Des collégiens autistes scolarisés dans une unité sur mesure à Aulnay-sous-Bois, une première en France…

A Aulnay en Seine-Saint-Denis, la première unité d’enseignement externalisée pour collégiens autistes a fait sa rentrée avec succès.

Ce dispositif sur mesure, centré entre autres sur la socialisation et l’autonomie, doit permettre aux enfants de bénéficier de l’inclusion scolaire.

La toute première unité d'enseignement externalisée (UEE) pour collégiens autistes se trouve à Aulnay-sous-Bois (illustration). / © JOËL SAGET / AFP

Mounib, Adam, Rafi, Boubacar, Sanjay et Alioune : tous ont fait leur rentrée cette année dans une unité d’enseignement externalisée (UEE), au collège du Parc à Aulnay-sous-Bois en Seine-Saint-Denis. Une première en France, qui concerne les matières principales, comme le français, les maths, ou encore l’anglais.

Pour ce qui est des cours de sport et d’arts plastiques, mais aussi en récréation ou à la cantine, les collégiens autistes rejoignent une classe de 6e « classique ». « On s’amuse bien avec eux. Ils sont pas comme nous, mais je les comprends », explique Léonore, une adolescente avec qui Sanjay et Mounib ont cours d’EPS. Leur accompagnante (AESH), Gracia Martins, n’est ceci dit jamais loin.

« On a beaucoup d’a priori, on pense que ce sont des enfants soit très intelligents, soit très renfermés, résume Saïd Haddouchi, principal du collège du Parc. Or il y en a beaucoup au milieu, c’est à ceux-là qu’on s’adresse. L’objectif est la socialisation et l’autonomie. » Et d’ajouter : « Très naïvement, on ne pensait pas que c’était une première en France. On a lancé ce projet car il répondait à un besoin. Ce n’est pas difficile à mettre en place ! »

« Avant, certains ne parlaient pas, n’écrivaient pas, ils ont fait d’énormes progrès »

Du côté du gouvernement, le premier ministre Edouard Philippe a reconnu en juin dernier la « lenteur » du déploiement des unités d’enseignement externalisées qui doivent permettre aux 100 000 enfants autistes en France de bénéficier de l’inclusion scolaire. A ce jour, il existe 137 UEE en maternelle, 26 en élémentaire et, donc, une seule en collège pour l’instant.

Au collège du Parc, le succès de l’unité d’enseignement repose en très grande partie sur les épaules de Caroline Bergé, enseignante spécialisée en charge de ces six élèves de sixième âgés de 11 à 12 ans. En classe, elle est épaulée par l’accompagnante et une éducatrice.

Tout est extrêmement ritualisé comme l’explique Caroline Bergé, qui sollicite en permanence ses élèves pour maintenir le contact, parfois difficile à instaurer : « Il faut toujours leur expliquer ce qu’on fait, ce qu’on va faire ». Cette ex-prof d’histoire géo très investie a convaincu plusieurs enseignants de prendre ses élèves dans leurs cours : « Avant, certains ne parlaient pas, n’écrivaient pas, ils ont fait d’énormes progrès. On n’en fera pas des polytechniciens, mais quatre ou cinq pourraient accéder à un CAP, avoir un métier. J’aimerais qu’ils sachent prendre le métro, faire des courses sans se faire arnaquer, se faire à manger. »

« C’est un miracle »

En sport, le professeur d’EPS Nicolas Roelandt a décidé de traiter les pré-ados autistes « comme les autres » et de ne pas « se fixer de barrière » : « Au final, ce n’est pas compliqué, et tout le monde sort de cours très heureux. Il faut juste avoir envie. »

Si cette unité d’enseignement est « une pépite d’or » d’après Caroline Bergé, cette dernière relativise : « Une pépite c’est tout petit. Il y a trop peu d’autistes pris en charge, trop d’enfants déscolarisés, trop de mères seules à la maison avec leur enfant. » L’équipe enseignante espère en tout cas faire des émules ailleurs sur le territoire. « Beaucoup d’enfants atteints de troubles du spectre autistique ont la capacité d’être en collège. Ils sont sociables, sont en demande, aiment ça, détaille Virginie Royer, éducatrice qui suit ces élèves à l’école et en hôpital de jour. Ça a d’autant plus de sens que ce sont des enfants qui peuvent se révéler avec l’adolescence : on en voit beaucoup sortir de l’autisme vers 15 ans. »

Du côté des parents, Sihame Khenenou, la mère de Mounib – venue spécialement d’Algérie en 2016 – se réjouit de la qualité de la prise en charge de son fils : « Là-bas on n’acceptait pas son handicap, alors qu’il est très intelligent, qu’il dessine très bien. Il a d’ailleurs appris le français très vite. »  D’après elle, Mounib « a changé à 100% » depuis qu’il va à l’école : « Avant c’était les crises, les pleurs, les bêtises. Maintenant il est calme, il dit qu’il a grandi, qu’il se sent capable. C’est un miracle. »

Source FR3.

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