« La difficulté est que les jeunes aidants ne se considèrent pas comme aidants »…

À l’occasion de la Journée nationale des aidants, vendredi 6 octobre, une enquête met en lumière la réalité de ces jeunes qui soutiennent un parent malade ou handicapé. Explications avec Isabelle Brocard, cofondatrice de l’association Jeunes Aidants Ensemble (Jade).

Selon l’Association française des aidants, il y aurait 300 000 enfants et adolescents aidants en France.

Qui sont les jeunes aidants en France ?

Isabelle Brocard : La maladie et le handicap peuvent toucher tout le monde. Les jeunes aidants, âgés de moins de 25 ans, viennent donc de tous les milieux sociaux. Ils apportent une aide, de manière régulière et fréquente, à un membre de leur entourage, malade, handicapé ou dépendant. Selon l’Association française des aidants, il y aurait 300 000 enfants et adolescents aidants en France (1).

L’Association Jade, Jeunes aidants ensemble (2) les accueille à partir de 8 ans, parfois même plus jeunes, en raison du nombre croissant de foyers monoparentaux. Les plus petits sont en général sollicités pour apporter à leur parent immobilisé des objets, répondre au téléphone. Vers 11 ans, on leur demande de contribuer aux tâches ménagères (préparer le repas, laver la vaisselle, faire les courses), prendre en charge les autres frères et sœurs. Les jeunes aidants sont aussi amenés à prodiguer des soins comme donner des médicaments, apporter l’oxygène, faire la toilette, habiller… Et, tous, quel que soit leur âge, sont conduits, un jour ou l’autre, à remonter le moral du parent dont ils s’occupent.

Quelles sont les répercussions sur le propre développement du jeune ?

I. B. : Il y a des conséquences positives comme une plus grande responsabilisation, lorsque le jeune aidant est reconnu par l’entourage. Il se sent alors valorisé et en tire une forme de sur-maturité. Parmi les conséquences négatives, les problèmes physiques. Nous avons accueilli pendant trois ans à l’association Jade un garçon de 11-12 ans qui avait des douleurs de dos. Il portait tous les soirs dans son lit son père handicapé qui ne voulait pas prendre d’auxiliaire de vie. Des répercussions scolaires aussi. Les situations de ces enfants ne sont pas toujours connues ni prises en compte par l’école. Par peur d’être moqués aussi, ces élèves ne s’expriment pas en tant qu’aidants. Ils peuvent être angoissés, avoir du mal à se concentrer, à bien dormir, et sont parfois contraints à l’absentéisme. Les cas de décrochage scolaire sont alors fréquents.

Comment mieux les accompagner ?

I. B. : La difficulté est que les jeunes aidants ne se considèrent pas comme aidants. Ils ne demandent pas d’aides spécifiques. À leurs yeux, ce qu’ils accomplissent est normal, car ils aiment leurs parents. Ces enfants, ces adolescents ont avant tout besoin de reconnaissance. La reconnaissance de leurs parents bien sûr, mais surtout celle de la société, qui doit les valoriser. Pour cela, ils ont besoin d’un espace de parole, d’un espace d’expression comme les ateliers cinéma proposés par l’association Jade.

Plus d’information, cliquez ici.

Source LA CROIX.

Pour marque-pages : Permaliens.