Drame de l’Ehpad du Lherm : « Depuis la mort de mamie, je suis brisée »…

Alexandra Bernard, la petite-fille de Geneviève, décédée dans la nuit du 31 mars au 1er avril à l’Ehpad la Chêneraie au Lherm, vit très mal la tragédie. Elle veut des réponses.

Drame de l'Ehpad du Lherm : « Depuis la mort de mamie, je suis brisée ».

Près de 15 jours après le drame survenu à l’Ehpad du Lherm où cinq résidents ont perdu la vie des suites d’une présumée intoxication alimentaire, les familles de victimes sont toujours dans l’attente. Alexandra Bernard, la petite fille de Genevieve, 95 ans, veut faire la lumière sur cette affaire.

La veille de la disparition de sa mamie, cette habitante de Muret, en Haute-Garonne, située à une dizaine de kilomètres du Chaîneraie, lui a rendu visite. « Je venais la voir deux à trois fois par semaine. Un jour avant son décès, j’étais là pour lui donner à manger. Je ne comprends pas comment on a pu nous la prendre comme ça. Elle était en forme, n’avait aucune maladie, aucun problème majeur. J’ai été choqué lorsque les gendarmes me l’ont appris au réveil », témoigne cette mère de famille. Alexandra est tout simplement « brisée », selon ses mots et n’arrive même plus à manger correctement depuis les faits.

« J’ai été élevée par ma grand-mère, à la suite de la mort de ma maman. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas faire le deuil, puisqu’il nous est interdit d’inhumer son corps le temps des analyses », explique-t-elle, les larmes aux yeux. Reçue avec les autres familles de victimes par Dominique Alzeari, le procureur de Toulouse, le 3 avril, cette quadragénaire a confiance aux enquêteurs. « Je sens que le procureur est motivé, qu’il ne lâchera rien. Les gendarmes de Muret, qui ont recueilli les 14 plaintes ont également été très bienveillants envers nous. Mais maintenant, nous espérons avoir du nouveau », prévient-elle. En attendant, les scellés mis dans les chambres ont tous été enlevés. Certaines familles ont déjà récupéré les affaires pour permettre à d’autres résidents de s’y installer. « On a été surpris par le timing mais c’est normal qu’on libère les lieux. Nous avons hâte que ça finisse. Désormais j’hésite à lancer une association pour protéger les retraités des Ehpad », confie Alexandra.

« 11 soignants présents ? Impossible »

Lors d’un entretien accordé à la Dépêche du Midi le 8 avril, Charles-Antoine Pinel, le directeur général France Seniors du groupe Korian, propriétaire de l’établissement, expliquait que onze soignants étaient présents la nuit du 31 au 1er avril. Une affirmation surprenante d’après Alexandra, qui fréquente les lieux depuis trois ans. « Je n’ai jamais vu autant de personnels le soir. Surtout le week-end. J’ai tendance à dire que les équipes sont réduites. Dans ce genre d’établissement, on entend souvent parler de burn-out », analyse-t-elle en posant la question du surmenage : « Le cuisinier du week-end est seul pour faire manger les 80 résidents et les membres de leurs familles qui leur rendent visite. A-t-il été surmené ? Par ailleurs, sur le menu annoncé la veille du décès de ma grand-mère, il n’y avait aucune trace de la tourte au foie gras. D’où vient ce produit ? », se demande la petite fille de Genevieve.

« Nous allons faire appel à un avocat afin de connaître toute la vérité », poursuit-elle. La semaine dernière, le parquet nous a confirmé l’ouverture d’une information judiciaire. Cette dernière devrait être annoncée prochainement et permettra à la section de recherche de la gendarmerie de Toulouse, chargée de l’enquête, de répondre à toutes ces interrogations.

Source LA DEPÊCHE

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