Dépister le cancer colorectal dès 45 ans pourrait réduire la mortalité…

Selon une étude récente, avancer l’âge du dépistage du cancer colorectal à 45 ans au lieu de 50 ans permettrait de repérer et de soigner plus tôt les tumeurs.

Dépister le cancer colorectal dès 45 ans pourrait réduire la mortalité

Faut-il avancer l’âge du dépistage organisé du cancer colorectal, actuellement recommandé pour les personnes de 50 à 74 ans en France? C’est l’idée défendue par le Dr David Karsenti, gastro-entérologue à la Clinique de Bercy, en région parisienne. Avec ses confrères, il a réalisé une étude auprès des 6000 patients pris en charge pour coloscopie dans l’unité d’endoscopie de cette clinique. Les résultats, présentés le 30 octobre lors d’un congrès Européen de gastro-entérologie, montrent que les taux de tumeurs bénignes et de cancers explosent dès 45 ans. Selon les auteurs, il serait donc possible de diminuer la mortalité par cancer colorectal en dépistant dès cet âge.

«Dans notre pratique, nous détectons régulièrement des polypes ou des cancers chez des personnes de moins de 50 ans, commente le médecin. Les registres européens montrent également une augmentation récente des cancers du côlon chez les sujets jeunes. Nous avons donc voulu objectiver cette impression afin d’alerter sur la nécessité d’un dépistage plus précoce». Pour cela, les médecins ont analysé les résultats des coloscopies de 6000 patients ayant consulté à la clinique de Bercy entre janvier et décembre 2016. Un quart d’entre eux avait moins de 50 ans, tandis que les trois-quarts restants étaient quinquagénaires ou plus.

Les 45-49 ans particulièrement touchés

«Nous avons constaté que le taux d’adénomes augmente fortement dans la tranche d’âge 45-49 ans. Il est en effet deux fois plus important que celui de la tranche d’âge précédente, c’est-à-dire 40-44 ans», explique-t-il. Un adénome est une tumeur bénigne qui peut dégénérer en cancer en l’espace de 5 à 15 ans. Ainsi, 8 cancers colorectaux sur 10 naissent à partir d’un adénome bénin. Le dépistage des adénomes du rectum et du colon et leur ablation permettent de prévenir la survenue d’un cancer.

Autre découverte: «le taux de cancer explose de façon inquiétante chez les 45-49 ans par rapport aux classes d’âges antérieures. Alors que moins de 1% de nos patients âgés de 40 à 44 ans se sont vus diagnostiquer un cancer, c’est le cas de 4% de ceux de la tranche d’âge supérieure», poursuit le Dr Karsenti. Un taux multiplié par quatre à cinq donc. «Ces données sont valables pour tous les patients, qu’ils aient ou non un antécédent personnel ou familial d’adénome ou de cancer colorectal», souligne le Dr Karsenti.

Toutefois, de l’aveu de ses auteurs, l’étude présente une limite. «Notre analyse porte sur des patients qui, pour 38% d’entre eux, sont venus consulter parce qu’ils présentaient des troubles. Ce n’est pas une étude nationale menée auprès de personnes asymptomatiques, donc il existe un biais de sélection, explique David Karsenti. D’un autre côté, la population traitée présente un bon niveau socio-économique. Or on sait que parmi les facteurs de risque de ce cancer, on trouve, en plus de la prédisposition génétique, l’obésité, le tabagisme, l’alcool ou encore la consommation excessive de viande rouge

Actuellement le dépistage du cancer colorectal est proposé tous les deux ans aux 18 millions de Français âgés de 50 à 74 ans, Il consiste en un test à réaliser chez soi qui consiste à prélever un échantillon de selles et à l’envoyer à un laboratoire. Il a permis de réduire de 17% la mortalité par cancer colorectal depuis 2000 en France. Mais avec 17.500 décès déclarés en 2015, ce cancer reste le deuxième plus meurtrier de l’hexagone.

Source LE FIGARO.

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