Des escrocs misent sur la chambre d’Ehpad et les parkings avec prise de courant…

Les arnaques aux investissements bidons se multiplient avec deux placements prisés : la chambre d’Ehpad ou le parking pour voiture électrique.

Une association de Nancy empile les dossiers avec plus de 45 millions d’euros de préjudice.

Des interlocuteurs au téléphone, aimables et très compétents dans le domaine de la finance.

 

Les escrocs sont à l’étranger, mais au téléphone, ils passent pour des banquiers parisiens. Des quadragénaires qui promettent plus de 6% de rendement pour un placement de courte durée avec des sites web professionnels qui proposent des investissements dans des maisons de retraite ou des parkings, mais aussi du vin, de l’énergie renouvelable ou des placements dans des actions Tesla.

L’association de Défense des consommateurs (ADC France) basée à Nancy a accumulé plus de 2300 dossiers avec un préjudice total de 45 millions d’euros rien qu’en 2021. Et cela continue en 2022 à un rythme soutenu pour ces arnaques à l’investissement en ligne avec une technique d’approche téléphonique bien rodée.

Produit trop rentable ?

Si certains investissements démarrent à 500 euros – pour appâter le client – la moyenne est plutôt de 50 000 euros si vous placez votre argent dans une chambre d’Ehpad – qui n’existe pas – ou 70 000 euros dans des parkings avec une prise électrique.

Selon les descriptions des victimes que nous avons pu joindre, les escrocs sont très aimables et compétents pour parler finance et prennent le temps de vous laisser réfléchir en vous rappelant ou en transférant votre projet d’investissement à un autre interlocuteur « tout aussi rassurant et charmant », n’hésitant pas à citer le nom d’une banque qui a pignon sur rue pour rassurer la victime.

« Enormément de dégâts avec des parkings »

Pour cette victime – qui souhaite rester anonyme – qui a investi une partie de ses économies en faisant confiance à deux quinquagénaires très rassurants au téléphone, c’est la douche froide après l’euphorie : « Vous vous dites, c’est un super produit, c’est vachement rentable, on y va. Et après, plus rien ! ».

Guy Grandgirard s’inquiète du nombre de victimes qui ne cesse d’augmenter : «  On y met de l’humain, de la technique et c’est des supermarchés de l’arnaque. Vous avez un rayon Ehpad, ils ont fait énormément de dégâts avec des parkings avec une borne électrique : ça valorise beaucoup le parking, donc on peut promettre des rendements très intéressants ». Sauf que le parking n’existe pas.

« Un discours de sympathie et de promesses »

« Ils proposent des produits d’épargne avec des taux très élevés, sécurisés et avec la possibilité de les récupérer rapidement et sans difficulté. Les interlocuteurs sont attentionnés, compétents, voire très compétents et on a une relation de qualité. On y met des produits de qualité parce qu’on a volé le nom, l’adresse, le Siret, et toutes les références : tout a été volé. Et quand on est consommateur prudent, on vérifie tout avant et tout est juste sur internet. » s’inquiète le président de l’association de consommateur qui a accumulé 750 dossiers en 2021 pour 45 millions de préjudice. A quelque détails prêt comme un site créé 8 jours avant le début de l’arnaque…

A chaque fois, l’investissement de courte durée paraît très intéressant et quand les escrocs basés dans un pays de l’Est, au Moyen-Orient ou en Afrique ont disparu, l’arnaque peut même se poursuivre : « Ces personnes ont récupéré des pièces d’identité, des justificatifs de domicile et peuvent ouvrir des comptes bancaires à l’insu de la personne. Donc, si on est victime de ça, il faut déposer plainte, signaler qu’on a communiqué des documents personnels à des escrocs. Nous avons des actions collectives en cours au niveau du tribunal judiciaire de Paris sur des arnaques très importantes. » précise ADC France.

Pour cet investisseur breton, l’arnaque est bien rôdée car l’interlocuteur rassure la victime : « Il vous embarque dans un discours de sympathie et de promesses. Une approche avec une somme de 500 euros au début et on vous rappelle au bout d’une semaine. On vous donne un lien internet pour aller sur vos comptes. Il reste au téléphone avec vous la première fois pour vous expliquer. » détaille la victime qui souhaite rester anonyme.

Des supermarchés de l'arnaque selon l'association de Nancy.

« Vous êtes sur un site internet de banque standard où vous voyez même toutes les évolutions de la bourse. Il y a un minimum de placement, bien sûr, pour pouvoir accéder à l’action exceptionnelle et pour moi, c’était 50.000 euros. Il vous rappelle pour vous dire que de 50 000 euros, en 15 jours, vous êtes à 60 000 ! ». Une victime qui n’a jamais récupéré son argent et qui a porté plainte à la gendarmerie et se fait accompagner par un avocat et l’association de Nancy pour engager des poursuites judiciaires.

Des faux placements qui utilisent les réseaux sociaux – notamment Facebook – pour se faire connaître et qui promettent toujours un profit maximum sur du court terme selon l’association nancéienne qui détaille ses actions sur son site internet.

Source FRANCE BLEU.

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