus intelligent de s’asseoir autour d’une table et de discuter des difficultés pour qu’elles ne se reproduisent plus. C’est dans ce sens-là que je souhaite mener la politique du cabinet, avec la prétention de croire qu’on peut aussi améliorer le système de santé, quand il est défaillant ou pire.

Source 20 MINUTES.

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