Son enfant est handicapé après un accouchement sous Cytotec…

CYTOTEC – Timéo est né handicapé il y a sept ans à cause de la dose de cet antiulcéreux donné à sa maman pour déclencher l’accouchement. Le médicament va être retiré du marché par le laboratoire Pfizer.

Chez son kiné vendredi, Timéo a tenu assis trois minutes et vingt-trois secondes. « C’est son record, j’étais tellement fière », confie Aurélie Joux, sa maman, âgée de 35 ans. Il y a presque sept ans, le petit garçon qui communique grâce à ses grands yeux verts est né handicapé. La faute à la dose de Cytotec, un médicament antiulcéreux qui a été donné à Aurélie pour déclencher l’accouchement dont elle avait dépassé le terme.

Ce jeudi matin, elle témoignera aux états généraux de l’association de patients le Lien, qui seront consacrés, nous l’annonçons, aux dangers de la fréquente utilisation détournée du médicament.
En décembre 2016, le tribunal administratif de Versailles a condamné l’hôpital de Poissy-Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), actant que ses fautes avaient conduit à la rupture utérine d’Aurélie et de manière « certaine et directe à la paralysie cérébrale de l’enfant », dont le déficit est estimé à 80 %. L’hôpital a fait appel de la décision, mais « le jugement a mis des mots sur ce que nous pressentions après avoir consulté mon dossier médical et fait des recherches sur le Cytotec. Il n’est pas la fin de mon combat. Je suis connue pour être tenace », prévient l’habitante de Houilles (Yvelines).

 «J’ai tout de suite su que ce n’était pas normal»

Quand Aurélie entre ce jour-là à l’hôpital pour donner naissance à son troisième enfant, un comprimé de 50 microgrammes de Cytotec lui est administré par voie vaginale. Les violentes contractions sont immédiates. « Je connais mon corps, je suis une dure au mal. J’ai tout de suite su que ce n’était pas normal. Je ne m’arrêtais plus de hurler, de supplier. » La suite est un supplice. Sous l’effet du médicament, son utérus s’est déchiré « d’un bout à l’autre ». Elle est opérée sans avoir pu serrer Timéo dans ses bras et sans même savoir si c’est un garçon ou une fille, tant son petit corps est recroquevillé sur lui-même.
L’enfant, lui, est transféré dans un hôpital parisien. Une semaine plus tard, le garçonnet est sauvé mais il sera handicapé. En donnant « en dehors de tout essai randomisé, sans l’en informer et à une dose trop importante » du Cytotec, l’hôpital a commis une erreur, a tranché le tribunal.

« J’ai passé des mois à essayer de comprendre, à me sentir coupable. Personne ne m’écoutait. Il faut que cela cesse, car je suis loin d’être la seule », note celle qui a fondé l’association Timéo et les autres. Aujourd’hui, entouré de ses parents, frère et sœur, Timéo fait des progrès. Dans sa chambre remplie d’avions, il se rêve pilote. Il y a peu, il a réussi à écrire ses premiers mots : « maman je t’aime ».

Source LE PARISIEN.

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