Enfance et handicap : Vannes accueille la plus grande aire de jeux inclusive de France…

Balançoire-plateau, trampoline au ras du sol, panneaux en braille, sol spécial…

L’aire de jeux du quartier vannetais de Tohannic n’est pas comme les autres : elle est adaptée aux enfants en situation de handicap.

Inauguré en hiver, ce vaste espace commence à trouver son public.

Sur l’aire de jeux de Vannes, les deux filles de Laure Le Meitour, Madenn et Lucie, en fauteuil, peuvent profiter ensemble du trampoline.

« Cette balançoire est réservée aux handicapés ! Vous ne pouvez pas y aller ! » crie une mère, allongée sur l’herbe à l’ombre d’un arbre. Pour preuve, le pictogramme vissé dessus, qui n’empêche pas une grappe d’enfants valides de se ruer sur la vaste plate-forme protégée par une rambarde. C’est à qui tirera sur la corde pour déclencher le balancement. On les comprend d’autant mieux qu’en ce mercredi ensoleillé d’août les fauteuils roulants ne se bousculent pas sur la balançoire-plateau de l’aire de jeux « inclusive », qui a ouvert à Vannes en décembre 2019 – 750 mètres carrés accessibles de 2 à 14 ans. À côté, toboggans et tourniquets font pâle figure. « C’est le jeu le plus amusant », affirme un parent. « C’est l’attraction de l’inconnu », suggère un autre. Et l’objet de micro-tensions… Yolanda fait la moue : « Certaines familles de handicapés se permettent de dire à nos enfants qu’ils n’ont pas le droit de monter sur ce jeu. Je comprends qu’ils ne soient pas prioritaires, mais je ne vois pas pourquoi ça serait réservé », grince-t-elle. « Il faut que les règles soient respectées… », rétorque une autre.

Mais là n’est pas l’essentiel : « Ici, les handicapés aussi peuvent s’amuser et rencontrer des enfants de leur âge », déclare la petite Lisae. « On oublie un peu les différences ! » ajoute Josiane, sa mamie. Laure le Meitour, psychomotricienne, confirme : « Ma fille, qui est polyhandicapée, adore le trampoline installé au ras du sol. D’autres enfants viennent la faire sauter. Ils la font rigoler. C’est du bonheur ! » C’est elle qui a sensibilisé la municipalité à ce projet. Lors d’une réunion de la commission accessibilité de la Ville, cette femme, qui est aussi présidente du Tiroir ouvert, une association d’entraide autour du polyhandicap dans le Morbihan, tend à l’assemblée des photos prises en Espagne d’aires de jeux adaptées. L’élue en charge du handicap et de l’accessibilité Chrystel Delattre, elle-même en fauteuil, est acquise à la cause. Quant au maire, il a suivi sans difficulté. « Toutes les étoiles étaient alignées », sourit Laure Le Meitour.

“Il faudrait que tout le monde ait de quoi se défouler en bas de chez soi.” Laure le Meitour, psychomotricienne.

Fabriquée par la société Proludic, cette aire inclusive – la plus grande de France dans l’espace public – aura coûté 500 000 euros. À la place de l’ancien square tristounet avec son tapis de gravier, on trouve désormais une balançoire-plateau, un « tape-cul » géant, un trampoline adapté, un large toboggan pour glisser accompagné, un parcours sensoriel, des tubes musicaux, un panneau en braille… Le tout posé sur un revêtement coloré, certes moins écolo que les copeaux de bois, mais plus adapté à une circulation en fauteuil.

Près de l’étang de Tohannic, à Vannes, des jeux variés pour enfants valides et handicapés de 2 à 14 ans se déploient sur 750 mètres carrés.

Si l’on compte encore peu d’habitués parmi les usagers handicapés, c’est sans doute que le lieu, inauguré en hiver, a tardé à trouver son public à cause du confinement. En semaine, on commence cependant à voir arriver des groupes d’infirmes psychomoteurs accueillis en institut médico-éducatif. Et, le week-end, des familles font le déplacement pour tester les jeux flambant neufs. Certains sont même venus passer leurs vacances à Vannes exprès pour profiter de cet espace rare, implanté en bordure d’étang dans le quartier de Tohannic, un poumon vert de la ville. C’est dire le manque criant d’équipements de ce type sur le territoire. « L’intérêt d’une aire de jeux, c’est qu’elle soit à proximité. Il faudrait que tout le monde ait de quoi se défouler en bas de chez soi », estime Laure Le Meitour. L’occasion de rappeler que le jeu est nécessaire au développement de l’enfant. Quel qu’il soit.

Pour que tout soit parfait, il ne manque ici que des WC – voire une « handiroom », qui permet d’allonger les enfants pour les changer. Faute de quoi « on a tendance à se limiter dans nos déplacements. Sinon, on trimballe des toilettes amovibles dans le coffre de la voiture, mais pour l’intimité on a vu mieux… » Le diable se cache parfois dans un détail trivial.

Source TELERAMA.

 

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