Deux professionnels de santé du Cher s’attaquent à la sur-médication chez les personnes âgées…

C’est une première en France : un gériatre et un pharmacien de l’hôpital de Sancerre, ont créé un outil informatique pour mieux cerner les effets négatifs de certains cocktails médicamenteux sur les personnes âgées.

L’idée est d’aboutir à une réduction des ordonnances.

Philippe Benkemoun, pharmacien à l'hôpital de Sancerre (Cher)

 

On a tous vu des retraités prendre des quantités importantes de cachets chaque jour. Ces mélanges, on le sait, ne sont pas forcément très bons pour l’organisme : ils peuvent provoquer des chutes, ou être à l’origine de démence, de troubles cognitifs et de dénutrition.

Yatro, c’est le nom de cet outil informatique, permet de repérer les traitements à risque en fonction du profil du patient. Bref, on mesure mieux la balance bénéfices/risques et on peut alors recommander de réduire ou suspendre certaines prescriptions. Yatro est en train d’être appliqué auprès de 717 résidents de maisons de retraite du Cher, rattachés au Groupement Hospitalier de Territoire. Tout d’abord, il faut saisir le dossier médical du patient mais ce n’est que le début du travail pour Philippe Benkemoun, pharmacien hospitalier à Sancerre :  » Ensuite, il y a une autre saisie dans une autre base.

En fonction du profil clinique du patient, de sa biologie, elle va m’indiquer toutes les interactions médicamenteuses, ces fameuses interactions pharmaco-cinétiques. Elles peuvent monter jusqu’à 600 comme on la vu pour l’un de nos résidents qui avait une ordonnance avec 26 médicaments. Heureusement, on ne voit pas cela tous les jours. On a eu aussi le cas d’une personne soignée pour Parkinson alors que ses troubles ne relevaient pas de cette maladie mais simplement de la prise d’un médicament qu’on a pu supprimer. »

Yatro met en évidence un avis pharmacologique et un avis médical pour éclairer le médecin traitant.

 

Yatro permet au pharmacien d’émettre un avis pharmacologique, avis complété par le docteur Bréard qui est gériatre. Cela permet d’éclairer le médecin traitant du résident. car c’est le médecin du patient qui reste maître de la prescription. Dans le collimateur notamment, certains anxiolytiques : les benzodiazépines :  » Ces médicaments font tomber. Ils augmentent le risque de troubles cognitifs comme une démence d’Alzheimer ;  ils augmentent le risque de confusion aiguë «  décrit le docteur Bréard.  » Ils sont tout à fait toxiques. On veut absolument les éviter ou les limiter et on veut informer là-dessus.

Le problème, c’est que certains patients en ingèrent depuis très longtemps comme traitement et que c’est très difficile de lui proposer de les arrêter car il se crée une dépendance. Yatro pourra donner un argument supplémentaire au médecin qui pourra l’utiliser pour convaincre son patient de stopper. Vous savez quand on constate des ordonnances qui provoquent jusqu’à 600 interactions médicamenteuses, il est clair que personne ne peut plus comprendre ce qu’il se passe dans l’organisme et qu’il vaut mieux éviter cela en réduisant les prescriptions. Enfin, c’est ce que je ferai si c’était pour moi ! «  .

D’ici le printemps prochain, les profils de plus de 700 résidents d’Ehpad auront été analysés. La deuxième phase du travail pourra alors démarrer pour voir si Yatro aura permis de réduire les prescriptions médicamenteuses, objectif ultime de la démarche.

Source FRANCE BLEU.

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